Non, ce n’est pas une plaisanterie : de nouvelles contraintes nées de la demande de la Société en général et de la Filière Lait en particulier font réfléchir certaines laiteries (bien en dehors des zones AOC) à des circuits de collecte spécifiques pour le lait à l’herbe qui bénéficie d’une image valorisante...
De plus le souci du « bien-êtreanimal », circonscrit pour le moment aux élevages hors-sol, pourraitaussi bientôt s
’appliqueraux ruminants et obliger par exemple les vaches à pâturer au moins 2 ou 3 moisdans l’année,histoire de leur rappeler les coutumes alimentaires de leurs ancêtres!
Plus stricte encore, l
’exigencede systèmes 100% herbagers avec une part importante de vrai pâturage et d’herbe conservée par voie sèche exclusivement, trotte dans l’esprit d’entreprises soucieuses de se démarquer en collectant un lait « débanalisé ».
Par rapport à cette nouvelle donne il fautdès à présent se poser des « questions tournées vers l
’avenir »:
« Peut-on proposer des systèmes deproduction « tout herbe », faciles à gérer, performantséconomiquement et répondant aux besoins des transformateurs ?
« Peut-on en période hivernalesupprimer le maïs ainsi que l
’herbeconservée par acidification (ensilage) ou fermentation (enrubannage) enutilisant une ration de base composée uniquement de foin (conservé par voiesèche) ?
L
’analyseque chaque l’éleveurdoit faire peut être la suivante:
En premier lieu, comparer la taille de sonexploitation ou de la surface consacrée au troupeau laitier à l
’importancede son quota ( « chargement lait » ) , car les rendements entonnes de MS par ha ou mieux en UF par ha sont déterminants dès lors qu’ils’agit deproduire sur peu d’espace ;situation qui ne joue pas vraiment en faveur de l’herbedans certaines régions.
Ce sont ensuite la météo et en particulier,la pluviométrie, ainsi que la nature des sols, qui décident pour une bonnepartie du système fourrager. C
’estnotamment le rapport de rendement entre herbe et maïs qui oriente la part desdeux dans la surface fourragère : la question est vite tranchée en zonede montagne où la culture du maïs est quasiment impossible, et le « toutherbe » risque de coûter cher dans les régions où la pâture n’estpossible que pendant quelques mois.
Une fois trouvé l
’équilibreentre le maïs et l’herbe,il reste à analyser son parcellaire afin d’optimiserla part de pâturage dans ses surfaces accessibles aux vaches laitières, carrappelons-le encore une fois : l’herbegarde un avantage économique certain tant qu’elleest pâturée. Les pays ou les régions qui affichent les coûts de productionles plus faibles sont en mesure de fournir à leurs vaches de l’herbepâturée pendant 8 à 10 mois voire toute l’année !
Et pourtant on rencontre encore trop souventdes éleveurs qui implantent en culture de vente une parcelle attenante aubâtiment des laitières uniquement pour ne pas perdre la prime (car la PACavouons-le guide elle aussi les choix de système fourrager) , mais quialimentent déjà quelques semaines après la mise à l
’herbe,faute de surface suffisante, avec des fourrages conservés !Le débat actuel ne porte pas sur plus oumoins de maïs ou plus ou moins d’herbedans la surface fourragère car on peut gagner autant avec l’unet l’autre dessystèmes : c’està chaque éleveur « de faire le tour » des moyens dont il disposeet des techniques qu’ilpense maîtriser ; il s’agitplutôt de voir dans quelle mesure les ensilages de maïs et d’herbepeuvent être supprimés
Si l’onest « à fond dans la génétique », il faudra choisir entreperformances zootechniques et utilisation exclusive d’herbedans la ration de ses laitières « été comme hiver », car les deuxne sont pas compatibles ! En effet, même largement complémentée« à grand coup » de concentré (dans la limite des problèmesdigestifs), il est pratiquement impossible de rivaliser avec les niveaux deproduction atteints avec des rations mixtes contenant du maïs.
De ce fait, pour remplir une mêmeréférence, il vous faudra un peu plus de vaches renouvelées certes moinsrapidement, mais par des génisses qui vêleront vers 3 ans plutôt que 2, d’oùun besoin en logement et équipement plus important ; vis-à-vis de la Miseaux Normes : le foin ne présente pas de risque pour l’environnementet ne demande donc pas d’installationparticulière (pas de silo étanche, pas de fosse).
