Il n'est pas surprenant de voir de plus en plus de citoyens se détourner du projet européen pour se perdre dans le vote nationaliste. Pour adhérer à un projet, encore faut-il en comprendre le sens et en sentir les bénéfices. Je pensais naïvement que l'UE était là, dans le secteur laitier, pour « protéger » ses producteurs et leur donner une autre perspective que s'entre-tuer. C'est bien ce à quoi incite la mécanique infernale qui s'est mise en route avec la fin des quotas sans aucun garde-fou contre la volatilité. Et je ne parle même plus du dispositif d'anticipation des crises qui aurait dû s'imposer, mais juste de la façon de les gérer.
OK, la lourdeur inhérente à la gestion des quotas a vécu. OK, la production doit se caler sur un vrai marché. Mais entre la rente de situation du marché fictif d'hier, dopé par des restitutions et un stockage financés par le contribuable, et le tout marché, il y a un juste milieu à trouver. Sauf à retrouver, comme aujourd'hui, des producteurs au bord du gouffre et du désespoir... en première ligne ceux venant d'investir, les forces vives de demain. Incompréhensible.
La façon dont l'UE n'a pas géré l'impact plus que prévisible de l'embargo russe sur l'équilibre du marché n'est pas juste un scandale. Elle signe l'incompétence de ces fonctionnaires qui pensaient que la baisse du prix du lait réglerait le problème en deux coups de cuillère à pot. À moins qu'ils ne l'aient fait sciemment, jugeant le nombre de producteurs encore trop élevé. Car imaginer une minute que la baisse du prix allait freiner les velléités de production des Néerlandais, c'était faire fi de leur capacité de résistance évidente après trois ans avec un prix du lait (42/33) moyen à 400 E/1 000 l, sans parler de l'effet volume (lire p. 12).
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les anomalies génétiques qui impactent le troupeau laitier français
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
L'Union européenne veut renforcer le soutien aux jeunes agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe