Des Chinois un peu moins acheteurs de poudres de lait, des Russes sevrés (on ne sait pas combien de temps) de fromages européens, le tout dans un contexte de production du lait dopée par des prix bien mieux orientés qu'en 2013... À la vitesse d'escargot à laquelle l'UE réagit face à ce cocktail explosif, il y a fort à parier que l'an 1 sans quotas sera houleux pour le prix du lait. Avec une difficulté de plus en France : la toute-puissance des GMS et leur stratégie suicidaire de guerre des prix.
À la veille de cet avis de tempête, les producteurs européens ne sont pas tous égaux. Certains l'abordent avec sérénité, d'autres moins. À la fin août, les livreurs de Friesland Campina avaient reçu, sur les douze derniers mois, au moins 50 €/1 000 l de plus que les « Lactalis » ou « Sodiaal » du grand Ouest (voir p. 10 à 12). Comparé aux Allemands, ce sont 17 €/1 000 l que vous n'avez pas perçus sur la même période. Soit pour 400 000 l, un matelas de trésorerie plus épais de 20 000 € pour ces Néerlandais... De quoi faire le gros dos. Surtout quand on compte en plus sur un méthaniseur.
Ce fossé me dit qu'il ne faut pas trop compter sur ces pays d'Europe du Nord pour pousser des mesures de régulation de l'offre auxquelles on repense en toute logique quand on est latin face aux crises. Ils ont déjà restructuré leur filière en la tournant de longue date vers l'export. Ils ont un avantage compétitif, fruit de leurs efforts passés. Et ils entendent bien en jouir. Quelque chose me dit aussi qu'il faudra encore attendre un peu pour que Sodiaal arrive à la ceinture de la coopérative batave. Et là, je vous parie que les OP Lactalis, une fois musclées, auront plus de facilité à discuter pour obtenir un juste prix du lait.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les anomalies génétiques qui impactent le troupeau laitier français
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
L'Union européenne veut renforcer le soutien aux jeunes agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe