
En montagne ou sous cahier des charges AOP, nombreux sont les élevages à travailler le foin. Et pourtant, son rationnement n’est pas si simple à maîtriser. Manque de production laitière, comportement de tri, risques d’acidose dus à de fortes complémentations en céréales… Retrouvez quelques conseils techniques pour atteindre vos objectifs de production laitière en ration sèche.
1 — Privilégier les apports de céréales
Les rations à base de foin et regain sont déficitaires en énergie. Elles nécessitent un apport d’énergie par un concentré, à base de matières premières ou par des mélanges du commerce.
Privilégier les apports énergétiques par des céréales, telles que de l’orge, du triticale, du maïs grain, cela garantit de meilleures performances zootechniques, en comparaison à des coproduits.
La plupart des concentrés énergétiques du commerce intègrent des coproduits énergétiques de type gluten feed de blé, des drèches, etc, afin de limiter les coûts. Or, il a été prouvé que les concentrés à base de coproduits génèrent une baisse de lait de 2 kg par vache et par jour, ainsi qu’une baisse de 1 g/kg de lait de taux protéique.
Il est donc conseillé d’intégrer des céréales simples dans les concentrés énergétiques du commerce, en limitant la part de coproduits.
2 — Maintenir une matière première azotée dans la ration
Les rations à base de foin et regain sont aussi déficitaires en azote. Elles nécessitent un apport de protéines par un concentré, à base de matières premières azotées ou par des mélanges du commerce.
Les principales matières premières azotées trouvées sur le marché sont le tourteau de soja, le tourteau de colza, le tourteau de tournesol, mais aussi la luzerne, souvent sous forme déshydratée.
Une étude a prouvé qu’il n’y avait pas d’influence liée à la matière première azotée sur la réponse en lait, la composition en protéine et le profil des acides gras.
Le choix de la matière première à utiliser peut donc être décidé selon les cours du marché et la disponibilité par les fournisseurs.
3 — Garantir l’apport d’amidon à l’auge
Les rations à base de foins et regains sont pauvres en amidon. Il est donc indispensable de rétablir la part d’amidon à un taux maximum de 26 % dans la ration. L’apport de maïs grain est une solution efficace, surtout s’il est distribué en mélange avec des céréales à amidon rapide (blé, orge).
Intégrer un maïs grain ne suffit pas toujours pour que l’amidon soit correctement valorisé par l’animal. En effet, la forme sous laquelle est distribué le maïs grain a son importance. Un mélange composé à 75 % de maïs grain et 25 % d’orge permet un apport d’amidon lent pour stimuler le microbisme du rumen et un apport d’amidon rapide qui complétera l’azote soluble disponible dans les fourrages azotés.
Éviter les grains concassés, en préférant des grains broyés finement. Une mouture qui ressemble à de la farine est l’objectif recherché, car il correspond à environ 400-500 microns de mouture globale.
4 — Analyser vos fourrages, foin et regain compris
Les élevages en ration sèche ont tendance à ajuster des concentrés énergétiques et azotés sans même avoir connaissance des valeurs alimentaires des fourrages distribués.
Il est indispensable de faire analyser les foins et les regains en laboratoire afin d’obtenir des valeurs alimentaires précises. Une analyse en infrarouge, souvent proposée sur place à la ferme par des techniciens, ne suffit pas pour piloter sa ration de manière précise. Préférer envoyer vos échantillons de fourrages à des laboratoires, tels que le Lano, Germ Services, Eurofins, …
Les compositions et quantité de concentrés pourront alors être adaptées dans un objectif de réduire les coûts d’achat et maximiser les marges sur coût alimentaire.
5 — Faites de vos prairies une priorité
Travailler avec des rations à base de foins rime avec une bonne valorisation des prairies. Cela passe par le choix des espèces, variétés et des mélanges prairiaux adaptés aux objectifs de rendement et aux potentiels de sols, un stade de récolte jeune qui maximise les valeurs alimentaires, des amendements azotés aux champs suffisants, des longueurs de brins d’environ 6 cm lors de la récolte, une qualité de séchage évitant tout risque de mycotoxines, …
6 — Limiter le tri à l’auge par des modalités de distribution simples
La grande difficulté des rations 100 % foin réside dans le phénomène de tri par les vaches. Pour limiter ce comportement, il est conseillé de procéder à deux repas de fourrages par jour, sans repousse dans la journée. L’enlèvement des refus est nécessaire au quotidien pour éviter tout échauffement de la ration.
Quant aux concentrés, privilégier de petites quantités distribuées souvent. Si la distribution est manuelle, deux repas par jour de maximum 3 kg de concentrés par vache par repas sont nécessaires.
7 — Considérer les problèmes sanitaires comme des alertes alimentaires
Les boiteries, les montées en leucocytes, les variations de taux butyreux… sont des alertes d’un déséquilibre alimentaire. Restez vigilants sur les signaux que peut envoyer un troupeau, notamment sur les risques d’acidose.
L’eau est aussi un prérequis qui mérite d’être régulièrement vérifié : y -a-t-il assez d’abreuvoirs ? Sont-ils facilement accessibles par toutes les vaches, surtout par les dominées ? L’analyse d’eau est-elle récente et bonne ? Sans ses vérifications, un manque d’eau de qualité génère une instabilité ruminale et donc une dégradation des performances techniques.
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