A peine plus de 20 c/kg de lait (à 37/34) depuis mars. Mais comment font les producteurs d'Allemagne du Nord pour tenir le choc ? Sans doute grâce aux économies d'échelle permises par leurs grands troupeaux. Pour un nombre croissant, il y a aussi le coup de pousse des installations de biogaz. Elles ont poussé comme des champignons depuis 2004. En cause, le choix de Berlin de s'affranchir du nucléaire et la loi qui va avec. Elle fixe depuis cinq ans un tarif incitatif de rachat de l'électricité issue du biogaz (de 0,175 €/kWh garanti sur vingt ans pour 190 kWh).
Cela a d'ailleurs conduit à des dérives (digesteurs tournant à 100 % avec du maïs-ensilage, surenchères des fermages…), au point de voter une nouvelle loi, entrée en vigueur le 1er janvier 2009.
Elle incite à l'utilisation d'au moins 30 % d'effluents d'élevage avec des tarifs plus alléchants : 0,217 €/kWh pour 190 kWh. Bingo pour les producteurs allemands.
2 400 euros par mois pour 2 heures de travail par jour
Résultat : on assiste outre-Rhin, malgré la crise laitière, à un second « boum » du biogaz. « Notre modèle standard de 190 kWh, pour les effluents de 100 VL et 80 ha de cultures énergétiques, se vend comme des petits pains », explique-t-on chez MT-Énergie, l'un des leaders du secteur (30 % du marché allemand).
« Nous devrions réaliser 70 installations cette année, en majorité chez des laitiers. » Pour les banques, cette diversification est même un moyen de soutenir ceux qui font le dos rond. Avec des tarifs garantis vingt ans, la prise de risque est minime.
D'après MT-Énergie, « en empruntant 100 % du million d'euros d'une installation clef en main de 190 kWh, tournant 8 000 h, avec 5 % de frais financiers, un amortissement sur quinze ans, il reste toutes charges comprises pour 2 h de travail par jour (à 25 €/h), 29 000 €/an, soit plus de 2 400 €/mois. » Les producteurs de l'Hexagone ne sont pas, loin s'en faut, à la même enseigne. Avec les 0,14 €/kWh du tarif français dans le meilleur des cas (valorisation de la chaleur produite) la perte est sous les mêmes hypothèses de plus de 85 000
JEAN-MICHEL VOCORET
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