Bruno Colombet, éleveur dans la Loire: « Je pense que cela peut intéresser en priorité des éleveurs qui ont des surfaces limitées »

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Bruno et Pierre Colombet du Gaec des Terrasses (42) ont adopté depuis trois ans le vêlage à deux ans pour retrouver une autonomie fourragère et produire des carcasses moins lourdes. Témoignage.

Gaec des Terrasses
Usson en Forez (42)
SAU: 100 ha dont 80 ha de prairies, 4,5 ha de maïs ensilage et 15 ha de céréales
55 VA charolaises

Eleveurs allaitants en race charolaise, Bruno et Pierre Colombet du Gaec des Terrasses, dans la Loire, conduisent un vêlage à deux ans depuis quelques années, de manière tout à fait satisfaisante. « Cette conduite peut être adoptée par tous les éleveurs allaitants sous les conditions d’avoir une bonne génétique de départ et d’assurer une croissance élevée et soutenue pour inséminer à un poids de 540-550 kg à 16 mois », résume Bruno Colombet. « Je pense que cela peut intéresser en priorité des éleveurs qui ont des surfaces limitées. »

Les produits des premiers vêlages commercialisés

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L’avancement de l’âge au vêlage des génisses charolaises de 3 à 2 ans n’a pas eu de répercussions sanitaires ou zootechniques majeures sur son élevage. Les principales adaptations concernent la conduite alimentaire qui doit être très soutenue les seize premiers mois. « Les frais supplémentaires engendrés pour assurer ces croissances maximales sont largement compensés par les produits notamment la vente des broutards », souligne l’éleveur. Ce dernier a choisi de ne pas pratiquer d’insémination artificielle (IA) sur ces génisses à vêlage précoce pour plusieurs raisons.

Les génisses sont conduites en plein air intégral (© Web-agri)
D’une part, les génisses sont conduites sur son exploitation en plein air intégral et d’autre part l’éleveur craint, s’il garde les produits de ces premiers vêlages, de faire petit à petit diminuer la taille et le gabarit de son troupeau. « J’ai un mâle croisé Blond d’Aquitaine qui me satisfait pleinement tant au niveau des facilités de vêlage qu’au niveau de la conformation des broutards bien au dessus de la moyenne. Les produits de ces premiers vêlages sont commercialisés, les filles sont vendues laitonnes et les mâles vendus broutards. L’année dernière », poursuit il, « les broutards croisés ont été vendus à 10 mois pour un poids de 450-460 kg et cette année à 7 mois pour 380 kg. A titre de comparaison, les veaux issus de vaches font en moyenne 25 à 30 kg de plus. J’ai observé que la production laitière des génisses qui vêlent à deux ans est globalement inférieure, même si cela dépend de chaque animal et de leur état corporel. Je pense que c’est en partie lié au fait qu’elles ont des capacités d’ingestion moindres. »
Dès que le vêlage a eu lieu, Bruno Colombet veille à fournir aux mères une alimentation encore très riche. Les mères sont alors séparées et elles reçoivent 15 kg d’ensilage de maïs (contre 10kg pour les vaches) et 2 kg de concentrés (contre 1 pour les vaches), en plus d’un ensilage d’herbe et de paille à volonté. Le concentré est fabriqué à la ferme à partir de tourteau de soja acheté et de céréales produites sur l’exploitation (triticale, blé ou orge), distribué sous forme de farine.

De 40 à 20 génisses présentes sur l’exploitation

Avec moitié moins de génisses sur l’exploitation, l’éleveur gère plus facilement ses stocks fourragers grâce au vêlage à deux ans. « Ma première motivation pour adopter ce vêlage précoce était liée aux sécheresses successives que nous subissons depuis 1996. Nous avions des réserves fourragères insuffisantes qui nous ont conduit à acheter du maïs ou de la luzerne. Par ailleurs, ce système permet de limiter un petit peu le poids des carcasses des vaches, les poids très élevés n’étant pas valorisés par les filières qualité. L’optimum recherché actuellement concerne des poids de 440 à 460 kg. Au delà, il est plus difficile de les valoriser dans les filières qualité et la perte est de 0,15 à 0,25 centimes d’euro par kg. »
L’inconvénient majeur que l’éleveur avait observé jusqu’à aujourd’hui était un retard de retour en chaleur après le vêlage. Cette année, il a fait l’expérience d’une complémentation vitaminée qui semble porter ses fruits. « Je leur ai administré une cure vitaminée un mois et demi avant la date d’IA et cette année, les retours en chaleur ont été meilleurs que l’an dernier. Au premier janvier, toutes les primipares ont été inséminées. Je continue la cure à ce jour de façon à bien détecter les éventuels retours en chaleur. »
De 45, le troupeau de vaches mères est passé à 55 avec le système vêlage deux ans et le nombre de génisses de renouvellement a été divisé par deux, pour un taux de renouvellement de 30%.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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