R.A.S. OU SI PEU ENCORE

Affaire classée, la filière du lait standard souffre d'un déficit de compétitivité. Pas que nos producteurs maîtrisent mal leurs coûts. Ils rivalisent avec les Allemands. Si leur revenu est moindre, c'est que leur productivité par UTH pèche… contrepartie d'une politique qui a (trop) longtemps cru à la maîtrise. Mais au rythme où va la restructuration, ce retard va vite se combler.

Et si notre point faible était ailleurs. Certes, nos industriels, les privés surtout, sont champions en PGC. Mais nombre d'entre eux donnent l'impression d'être toujours au vestiaire quand d'autres courent déjà sur le terrain. Les investissements concrétisés ou en cours de nos concurrents, pour conquérir le marché asiatique des poudres de lait promis à l'Eldorado, laissent songeur : 117 et 164 M€ investis par Nestlé en Allemagne et en Suisse dans la poudre infantile, 130 M€ pour Friesland Campina aux Pays-Bas (p. 13)… Et nos coops dans tout cela, si dépendantes des poudres de lait ? R.A.S. ou si peu de concret encore.

On sait pourtant de longue date que nos tours de séchage sont « out ». Nous serions nous laissés endormir par un rapport Trédé qui, en 2004, suggérait à la laiterie France de se recentrer sur les PGC et ne disait mot du potentiel de développement pour les produits secs en Asie… zéro pointé. À moins que ce soit la faute de ces directeurs présidents trop attachés à leur siège pour jouer les partenariats. Si nos coops veulent gagner le match, il y a urgence à mettre en musique ce que la FNCL leur ressasse depuis des années. Dire que la coopération est une chance pour l'avenir des territoires n'est plus suffisant. Ce n'est pas qu'avec des mots, aussi justes soient-ils, que l'on donnera aux jeunes l'envie d'être coopérateur.