
En assemblée générale ce mardi 1er octobre 2013, les industriels de la viande ont réitéré leurs demandes au Gouvernement pour alléger leurs charges. En matière de traçabilité, ils pressent Bruxelles pour appliquer la transparence de l’origine des viandes sur les plats préparés, histoire de tourner définitivement la page du « horsegate » du printemps dernier.
« En matière de charges, la colère gronde ! » a martelé Jean-Paul Bigard, président du directoire du groupe éponyme et président du Sniv-Sncp. Face aux représentants des entreprises adhérentes du syndicat, et à Jean-Guillaume Bretenoux, conseiller technique chargé des filières animales et seul représentant de Stéphane Le Foll, retenu pour, semble-t-il, les derniers arbitrages avec l’Elysée concernant la réforme de la Pac, l’industriel a rappelé une à une les revendications du Sniv pour alléger les charges des entreprises et assouplir des contraintes « qui pèsent lourdement sur les comptes ».
Ainsi, les industriels de la filière viande demandent notamment au Gouvernement de supprimer l’obligation des tests Esb conformément aux nouvelles dispositions de la réglementation européenne. « Tous les pays ont abandonné ces tests. Tous sauf la France ! » Pire, la Dgal envisagerait de mettre en place « un contrôle bactériologique libératoire de la viande hachée, une nouvelle contrainte qui engendrera, selon le Sniv, « une forte hausse des coûts industriels ».
Le choc de simplification, c’est comme la pause fiscale : plus on en parle, moins elle s’applique !
Le syndicat s’insurge aussi contre la dématérialisation des documents d’élevage, en cours de préparation au sein de l’interprofession. « Nous n’avons plus les moyens de financer ces projets coûteux », explique le président du Sniv, qui demande un moratoire de « deux ou trois ans ».
Sans oublier l’écotaxe reportée au 1er janvier 2014, qui alourdira de 5 % les coûts de transports de nos produits. « Pourquoi la viande plus que le lait ? », questionne Jean-Paul Bigard, faisant référence à l’exonération dont bénéficiera la collecte laitière. « L’absurdité de cette taxe, c’est que nous n’avons aucune alternative au camion pour transporter des produits frais. »
La loi consommation ne réglera rien
Dans sa « mobilisation générale pour un plan d’urgence pour la viande française », le Sniv demande aussi aux pouvoirs publics de ne rien lâcher contre le dumping social orchestré dans les usines allemandes, qui emploient de la main-d’œuvre des pays de l’Est deux ou trois fois moins cher qu’en France. « Les filières viandes danoises et néerlandaises se sont délocalisées en Allemagne. Si ça continue, ce sera au tour de l’industrie bretonne. »
Outre la hausse des charges, le Sniv ne pouvait éviter le sujet de la répercussion de ces hausses sur l’ensemble de la filière. Lors de la table-ronde entre Jean-Paul Bigard et, notamment Bruno Lebon, directeur des produits frais chez Carrefour, le fait même que les négociations commerciales n’aient été que si peu abordées montre à quel point le sujet est sensible. « L’accord du 3 mai 2011 ? J’avais déjà dit à l’époque que ça ne marcherait pas. Et effectivement, ça ne marche pas », insiste le président du Sniv.
D’ailleurs, les industriels ne croient pas davantage que la retranscription des mesures de l’accord du 3 mai 2011 dans le projet de loi sur la consommation apportera une meilleure réponse pour des relations commerciales entre distributeurs et fournisseurs plus sereines. La meilleure répercussion des hausses des charges entre tous les acteurs de la filière « ne viendra pas d’un texte officiel sans obligation de résultat, mais de notre propre volonté à rétablir la vérité des prix de revient ».
Reste que, si le pessimisme économique semble tenace dans la filière viande, les industriels ne veulent pas attendre le redressement productif pour améliorer leur image. En proposant une nouvelle nomenclature des produits animaux en lieu et place du fameux générique « minerai de viandes », ils entendent tourner définitivement la page du « horsegate », l’affaire des lasagnes à la viande de cheval de début 2013.
Et pour clôturer de manière pérenne cet épisode, le Sniv demande au Gouvernement de faire pression auprès de Bruxelles pour rendre l'étiquetage de l'origine des viandes obligatoire sur les produits bruts et transformés, le plus rapidement possible.
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