Pour ne pas trop pénaliser les lactations àcause d’éventuelsmauvais foins, il est préférable de démarrer les débuts de lactation avec dela pâture, ce qui peut bouleverser complètement « les habitudes »et remettre en question toute l’organisationdu travail sur l ’exploitationy compris les autres ateliers…
Eh oui ! Vous l
’avezdeviné : produire du lait à partir de pâture et de foin exclusivement n’estrentable que chez ceux qui ont adopté ce système depuis déjà fort longtempset ont donc aussi raisonnés les investissement en conséquence…
Que les producteurs intéressés par laquestion se rassurent : à l
’instardes Laits AOC ou Bio, les industriels concernés leur proposent une prime (dontle montant reste à négocier) afin de les aider financièrement dans cette« espèce de reconversion ».
Ce qui suit s
’adresseaux candidats « à la reconversion » :
Utiliser quand on le peut d
’avantaged’herbepâturée permet de réduire le coût des fourrages mais demande beaucoup detechnicité car c’estmoins « casse-tête » d’ensilerdu maïs que d’observerla pousse de l’herbeet d’agir enconséquence (ajustement continu du nombre d’animauxet des surfaces, déplacements de clôture et de bêtes, fauche…)
Rappelons aussi que la valeur énergétique d
’1Kg de MS d’herbepâturée est toujours plus élevée que celle de l’herbefauchée (perte au sol et pendant la conservation)
En pâture peut-on mieux valoriser lepotentiel de production des prairies en utilisant par exemple des rythmes depâturage plus lents, ce qui permettrait certainement de constituer en quelquesorte des « petits stocks » d
’herbesur pied et de réduire ainsi la complémentation du pâturage par du foin (place au rendement au détriment de la qualité…)? A voir certainement après le pic de lactation…
Notons que l
’herbepâturée se complémente très bien avec de la céréale (blé surtout, quidevient de plus en plus intéressant à auto-consommer avec la nouvellePAC) ?Les systèmes tout herbe mobilisent plus decapitaux car plus de vaches pour faire le quota, plus d
’hectarespour les nourrir et surtout plus de place pour les loger l’hiver, elles,mais aussi les génisses de renouvellement qui vêleront plus âgées (donc unecatégorie de plus). Les charges opérationnelles sont beaucoup plus faiblessauf le coût de l’alimentationconcentrée des vaches qui devient énorme lorsque le foin a séché au sol parmauvais temps !Le coût de mécanisation représente plus d
’untiers des Charges de Structure, c’estpourquoi il faut rechercher le meilleur équilibre possible entre fourragespâturés / fourrages conservés / concentrés.Il faut trouver le « justemilieu » entre un outil performant dont le coût d
’acquisitionpénalise le revenu et un matériel sous dimensionné qui entraîne des temps detravaux trop longs par rapport aux jours disponibles (météo, main d’oeuvre…),pas facile…Remarquons qu
’enterme de gestion le matériel appartenant à l’éleveurest affecté en charge de structure, alors que celui qui délègue à l’entrepreneurse créé une nouvelle charge opérationnelle.Si le poids de la mécanisation estinsignifiant pour la pâture, il est par contre très variable pour le foinselon les méthodes de récolte et de conservation de celui-ci :
La moins chère mais la plus dépendante de lamétéo : fauchage simple (sans conditionneur) avec étalement sur toute lalargeur de coupe (ou éventuellement passage de roue), séchage au sol aussilongtemps que nécessaire, andainage, pressage en grosses balles (rondes ourectangulaires) ou autochargeuse si parcelles proches du bâtiment.
