Après des mois d'incertitude, le sort de Via Lacta, la fromagerie de Haute-Loire rachetée en 2006 à Bongrain par l'URCVL(1), est réglé, du moins momentanément. « L'entreprise est sauvée, nous avons réussi à éviter le pire (la liquidation judiciaire) », se félicitaient ainsi les représentants des salariés et des producteurs laitiers, le 23 juillet, alors que le tribunal du Puy-en- Velay venait d'accepter l'unique offre de reprise déposée par Entremont Alliance. Mais d'ajouter lucidement : « L'affaire toutefois n'est pas finie. Nous attendons de connaître le devenir d'Entremont. » Dans cette zone de montagne où la filière laitière est fragile (structures et coûts de collecte) et où chaque emploi est précieux, le caractère surréaliste de la situation interroge : le nouveau propriétaire, une entreprise endettée elle-même en difficulté, est-il le mieux placé pour réussir là où les autres ont échoué ? Malgré les qualités techniques du site reconstruit aux débuts des années 2000 à l'aide de fonds publics, la fromagerie de Saint-Germain-Laprade n'a en effet pas prouvé jusque-là sa capacité à produire suffisamment de rentabilité. Sans l'implication très forte du maire du Puy, secrétaire d'État à l'emploi, il est peu probable qu'une telle solution judiciaire ait pu aboutir.
En mobilisant des fonds d'État et en intervenant auprès de partenaires de l'entreprise tels que Bongrain et Casino, Laurent Wauquiez est parvenu à lever un certain nombre d'obstacles qui empêchaient le sauvetage de Via Lacta. Alors que les salariés ont réussi à sauvegarder l'essentiel des emplois (73 sur 98), les 150 livreurs de lait ont eu l'assurance d'être indemnisés de leur paie de mai non réglée, et d'être collectés par l'URCVL(2) (Union de coopératives régionale de vente de lait) qui approvisionnera la fromagerie. Pour combien de temps encore ? Mal en point, l'URCVL fait elle-même l'objet d'un projet de démantèlement (lire ci-dessous). En se séparant de son ancienne filiale, la structure coopérative tarit malgré tout l'une de ses sources de perte. Dans cet environnement instable, le soulagement légitime, exprimé cet été tant par les producteurs que par les salariés, sera-t-il de courte durée ?
ANNE BRÉHIER
(1) L'URCVL avait repris 80 % du capital de la société, Bongrain avait conservé les 20 % restants. (2) Aux conditions URCVL : 264 €/1 000 l en juillet.
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