Les années prochaines vont voir disparaître les quotas laitiers et se réduire d’un tiers les producteurs laitiers. Avec un déficit de départ important en terme de productivité du travail par rapport aux bassins de production européens, les éleveurs français pourront adopter une stratégie d’agrandissement pour améliorer leur rentabilité.
A la suppression prochaine des quotas laitiers s’ajoute l’incertitude de la pérennité des subventions. L’avenir des aides, qui représentent en France 50 % du résultat des éleveurs, n’est pas du tout assuré. Dans un contexte de concurrence européenne plus sévère, la question de la compétitivité entre exploitations laitières des états membres va se poser dans des termes nouveaux.
Si depuis 1996 la restructuration laitière a été plus faible en France (4%) que dans les autres pays européens (moyenne de 7%), on estime qu’un tiers des producteurs laitiers vont disparaître dans les prochaines années. Ceux qui resteront seront ceux qui auront amélioré leurs coûts de production et leur productivité du travail, deux indicateurs-clés qui, en outre, sont pénalisants pour les éleveurs français. Leurs voisins des bassins de production européens sont meilleurs sur ces critères. Il faudra pourtant avoir des coûts de production comparables à ce qui se passe ailleurs. A ce jour, la performance des éleveurs français est deux fois inférieure à celle de leurs voisins européens sur la productivité du travail.
Le coût de production européen le plus élevé
« Quand la production de lait par actif agricole atteint 350.000 litres au Danemark, 326.000 litres au Royaume-Uni ou 320 000 litres au Pays-Bas, celle de la France est de 150.000 litres, soit 30.000 l au dessous de la moyenne communautaire», précise Vincent Châtellier (1), économiste à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) lors du dernier congrès de la Sngtv (Société nationale des groupements techniques vétérinaires). « Quant au coût de production pour 1000 litres, c’est dans le nord de la France qu’il est le plus élevé : 433€ contre 333€ pour la moyenne communautaire. » Royaume Uni et Pays Bas sont les deux pays où les coûts de production sont les plus compressés : respectivement 265€ et 319€ pour 1000 litres en 2003.
![]() Comment font les meilleurs éleveurs pour avoir de bons résultats ? « Ils sont meilleurs sur tous les postes des coûts de production, y compris dans les charges opérationnelles et y compris dans les charges de structure », répond Guy Lemercier, directeur communication et marketing de Cogedis, premier centre de gestion indépendant français. (© Cogedis) |
Les producteurs français auront tout intérêt à étudier une stratégie de croissance. Si l’agrandissement n’est qu’une des voies possibles d‘adaptation, il trouve toute sa pertinence pour assurer à terme l’efficacité économique d’une exploitation laitière.
Ce sont les charges de structure qui ont fortement augmenté ces dernières années qui alourdissent le coût de production du lait français. « Et on ne voit pas trop ce qui pourrait les faire diminuer », souligne Guy Lemercier, directeur marketing et communication de la 1ère association de gestion et de comptabilité française Cogedis (2). « C’est très difficile de compresser des charges de structure et aujourd’hui elles dépassent les charges opérationnelles, sur lesquelles les éleveurs ont certes gagné en performance. » La dilution des charges sur un plus grand volume de lait produit est sans aucun doute un moyen d’améliorer compétitivité et performance économique.
20.000 litres supplémentaires
Pour Vincent Châtellier, la plus grande marge de manœuvre des producteurs français réside dans l’augmentation du volume de lait produit dans les exploitations. « Pour la plupart, les éleveurs ont réalisé de forts investissements les dix dernières années et sont parfois même suréquipés par rapport à leur niveau de production. Le coût marginal de la production supplémentaire de lait sera très faible. Demain, l’accroissement de la production de lait qui s’opèrera dans les exploitations se fera avec un système de mécanisation constant et donc sans investissement majeur. »
Guy Lemercier propose aux éleveurs un moyen très simple de savoir s’ils ont trop de charges de structure. Il suffit de se poser la question suivante : « Suis-je capable demain de produire 20.000 litres de lait supplémentaire ? » Un certain nombre d’éleveurs répondent sans hésiter qu’ils n’ont qu’un robinet à ouvrir. Cela signifie vraisemblablement qu’ils ont des charges de structure engagées pour produire 20.000 litres de lait supplémentaires, des moyens de production en place trop importants au regard du quota économique. »
A lire également à ce sujet : • Préparer l’échéance 2012 - Se préparer à la suppression des quotas (30/08/2007) en cliquant ICI. • et d'autres articles à venir... Soyez-en informés en vous inscrivant gratuitement au Mel Agricole, en cliquant ICI. |
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