La catastrophe sanitaire provoquée par le lait frelaté chinois pourrait faire des heureux à des milliers de kilomètres de là : l'Allemagne, premier producteur laitier européen, a déjà reçu des demandes pour exporter son lait en poudre vers la Chine.
"Nous avons eu ces derniers jours des premières demandes en provenance de Chine", a indiqué à l'Afp Rudolf Schmidt, en charge du département "lait" auprès de la Fédération allemande des agriculteurs Dbv, et "il se pourrait bien que cela débouche sur des contrats". Même son de cloche du côté de la Fédération de l'industrie du lait, qui fait face à "des demandes en provenance de Chine", selon un porte-parole. Et qui, même si aucun contrat n'a encore été signé, se prend à rêver plus loin, en direction des pays d'Afrique et d'Asie qui ferment l'un après l'autre leurs portes aux importations chinoises.
En Chine, du lait contaminé à la mélamine a déjà causé la mort de quatre enfants et près de 53.000 personnes ont dû être soignées. Le scandale a commencé avec du lait en poudre pour nourrissons, mais s'est étendu aux produits laitiers frais, et la crainte gagne maintenant les importateurs d'une myriade de produits alimentaires contenant du lait.
Si la Chine doit augmenter ses importations, au-delà de l'Allemagne, tous les producteurs européens pourraient profiter du mouvement, selon M. Schmidt, du DBV. L'Union européenne est d'ores et déjà le premier exportateur mondial de lait en poudre. Et en son sein, l'Allemagne et la France se disputent la place de premier producteur, selon les statistiques disponibles sur le site de l'UE.
« Sur le marché mondial, il n'y a pas que le prix qui compte »
Pour le moment, les exportations allemandes de lait en poudre vers la Chine sont dérisoires : 2,3 tonnes entre janvier et juillet 2008, soit... 16.000 euros en valeur, selon l'Office fédéral des statistiques Destatis. Il y a donc du chemin à parcourir pour que le marché chinois se transforme en manne pour les producteurs allemands.
Mais la filière allemande du lait, soumise à rude épreuve ces derniers mois et qui a fait abondamment parler d'elle, ne peut que se réjouir de nouveaux débouchés. Une fédération de producteurs frondeurs a lancé au printemps un mouvement de "grève du lait" pour protester contre les prix pratiqués par les laiteries (qui empaquettent le lait en briques et le transforment en fromage, yaourts et beurre) et la grande distribution. Beaucoup de producteurs, notamment dans les villages de montagne du sud de l'Allemagne, ne survivent que péniblement au vu des prix pratiqués, en particulier par les discounters, et de la hausse des coûts du fourrage et, jusqu'à peu, de l'énergie.
Plusieurs chaînes de magasins ont consenti à relever leurs prix, et le repli des cours du pétrole aidant un calme relatif est revenu dans les fermes allemandes, sans pour autant que la situation s'améliore notoirement. Pour les professionnels du secteur, le scandale chinois vient rappeler bien à propos que le prix n'est pas le seul critère déterminant quand il s'agit de denrées alimentaires. Les développements de la crise en Chine "montrent que sur le marché mondial, il n'y a pas que le prix qui compte", mais aussi, dans une large mesure, la qualité, pour M. Schmidt. "Du point de vue de l'évolution du marché c'est une bonne chose si la Chine se tourne vers le lait en poudre allemand très sûr", ajoute-t-il.
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