1 000 VACHES, ET ALORS ?

Je n'ai jamais « bavé » devant les usines à vaches californiennes ni celles d'Europe du Nord. Pas à cause du zéro pâturage, même si je préfère voir une vache brouter (c'est bon pour le portefeuille et contre les dermatites). Je doute de la réussite économique d'un tel système fondé sur du salariat. J'ai du mal à digérer ce principe qui consiste, après avoir « essoré » des Polonais, à recourir à des Ukrainiens. Je m'interroge sur l'impact de ce modèle auprès des consommateurs... Mais surtout, il y a beaucoup mieux à faire chez nous pour l'occupation du territoire avec des exploitations à taille humaine.

Pour autant, cessons de rêver. L'après-quotas, tel que voulu par l'UE, signe le début d'une guerre économique entre bassins laitiers européens dont on a vu les prémices en 2009. Certes, quelques-uns auront la chance, et tant mieux, de pouvoir continuer de vivre avec 40 vaches par UTH (filières à valeur ajoutée ou circuits courts). Mais pour la majorité, il faudra le double, sinon plus, pour résister à la concurrence si leur laiterie vend de la brique de lait UHT ou du fromage à pizza... Et combien si leur lait finit sur le même marché que celui d'Allemands déjà à la tête de 500 vaches ou plus ?

Et si le projet hors normes des 1 000 vaches avait aussi une cohérence territoriale dans le cas très particulier de la Somme ? La filière lait y voit fondre ses producteurs à vue d'oeil, attirés par les grandes cultures. Pas sûr que ceux qui restent aient la capacité de produire le lait qui disparaît. Et pourquoi la production française ne pourrait-elle pas être diverse et se respecter ? À l'instar de l'Allemagne où coexistent en harmonie des fermes familiales et industrielles qui vont de l'avant... pendant qu'on se divise.