
Les rations sèches pour vaches laitières sont apparues en France, en 2003, suite à la sécheresse. Pour les éleveurs, cette solution permet de réduire les temps d’astreinte liés à l’affouragement hivernal. Mais, l’augmentation du coût des matières premières pourrait remettre en question ce choix. Résumé d’une enquête menée par les Chambres d’agriculture de Bretagne et l’Institut de l’élevage.
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Objectif : mieux connaître les raisons de leur adoption, les conditions pratiques et les modifications de systèmes engendrées par leur mise en œuvre.
« Les conséquences sur les performances, le travail et le niveau de satisfaction des éleveurs ont également été analysées », souligne Gérard Losq, des Chambres d'agriculture de Bretagne.
Trois raisons
Pour réaliser cette enquête, les partenaires se sont appuyés sur les organismes de contrôle laitier, qui ont recensé quelques 174 élevages pratiquant les rations sèches, répartis dans 65 départements français. Pour l’étude, 51 élevages ont été sélectionnés. La première motivation des éleveurs est la diminution de l’astreinte autour de l’alimentation des vaches, argument qui sort en premier lieu pour trois éleveurs sur quatre.
La seconde motivation est la place du maïs dans le système d’alimentation : en passant aux rations sèches, et donc en s’abstenant du maïs, les éleveurs suppriment de fait les travaux liés à l’atelier et se libèrent du temps (semis, récolte) ; mais, ils trouvent également une solution aux rendements insatisfaisants ou aux qualités de maïs insuffisantes qui ne permettent pas, selon eux, de garantir une ration parfaite au niveau qualitatif et quantitatif. Enfin, la 3e raison mise en avant est celle des investissements : en arrêtant la culture de maïs, il s’évite l’entretien inévitable des silos et du matériel à remplacer.
Un choix remis en question
Les exploitations enquêtées
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En complément de la ration sèche, les quantités de fourrages amenées sont toutefois très variables d’un élevage à l’autre, entre 4,5 et 14 kg/j. « Dans la majorité des cas, la distribution est manuelle. » Les concentrés (granulés ou gros bouchons) représentent en moyenne 65 % de la ration. En moyenne toujours, les éleveurs distribuent des parts importantes de concentrés (environ 17 kg/VL). « Un éleveur sur deux a investi dans un Dac, et un sur quatre dans un nourrisseur. Mais, dans 30 % des cas, le concentré est distribué manuellement à l’auge et à l’aide d’une brouette… un travail astreignant ! »
Evolution notable du système fourrager
Outre la quasi disparition de l’atelier maïs, le passage à la ration sèche a également une incidence sur le système fourrager, avec une augmentation de la surface en prairie. « Le maïs ensilage est remplacé par du maïs grain, des céréales et des oléagineux. » Les résultats zootechniques sont également affectés par le changement. On note en particulier :
- une augmentation moyenne de la production (+3,1 kg lait/j/VL) ;
- une baisse du TB (-4,3 g/kg) et du TP (-0,5 g/kg) par rapport à une ration conventionnelle ;
- une sous-réalisation du droit à produire d’environ 11.000 l de lait.
« Mais ces changements de performances ne sont pas imputables en totalité à la ration sèche », poursuivait Gérard Losq. Principale évolution, celle attendue par les éleveurs : la baisse du temps d’astreinte. L’enquête a démontré qu’elle variait de 5,5 à 11 mn/VL/semaine.
Des coûts alimentaires augmentés de 25 %
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