 Les agriculteurs partent en moyenne une dizaine de jours par an, deux fois moins que les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. (© DR) |
« On travaille pour vivre et non pas l'inverse; je veux profiter de ma femme et de mes enfants », philosophe Patrice Mouras, un agriculteur de 36 ans qui produit des céréales et élève 160 vaches à quelques kilomètres de Saramon, dans les collines gersoises.
Patrice Mouras aime parfois mettre les voiles, loin de ses 140 hectares de terres autour de sa ferme de La Peyrère. Avant la fin de l'été, il ira à la plage à Bidart, au Pays Basque, et passera provisoirement le relais à Didier Bajon, qui multiplie les emplois avant de s'installer un jour.
« Le taureau est malade, il a avalé un morceau de fer », explique l'exploitant à son remplaçant, « il faudra veiller à lui faire ses piqûres anti-inflammatoires ». Patrice Mouras n'oublie pas ses vaches : « La 9320 va vêler dans quelques jours, je compte sur toi pour la surveiller matin, midi et soir ».
Les « mentalités ont évolué même chez les agriculteurs »
En 10 ans, entre 1994 et 2004, la part des agriculteurs qui partent en vacances est passée de 24 à 38 %, selon une étude réalisée pour le ministère de l'Agriculture et publiée en avril 2010. Les Français dans leur ensemble étaient 65 % à s'échapper. Les agriculteurs partent une dizaine de jours par an en moyenne, deux fois moins que les artisans, commerçants et chefs d'entreprise.
Le service de remplacement, association indépendante créée en 1991, favorise de rares journées de liberté en mettant en relation les agriculteurs et ceux qui les suppléeront. Ces derniers y trouvent leur compte. Les remplacements deux à trois jours par mois en moyenne sur chacune des exploitations de leurs zones sont essentiels pour ces agents qui peuvent ainsi multiplier les expériences. A l'heure où les difficultés de l'installation constituent l'une des grandes doléances du monde agricole, le système permet aussi à un jeune agriculteur qui n'a pas de terre de gagner sa vie.
Ainsi, cela fait cinq ans que Patrice Mouras laisse périodiquement Didier Bajon prendre soin de ses bêtes et de ses champs. « Demain, il faudra faire des bottes de foin, les presser », explique le premier au second, toujours attentif. « Lundi, tu broies le tout; mardi, mercredi, jeudi et vendredi, tu laboures ! » Le plus dur n'est pas le travail du céréalier, concèdent les paysans, mais de s'occuper des animaux, plus instables. « Sur une des exploitations, à mon arrivée, une des vaches a tout arraché et est partie jusqu'à trois kilomètres : elle était perturbée parce que je portais une casquette », s'amuse Didier Bajon. Le procédé de remplacement déconcerte le père de l'exploitant, toujours fidèle au poste. « Quand j'étais gosse, on rentrait de vacances au bout de quatre jours parce que mon père avait peur pour ses bêtes », ironise son fils Patrice Mouras. Mais les « mentalités ont évolué (...) même chez les agriculteurs », concède-t-il. Il n'en conçoit pas moins de fierté que son père pour ces terres qui sont maintenant les siennes.
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