Un audit de la Cour des comptes européenne pointe les risques d'une libéralisation du secteur laitier.
Les syndicats français qui, depuis des années dénoncent la politique de libéralisation du secteur laitier, boivent du petit-lait. Dans le bol, le récent rapport de la Cour des comptes européenne. Les conclusions de cet audit (lancé il y a plus de deux ans) pointent les risques d'une libéralisation du secteur laitier. La surprise est grande venant d'une institution qui, jusqu'alors, harcelait la Commission sur les aides trop élevées à ses yeux, accordées au soutien des marchés.
Le politique ne pourra pas dire qu'il ne savait pas
Difficile donc de reprocher un manque d'objectivité à ce rapport, qui apporte une contribution essentielle au débat amorcé sur la régulation du marché. Les politiques ne pourront pas dire non plus qu'ils ne savaient pas quand ils auront à corriger ou non la voie libérale sur laquelle ils ont lancé la filière en 2003, direction confirmée par le bilan de santé de 2008. Cet audit évalue l'efficacité des dix dernières années de gestion du marché laitier par la Commission, en regard de quatre grands objectifs assignés par le législateur à la politique laitière européenne. A savoir : équilibrer le marché, stabiliser les prix, assurer un niveau de vie équitable aux producteurs et améliorer la compétitivité. Le bilan est loin d'être 100 % positif. Les prix à la production ont décru constamment en termes réels (- 6 % de 2000 à 2007), tandis que ceux à la consommation n'ont cessé d'augmenter (17 %). Le revenu moyen des producteurs ne s'est aussi maintenu depuis dix ans qu'au prix d'une augmentation de la productivité, d'aides accrues et d'une disparition d'un grand nombre.
De là, la Cour pointe trois risques majeurs dans un contexte de libéralisation qui serait confirmé. Un : l'instabilité des marchés et la volatilité des prix susceptibles de recréer rapidement des excédents. Deux : l'accélération de la restructuration avec une concentration géographique toujours plus accrue de la production et la désertification laitière des zones plus défavorisées (pas seulement la montagne). Trois : la compétitivité du secteur tributaire de sa capacité à s'adapter à la demande mondiale en termes de prix et de qualité des produits.
JEAN-MICHEL VOCORET
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