Trois sites changeraient de main en Lorraine

Deux usines représentent 50 % des abattages de bovins de la région.© CLAUDIUS THIRIET
Deux usines représentent 50 % des abattages de bovins de la région.© CLAUDIUS THIRIET (©)

Certains pensent qu'une situation de monopole dans la région n'est pas à craindre. D'autres, au contraire, souhaitent un changement de propriétaire.

La DGCCRF a donné son feu vert à la fusion de Bigard et Socopa, donnant ainsi naissance à un grand groupe européen de la transformation de viande. Mais ce rapprochement, effectif depuis le 1er mars, a été accepté sous condition. La nouvelle entité doit, en effet, céder cinq sites industriels, dont un situé en Lorraine. Dans cette région, cela concerne l'abattoir de Mirecourt (Vosges) et celui de Belleville sur- Meuse, à côté de Verdun (Meuse). À elles seules, ces deux usines représentent 50 % des abattages de bovins en Lorraine, soit 32 000 t sur les 65 000 t transformées. Une troisième usine est concernée : l'unité de transformation de steak haché d'Éloyes (Vosges). La DGCCRF a convenu avec Bigard-Socopa que le groupe exploitera encore ces usines pendant six mois.

À l'issue de cette période, si aucun repreneur ne s'est manifesté, un administrateur judiciaire sera nommé pour une seconde période de six mois, à l'issue de laquelle Bigard conservera la gestion si la cession n'est pas conclue. Sur le terrain, on observe deux attitudes à ce possible changement de propriétaire. D'un côté, il y a ceux qui se réjouissent de cette fusion et ne craignent aucunement une situation de monopole en Lorraine. Ils avancent plusieurs arguments. Tout d'abord, l'abattage des bovins est régulièrement réalisé hors de la région. Que ce soit en Allemagne, un pays qui a beaucoup décapitalisé son cheptel dernièrement et à la recherche de carcasses, ou vers l'ouest, dans l'abattoir SVA, à Vitré. Il y a aussi des vaches allaitantes qui partent plus au sud, à Roanne, et sont destinées à la filière Carrefour charolaise. Pour ces partisans à un maintien de ces sites dans le giron de Bigard, la fusion va donner du poids à l'amont dans ses relations avec la grande distribution. Par exemple, celle-ci ne pourra plus profiter de la dispersion des abattoirs pour faire jouer la concurrence. En effet, il y en avait toujours un pour vendre moins cher sa marchandise que son voisin.

De l'autre côté, il y a ceux qui craignent que cette situation de quasi-monopole de Bigard-Socopa pousse ce dernier à baisser ses prix d'achat dans les élevages. Pour contrecarrer cette situation, un changement de propriétaire serait alors positif. Mais dans ce cas, que feront les trois coopératives de l'est (CAPVL, EMC2 et Lorca élevage) qui sont actionnaires de Socopa Viande, propriétaire de ces trois outils ?

Rentabiliser les outils

« On pourrait réinvestir nos actions dans le nouveau groupe, répond Bruno Colin, président de la CAPVL. À condition de réussir à vendre nos parts dans Socopa. Il faudrait que les trois sites lorrains soient rachetés par le même repreneur. Cette période d'incertitude n'est pas bonne. On souhaite surtout que la situation s'éclaire rapidement pour savoir quel type de carcasse les sites lorrains rechercheront à l'avenir. »

Selon Bruno Colin, le changement ou non de propriétaire aura peu d'impact pour les éleveurs, car les abattoirs pratiquent tous les mêmes prix. « Une situation de quasi-monopole de la part de Bigard n'est pas à craindre. Les producteurs ont un certain poids face aux industriels : ils ont besoin de carcasses pour faire tourner leurs outils et les rentabiliser. ».

NICOLAS LOUIS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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