
Agriculteurs et laiteries se sont mis d'accord mercredi soir sur le prix du lait pour 2009 et sur les modalités pour fixer ce prix à l'avenir, après plusieurs jours de négociations et trois semaines de mobilisation des producteurs.
En pratique, qu’est-ce ça donne ? Non pas 280... mais 262 à 280 euros Tout n'est pas aussi simple que le prix moyen annuel annoncé à 280€/t pour 2009. En effet, le prix que toucheront effectivement les producteurs dépendra du profil de leur laiterie et notamment de la part des produits industriels dans son activité. Comment seront élaborés les indices de tendance des marchés laitiers ? Trois formules pourront être utilisées pour le calcul des indicateurs de tendance des marchés que le Cniel sera chargé de diffuser trimestriellement.
PI = indice de variation de la cotation des produits industriels Les 3 familles de la filière lait devront créer un cadre interprofessionnel avec pour objectif la mise en place de la contractualisation à partir de 2010. « Ce cadre devra faire l’objet d’un accord interprofessionnel au plus tard le 31 décembre 2009. Il comportera notamment un mécanisme de définition du prix et des engagements sur les volumes » indique la Fnpl (Fédération nationale des producteurs de lait) dans un communiqué. Selon le mix produit (la part des produits industriels) des entreprises, le prix 2009 devra se situer à l’intérieur des trois niveaux suivants :
La Fnpl précise que ces valeurs pourront être réexaminées en septembre prochain en particulier en lien avec l’évolution du marché des produits industriels. Plus de détails sur l'accord conclu et le détail des prix en cliquant ICI. |
Aux termes de cet accord, les 1.000 litres de lait seront payés 280 euros en moyenne en 2009 et, surtout, les trois familles du secteur laitier (producteurs, industriels et coopératives) se sont entendues pour établir des règles qui permetteront de fixer le prix du lait pour les prochaines années. Ainsi, le Cniel (centre national interprofessionnel de l'économie laitière) est chargé d'élaborer des indices de tendances des marchés tous les trimestres, et les trois familles se sont engagées "à négocier un accord interprofessionnel qui définira les relations contractuelles entre producteurs et transformateurs", selon le communiqué du ministère.
Sous l'égide des deux médiateurs
Ni les producteurs ni les transformateurs n'étaient joignables mercredi soir. Les professionnels du lait avaient repris les négociations, les troisièmes depuis le début de la crise, en milieu de journée mercredi, au ministère de l'Agriculture, sous l'égide des deux médiateurs nommés par le gouvernement le 19 mai.
Auparavant, les professionnels avaient rencontré le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, qui s'était déclaré prêt à mettre la main à la poche pour "accompagner" les trésoreries des producteurs laitiers, fragilisées par la chute des prix du lait en avril. Ces aides, sous forme "d'allègement de charges financières et sociales" et de "renforcement du dispositif de modernisation des bâtiments d'élevage" s'élèveront à "30 millions d'euros", précise le ministère dans son communiqué.
Depuis près d'une semaine, les négociations achoppaient sur le prix moyen du lait en 2009. Dans la nuit de mardi à mercredi les trois familles s'étaient séparées sans accord. "Il y a eu rupture des négociations (...), les écarts de prix sont restés trop importants", avait expliqué un négociateur de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL). Selon lui, les industriels avaient proposé 276 euros pour 1.000 litres alors que les éleveurs laitiers étaient restés sur leur position de 290 euros. Le premier round de négociations qui s'était tenu jeudi dernier avait aussi achoppé sur le prix. Dans un premier temps, les producteurs avaient demandé 305 euros la tonne puis 290 euros mais les industriels avaient tenu à 267 euros.
Bloquant laiteries et grandes surfaces
Mercredi à la mi-journée, le ministre avait dit souhaiter la fixation d'un prix "dans les heures ou les jours qui viennent". Pour le ministre, il y avait "urgence" car la "paye du mois de mai va être annoncée" à partir du 5 juin aux producteurs. M. Barnier avait rappelé que la crise du lait était due à un prix "très bas" qui a fait exploser la colère des éleveurs, "ce que je peux comprendre", a-t-il ajouté.
Depuis plus de trois semaines les agriculteurs ont mené des actions tous azimuts, bloquant laiteries et grandes surfaces. Mercredi, le blocage de l'usine Lactalis de Riom-ès-Montagnes (Cantal) s'est poursuivi mais la justice a ordonné aux éleveurs de libérer l'accès sous peine de pénalités. A Nantes la fromagerie de Bouvron (groupe Lactalis) est restée bloquée. A Caen une vingtaine de producteurs ont perturbé en fin d'après-midi la circulation sur le périphérique. A Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) des producteurs ont distribué gratuitement du lait aux habitants après avoir bloqué la citerne d'une coopérative dans la nuit précédente.
![]() L'accord ne répond pas aux exigences des éleveurs. La crise du lait ne devrait donc sans doute pas s'arrêter là. (© Terre-net Média) |
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