
La Fédération nationale des producteurs laitiers a dressé un sérieux réquisitoire contre le projet de convergence et de majoration des aides directes du gouvernement. Celui-ci pénalisera en particulier les éleveurs en système « maïs fourrager » qui, sans aides recouplées, pourraient renoncer à produire du lait faute de rentabilité.
Stéphane Le Foll à l'assemblée générale de la Fnpl en mars 2013 à Nantes. (©Terre-net Média)Alors que les éleveurs laitiers bataillent chaque jour pour que les contrats conclus avec les collecteurs soient appliqués à la lettre, s’ouvre un autre front : le recouplage des aides directes en 2015 pour compenser le manque à gagner généré par la convergence partielle ou totale des droits découplés issus des Dpu.
Le combat lancé par la Fnpl, la section spécialisée « lait » de la Fnsea, s’annonce rude car la convergence à l'étude au ministère de l'Agriculture affecte en particulier les producteurs en système « maïs fourrager», parmi les plus intensifs. Et la majoration des 50 premiers hectares n’atténuerait que partiellement le manque à gagner.
une aide à la vache laitière ?
En théorie, les 15 % de recouplage des aides directes obtenus en juin dernier seraient suffisants, selon la Fnpl, pour créer une aide à la vache laitière pour tous les éleveurs.
Le recouplage en 2015 dans les mêmes proportions qu’actuellement, en productions bovine viande et ovine, équivaut à la mobilisation de 10,6 % des aides directes. Aussi, les 4,4 % restants (soit l’équivalent de 300 M€ par an) pourraient être destinés à une éventuelle aide laitière. Or il n’en est rien. Seul l’équivalent de 0,5 % d’aides recouplées seraient mobilisables pour le lait.
Comme l’évoque le document de travail du ministère de l’Agriculture analysé dans un précédent article, les 4,4 % d’aides recouplées financeraient d’abord :
- la Pnsva (prime nationale de soutien à la vache allaitante) de 50 €, soit 165 M€ versés aux éleveurs ou encore l’équivalent de 2 % d’aides directes. Le ministère n’aurait pas en effet l’intention de continuer à prendre en charge dans son budget cette aide complémentaire ;
- la production de protéagineux, soit encore 2 % des aides recouplées.
Telle que le ministère envisage la redistribution des aides après 2015, les éleveurs laitiers seraient ainsi perdants sur tous les fronts.
En fait, le nouveau redéploiement marginaliserait un pan entier de l’agriculture qui emploie le plus d’actifs par hectare de Sau tout en étant le moins aidé (156 €/ha/Uta contre 272 €/ha/Uta pour les céréaliers) (1). Il n’épargnerait pas non plus les engraisseurs de bovins viande puisque toutes les aides découplées en 2006 (abattage, JB, lait) ne se retrouvent pas dans les scénarios actuellement en débat dans le recouplage pour 2015.
Une nouvelle politique de soutien à l'élevage
Le problème posé, la Fnpl ne voit qu’une issue pour y remédier : tout d’abord inciter le gouvernement à tenir ses engagements en continuant à financer la Pnsva sur ses propres fonds. Et ensuite, définir une nouvelle politique de soutien à l’élevage avec, par exemple, un recouplage des aides directes en faveur des éleveurs victimes de la convergence. Autrement dit, ce que les éleveurs de bovins et d’ovins viande toucheraient en aides directes grâce à la convergence et à la majoration des 50 premiers hectares serait compensé par de moindres soutiens recouplés.
« Sous sa forme actuelle, le document du ministère est fait pour déchirer la profession et part du principe que les producteurs laitiers du Grand ouest continueront à produire du lait quoiqu’il arrive », défend André Bonnard, trésorier de la Fnpl. « Or, il n’en est rien. Tenir un tel raisonnement, c’est méconnaître la réalité sur le terrain à savoir que la moitié des éleveurs sont susceptibles de quitter la profession d’ici une quinzaine d’années pour prendre leur retraite. Aussi, ils pourraient, dans ces conditions, cesser de moderniser leur atelier d’élevage et même arrêter la production de lait ». Il n’est pas exclu non plus, dans les gaec laitiers, que des associés sur le départ ne soient pas remplacés et que les ventes des troupeaux payent les parts sociales des partants.
Au final, si de tels scénarios se concrétisaient, il n'est pas impossible qu'une nouvelle baisse de la production de lait aggrave le déficit en lait de la France alors que notre pays ne réalise pas son quota depuis des années.
Dans les montagnes également, les éleveurs pourraient être tentés d’arrêter le lait et opter pour la production de viande bovine.
Ainsi, c’est bien en se reposant entre autres sur ces arguments que la Fnpl combat l’idée que la convergence totale ou partielle ne peut être envisagée sans un recouplage privilégiant les victimes de cette convergence.
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