La plus chère car elle permet de s
’affranchir« presque » totalement des conditions météorologiques :fauchage avec conditionnement notamment par brossage (système HPC) avecétalement sur toute la largeur de coupe, fanage répété selon la météo,andainage, pressage en grosses balles (rondes ou rectangulaires avec enrubannagesi manque de MS…non c’està priori interdit !)ou autochargeuse si parcelles proches (avec séchage en grange si manque de MS).Le séchage en grange permet de récolterrapidement et surtout tôt au printemps de l
’herbejeune sous forme de foin à une époque où le séchage au sol est presqueimpossible et de conserver à ce fourrage de qualité toute sa valeuralimentaire et son appétence.L
’investissementinitial est important mais il permet une nette réduction des chargesproportionnelles liées : d’unepart aux animaux car dans bien des cas le concentré peut se limiter à de lacéréale ; d’autrepart aux végétaux car la dépense énergétique (électricité, gaz ou gasoil)reste inférieure aux coûts du conservateur et des bâches nécessaires à untonnage équivalent ensilé ! En outre, la récolte à l’autochargeuse supprime l’utilisationde ficelle ou de filet…L
’appréciationdu séchage du foin en grange est différente selon qu’ils’agit deballes rondes ou de vrac : en effet, compte tenu des difficultés pratiquesde mise en œuvre(manipulation et qualité du séchage), la première méthode paraît plusadaptée comme un complément à d’autrestypes de stockage plus classiques et peut donc se comparer en terme de« profil d’utilisation »en particulier à l’enrubannage.Le séchage en vrac par contre se positionne comme le mode de stockage principaldans une exploitation à forte proportion d’herbe,voire tout herbe…Même si les coûts de mécanisation (frais derécolte principalement) sont plus importants en système avec ensilage, lecoût d
’uneinstallation neuve de séchage du foin en grange ressort plus élevé parrapport aux techniques classiques, et seule un e plus-value sur le produit peutéconomiquement justifier ce type d’investissement.uelques données technico-économiques sur lessystèmes pâture/foin
(14 éleveurs issus de l’EchantillonNational de 1100 éleveurs adhérent au suivi technico-économique ECOLAIT en2000)
Pour plus de précisions n
’hésitezpas à nous contacter :btpl@btpl.fr
Remarques :
Les structures des systèmesfoin/pâture sont généralement plus modestes en terme de surface totale (SAU)et en terme de quota surtout, mais la taille des troupeaux reste semblable àcelle « des autres systèmes », car le rendement laitier des vachesest beaucoup plus faible du fait d’unealimentation moins riche principalement sur la période hivernale (valeurs dufoin très aléatoires) qu’unecomplémentation en concentré ne saurait compenser !
Cette alimentation moinsperformante conduit les éleveurs à faire vêler les génisses derenouvellement vers l’âgede 3 ans, ce qui en nécessite un plus grand nombre d’oùun chargement à l’hectarelégèrement supérieur, alors que paradoxalement les prairies ne semblent pasmieux fertilisées ! (la paille prend aussi une part importante dans l’alimentationde ces « génisses extensives » mais les surfaces correspondantes nesont pas prises en compte dans la SFP).
Ces rations hivernales àbase de foin manquent d’énergieet de matières azotées, elles obligent donc aussi les éleveurs à fairevêler au printemps de façon à démarrer les lactations avec de la pâture.
C’est le poste des « primes » (affectées au Troupeau Laitier) quipâtit le plus de l’absencede maïs ensilage dans la ration. Il faut reconnaître que cette culture quandelle est utilisée comme fourrage est « doublement rentable »…
En ce qui concerne lesCharges Opérationnelles, ce que les éleveurs économisent d’uncôté (Frais de culture), ils le dépensent de l’autre :Alimentation concentrée des vaches et ce malgré une forte utilisation decéréales (les graines de protéagineux « faisant leur entrée »pour l’instantdans les rations …),Frais d’élevagecar de nombreux sous-postes y comportent des forfaits à la vache (qui donne peude lait…)
Les éleveurs en question sontglobalement plus pénalisés par un manque de produit (faible recette lait) quepar un supplément de charges opérationnelles
Les Charges de Structureau Troupeau Laitier apparaissent légèrement supérieures, avec des niveauxrelativement élevés en ce qui concerne le coût de la main d’œuvre(qui pourtant se résume dans presque tous les cas à la famille), le Foncier etles Frais généraux (les plus délicats à ventiler…).
En revanche lesAmortissements du matériel et des bâtiments sont beaucoup plus réduits mais« se reportent » sur les Frais d’Entretien. !
La « sécuritéalimentaire » existe aussi pour les animaux d’élevage.Avec du foin traditionnel séché au sol elle risque d’êtremise à rude épreuve les années à la météo défavorable (fin mai/débutjuin) et c’estpourtant son revenu sur plusieurs mois « d’hiver »que l’éleveurprépare en 1 ou 2 semaines de fenaison !
Michel BOURCY (BTPL)
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