L'Argentine ne restera plus très longtemps sur le banc de touche à regarder les autres pays vendre des produits laitiers sur le marché mondial. Si c'est le cas depuis deux ans, ce n'est pas le fait de la filière laitière mais du gouvernement qui, pour contenir l'inflation, bride les velléités des exportateurs argentins. En 2008, ces derniers n'ont pu exporter que 280 000 t de produits laitiers (dont 11 % sur l'Algérie) sur une production totale de 10,2 mdl. Mais ils en ont sous le pied. Ce niveau de production annuel, la deuxième meilleure performance historique pour le pays, a été obtenu alors que le continent sud-américain a subi une grave sécheresse. Pour retrouver une dynamique après ces deux années de gel officiel des prix et de restriction à l'exportation, producteurs et industriels viennent de concocter un plan stratégique. L'objectif de 130 VL en moyenne pour les 11 200 exploitations argentines est clair : renforcer leur présence sur le marché mondial. Il est même chiffré : produire 18 milliards de litres par an en 2020, soit pratiquement le double d'aujourd'hui, et cela avec un solde exportable d'environ 9 milliards de litres, soit le triple du niveau actuel, était indispensable pour obtenir l'aval de Buenos-Aires. Ce plan intègre les objectifs sociopolitiques du gouvernement. La filière laitière s'est ainsi engagée à fournir en priorité le marché interne.
Des contrats à prix garantis pour donner des perspectives aux producteurs
Dévoilé en avril dernier, le plan fait aussi consensus autour d'une priorité pour donner des perspectives aux producteurs : l'établissement de contrats de livraison à long terme avec une fourchette de prix déterminée. « Si notre gouvernement a gelé les prix et freiné les exportations, c'est aussi parce que la filière ne s'était pas entendue pour garantir l'accès des Argentins aux produits laitiers à des prix raisonnables », reconnaît Gustavo Mozeris, l'un des auteurs du plan, de l'organisation de producteurs Aacrea(1).
De son côté, voyant diminuer sans cesse le nombre des exploitations laitières, le gouvernement a pris des mesures visant à moins les exposer aux variations de leurs coûts. Depuis mars dernier, les éleveurs produisant moins de 3 000 l/j reçoivent une aide de 0,20 €/l. Beaucoup de producteurs la jugent au passage « discriminatoire et dérisoire au regard de l'argent que l'État a touché sur leur dos pendant deux ans avec le ‘‘prix de coupe'' appliqué aux exportations ». Pour décourager les ventes à l'étranger, Buenos-Aires avait fixé un prix de référence de la tonne de poudre exportée. Lorsque le prix payé par l'importateur dépassait cette valeur, l'État empochait la différence. Ce système a été supprimé en mars dernier.
MARC-HENRY ANDRÉ
(1) Association argentine des centres régionaux d'expérimentations agricoles (organisation directement inspirée des Ceta français).
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