Pas de trêve estivale pour tous ceux qui travaillent sur le dossier Entremont Alliance. Le rythme s'est même accentué au début de l'été, quand le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a décidé de s'impliquer personnellement, répondant ainsi aux attentes de l'Association des éleveurs de Bretagne livreurs de l'entreprise (AEBEA). Il est vrai que l'enjeu est énorme. On imagine mal l'État laissé une entreprise de cette taille déposer le bilan, abandonnant 6 000 livreurs et 4 000 salariés. Toute la filière laitière française en aurait été ébranlée. Sans compter que les concurrents d'Entremont ne supporteront pas longtemps la distorsion de concurrence qu'ils subissent en raison de l'écart de prix payé à la production.
La première avancée concerne le prix du lait pour l'été. Entremont avait proposé 219 €/1 000 l, un tarif qui lui permettait de poursuivre son activité tout en rémunérant son actionnaire. Les éleveurs demandaient le respect de l'accord interprofessionnel, soit 257 € en juillet et 275 € en août. Un compromis a été trouvé à 245 €. On ignore comment Bruno Le Maire a fait plier l'industriel. Mais l'on sait que l'actionnaire est très présent dans l'économie française. D'où des rumeurs « d'arrangements ». Bruno Le Maire a cependant posé une condition : que l'entreprise trouve une solution avant le 31 août. Le Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle), qui dépend de Bercy, a pris le dossier en main. Trois pistes se dégagent : la reprise par Lactalis ou par Sodiaal, ou une nouvelle injection de capital par l'actionnaire actuel. En ce qui concerne la première option, Entremont précise qu'il s'agirait d'un « regroupement industriel visant à arrimer l'entreprise à l'un de ces groupes ». Deux atouts au moins expliquent l'intérêt de ces laiteries pour Entremont. Des investissements importants ont été réalisés pour moderniser les usines de fabrication d'emmental ou de cheddar. De plus, les repreneurs peuvent chercher à accroître leur collecte en Bretagne, une région reconnue d'avenir pour le lait.
Les éleveurs ne veulent plus de l'actionnaire actuel
Lactalis est présent en Bretagne où il collecte environ 10 % du lait. C'est un gros faiseur d'emmental qui deviendrait nettement dominant sur ce marché en s'associant à Entremont. Si ce groupe était retenu, il partagerait avec Laïta l'essentiel de la collecte et de la transformation du lait breton. Sodiaal n'est pas présent dans la région. Sa candidature soulève quelques interrogations quant à sa capacité financière pour soutenir un tel projet.
L'AEBEA a rencontré les deux repreneurs potentiels, qui lui auraient garanti la reprise de la totalité de la production. Les représentants CGT des salariés ont fait connaître leur opposition à l'option Lactalis, tant ils craignent un plan social sévère. Si l'actionnaire principal décidait de rester seul aux commandes, les éleveurs monteraient au créneau. Car leur objectif de percevoir le même prix du lait que leurs collègues aurait alors peu de chance de se concrétiser. Fin août, les négociations se poursuivaient sans que rien ne filtre. Une décision imminente semblait possible. Mais il faudra ensuite plusieurs mois pour que le redémarrage sur de nouvelles bases soit effectif.
PASCALE LE CANN
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