C'était cousu de fil blanc. Début avril, ils étaient plusieurs dans la filière à nous avoir donné le scénario à venir : pas de recommandation sur le prix du lait au niveau national, refus des régions de s'engager, baisse du prix du lait imposé par les entreprises, colère des éleveurs et nomination de médiateurs par les pouvoirs publics. Un grand classique.
Conclusion : la filière ne sait toujours pas s'organiser pour anticiper les crises. Plus inquiétant, certains acteurs n'en ont sans doute aucune envie. On ne peut pas soupçonner les producteurs de cela, car ils jouent gros dans cette affaire : leur poids demain dans l'organisation de la filière. L'ampleur de la mobilisation syndicale, avec Jean Michel Lemétayer en première ligne, reflète bien cet enjeu. Certes, une baisse de 90 €/1 000 l par rapport à avril 2008 a eu l'effet d'un électrochoc. Pire encore, ces annonces d'un prix du lait entre 210 et 220 €/1 000 l. Là, les éleveurs ont su mener leur communication, notamment dans les grands médias. Qui à TF1 allait comprendre que ce prix d'avril est depuis toujours le plus bas de l'année, et non un prix moyen ? Rappelons que celui du premier trimestre 2009 était à 310 €. Un niveau sans doute intenable pour les transformateurs très orientés sur des valorisations beurre/poudre, qui se situe à 180 €/1 000 l. Mais les autres ? Quid de la valorisation des PGC, toujours très prisés sur la table des Français. Certes, ils ont connu des baisses de tarifs imposées par la distribution, mais rien de comparable aux produits industriels.
Dialogue renoué
Toute la fragilité de la filière française est là. Qui peut payer ? Qui ne le peut pas ? Alors tous s'alignent sur le moins disant. Ainsi avons-nous vu une belle unanimité des transformateurs à appliquer une baisse de 90 € en avril. La mobilisation des éleveurs aura eu le mérite de permettre une reprise du dialogue au niveau de l'interprofession nationale. La première rencontre du 28 mai a déjà permis des avancées notables. Les médiateurs ont présenté un protocole d'accord en trois paquets, précisant d'emblée que la négociation devait porter sur le tout.
Premier point acté : le Cniel pourra publier trois formules d'indice qui serviront à définir des tendances de prix. Chacune des trois pondère la part de produits industriels et de PGC pour s'adapter aux différents mix-produits des entreprises.
Deuxième point : les trois familles se sont entendues sur la nécessité de définir, avant la fin de l'année 2009, le cadre de la future contractualisation qui, à l'avenir, régulera le marché. Il devra comporter notamment des engagements sur les volumes et les prix.
Troisième point, le plus délicat : quel prix moyen pour le lait en 2009 ? Les positions de départ de la FNPL (305 €/1 000 l) et des transformateurs (267 €) étaient trop éloignées pour parvenir à un accord. Mais quel qu'il soit, ce prix 2009 ne sera pas une bonne nouvelle pour les producteurs Les marchés sont déprimés, personne n'ose prédire d'embellie et la politique européenne s'en tient à des achats à l'intervention à petits prix. Reconnaissons seulement que ce retour du rôle de l'interprofession est un point positif qui ne pourra que servir les producteurs.
DOMINIQUE GRÉMY
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