L'annonce, à quinze jours du Space, d'une alliance Sodiaal-Entremont a un goût de déjà-vu. L'an dernier aussi, la signature in extremis d'un accord sur le prix du lait entre la FRSEA Ouest et le même Entremont avait permis au Premier ministre d'y faire une visite en toute quiétude. On connaît malheureusement la suite pour les payes de lait des livreurs de l'emmentaliste, dans la tourmente depuis un an. « Espérons que l'annonce de ce mariage aura un dénouement plus heureux », confiait, dans les allées du Space, ce producteur Entremont très soucieux de son avenir. Un signe plaide en ce sens : l'implication forte de l'État sur ce dossier crucial pour la filière vu le poids du malade. Le ministre de l'Agriculture ne s'en est pas caché devant le Sénat, expliquant que ce rapprochement était un choix politique. L'objectif est de mettre en place un acteur coopératif fort face à Lactalis, dans une volonté de rééquilibrer le pouvoir des producteurs dans la filière. L'Élysée se serait aussi mêlé du sujet, appuyant l'option Sodiaal plutôt que Lactalis…cela avec l'assentiment du président de la FNSEA. L'État devrait donc en toute logique mettre de l'huile dans les rouages pour faire aboutir ce projet à bâtir de A à Z. Car il ne s'agit, pour le moment, que de cela. Le conseil d'administration de Sodiaal n'a donné son feu vert que pour en faire l'étude. On devrait toutefois en connaître les détails assez vite courant octobre. Au coeur des discussions, le montage financier de la holding qui devrait se constituer autour d'un Sodiaal majoritaire.
Le groupe Albert Frère appelé à faire un effort
En échange de l'apport des actifs Entremont, le belge CNP (Albert Frère) et Unicopa y deviendraient actionnaires minoritaires. D'où la question centrale de la valeur de ces actifs au regard de la rentabilité actuelle d'Entremont où les produits industriels mal valorisés pèsent lourd et où le gros des volumes d'emmental est vendu en premier prix ou MDD, sur des marchés très concurrencés.
Pour donner une chance au nouvel ensemble, il faudrait à l'évidence qu'Albert Frère fasse un effort, mais aussi que les banques acceptent d'abandonner une bonne partie des dettes. Restera ensuite au nouvel ensemble à dégager des marges de manoeuvre. On peut en espérer la restructuration d'un outil industriel dont tous les sites ne sont pas si récents que ceux de Montauban-de-Bretagne, Guingamp ou Quimper. La constitution d'un groupe fromager de dimension européenne, avec un plateau complet (emmental, comté, raclette, pâtes molles…), est aussi un point positif. Pour autant, en Bretagne, nombre de responsables de la filière doutent de la capacité de Sodiaal, seulement sorti du rouge depuis deux ans et encore peu profitable, d'avoir les reins assez solides pour mener à bien ce projet d'envergure. Autre interrogation forte sur le montage financier : les producteurs Entremont seront-ils obligés de prendre du capital social ? Probablement.
En revanche, pas question, a priori, qu'ils fassent d'efforts supplémentaires. « De toutes façons, rien ne se fera sans leur accord », précise cet administrateur Sodiaal. « Pas question non plus que les producteurs Sodiaal mettent la main à la poche ».
JEAN-MICHEL
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