
Comment trouver le juste niveau d’autonomie alimentaire ? Le Bureau technique de la promotion laitière (Btpl) s’est penché sur la question en analysant les résultats de 300 élevages laitiers de plaine. En comparant leur prix d’équilibre €colait en 2012, il s’avère que les marges fluctuent selon la part d’herbe dans la ration. Mais quelles en sont les conséquences sur le volume lait produit par hectare de surface fourragère et le revenu disponible ? Explications.
En élevage laitier, la recherche d’une plus grande autonomie alimentaire, est une piste régulièrement évoquée pour préserver le revenu des éleveurs. En particulier, une plus grande utilisation de l’herbe dans l’alimentation, permet de limiter les achats de matières protéiques.
Mais quelles en sont les conséquences sur les volumes produits, les surfaces nécessaires, le travail, les effectifs, et quels effets sur les coûts de production et le revenu ? Cette recherche d’autonomie est-elle compatible avec l’agrandissement des ateliers laitiers ?
Pour apporter des réponses à ces questions, le Bureau technique de la promotion laitière (Btpl) a analysé les résultats de près de 300 exploitations de zone de plaine, en agriculture conventionnelle, et réparties sur toute la France (Alsace, Bassin parisien - Centre, Bretagne - Pays de la Loire, Lorraine, Normandie, Rhône-Alpes – Auvergne) au cours de l’exercice 2012.
Quel critère pour caractériser l’autonomie alimentaire ?
L’autonomie alimentaire a été abordée sous l’angle économique à partir du critère suivant : % d’autonomie alimentaire lait = pourcentage de lait restant une fois l’alimentation achetée (concentrés, co-produits, fourrages) payée par la vente du lait.
Exemple :
Un troupeau à 8.000 litres/VL/an, dont le lait produit est vendu à un prix moyen de 360 €/Ml consomme 1,5 t /VL de concentré acheté à 300 €/t .
Recette lait par vache | Dépense concentré par vache |
8.000 l x 0,360 € = 2.880 € | 1,5 T x 300 € = 450 € |
Quantité de lait nécessaire pour payer les concentrés : 450 € / 0.360 € = 1.250 l de lait
Sur les 8.000 litres de lait produits par vache, 1.250 litres sont nécessaires pour payer ses achats alimentaires (soit 16 % du lait produit). Le % d’autonomie alimentaire est donc dans ce cas de 84 %.
Les exploitations étudiées ont été réparties en quatre groupes d’égale importance en fonction de leur degré d’autonomie alimentaire lait croissant.
Ce pourcentage passe de 71,3 % à 87,5 % entre les groupes extrêmes (cf tableau 1)
Tableau 1 : Caractéristiques des groupes étudiés
| niveau d'autonomie alimentaire | |||
| faible | moyen faible | moyen élevé | élevé |
% autonomie alimentaire lait | 71,3% | 78,1% | 82,6% | 87,5% |
nbre d'élevages | 66 | 76 | 77 | 74 |
Nous avons comparé entre ces groupes :
- Les caractéristiques des exploitations
- Les caractéristiques et les quantités des rations moyennes consommées par les troupeaux sur l’année
- Les performances techniques des troupeaux laitiers
- Les résultats économiques des ateliers laitiers.
Quelle production de lait / ha de SFP ?
Plus d’autonomie alimentaire lait, c’est nettement plus d’herbe dans la ration et moins de concentrés consommés
Ration fourragère annuelle selon le niveaux d'autonomie :
A noter que pour le groupe le moins autonome, les achats de fourrage représentent 5,5 €/ML.
Mais davantage d’autonomie alimentaire lait, c’est aussi moins de lait produit
Production laitière :
Par ailleurs, le groupe des plus autonomes élève plus de génisses (19 génisses pour 10 VL) et produit une meilleure qualité de lait (TB moyen plus élevé : 41,4 g/l) avec une meilleure maîtrise des taux leucocytaires (218.000 / ml).
Les groupes les moins autonomes sont aussi les plus intensifs et les plus productifs
Le volume total de lait produit et le chargement en litres par ha ont tendance à augmenter quand l’autonomie diminue. Ce résultat était prévisible : les quatre groupes ont des Sfp lait de tailles semblables et de compositions proches, produisant des quantités voisines de fourrages. Ceux qui achètent le plus à l’extérieur, en particulier des concentrés (Tab.1), ont la possibilité d’ajouter plus de lait « hors sol » au lait produit à partir des surfaces fourragères disponibles.
Les ateliers les moins autonomes produisent donc un volume de lait supérieur, lié aux achats, et ont de ce fait un chargement en lait/ha supérieur.
Le volume produit par Umo consacrée au lait y est plus élevé également : une certaine logique est respectée, les aliments acquis à l’extérieur ne donnant pas de travail pour les produire.
Quels Résultats économiques ?
La marge ramenée au ML produits diminue en même temps que le taux d’autonomie, mais le litrage supérieur produit compense cette baisse
Les charges alimentaires/Ml augmentent quand l’autonomie diminue, entraînant avec elles l’ensemble des charges de production. Parallèlement, les produits ramenés aux 1.000 litres ont tendance à diminuer (pas d’effet race mais moins d’animaux élevés et vendus, plus de mortalité, plus grande dilution de la vente de viande et des aides dans le volume produit).
Principaux produits et charges et résultats économiques :
Le prix d’équilibre et le revenu disponible lait par unité de main d’œuvre décrochent uniquement dans le quart le moins autonome.
Dans le groupe des moins autonomes, le niveau d’achats alimentaires y est plus élevé, et la moyenne économique en lait par vache, n’est pas supérieure à celle du quart voisin un peu plus autonome. Les charges supplémentaires d’alimentation n’y sont pas suffisamment valorisées.
Les trois autres niveaux d’autonomie ont des résultats économiques proches. Dans les 2e et 3e quarts, le produit supplémentaire lié au volume de lait compense les économies réalisées par le quart le plus autonome, pour aboutir dans l’atelier lait à des revenus similaires par Umo-lait.
Dans cet échantillon d’exploitations, une autonomie alimentaire forte est une voie capable de dégager un bon revenu final pour l’atelier lait. Mais, avec un niveau d’autonomie moyenne à faible (2e et 3e quarts), la bonne valorisation, sous forme de lait produit, des intrants engagés permet d’assurer un revenu tout aussi bon de l’atelier lait (revenu disp. / Umo-lait).
A noter qu’à l’intérieur de chaque quart, les performances sont très hétérogènes : un élevage peu autonome peut créer un très bon revenu, et inversement.
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