Stratégie. Avec trois ans de recul, Eilyps démontre que les éleveurs de génisses spécialisés obtiennent des performances technico-économiques supérieures à la moyenne.
Lancé en 2015, le service Deleg’génisses d’Eilyps implique aujourd’hui 45 naisseurs et 13 éleveurs, dont un bio. Ce sont ainsi 680 génisses dont l’élevage a été délégué contractuellement en 2017 en Ille-et-Vilaine, soit trois fois plus qu’en 2015. Le succès est donc au rendez-vous. La méthode choisie par l’organisme n’y est pas étrangère. Les risques sanitaires, principal écueil à la circulation des animaux d’un élevage à un autre, sont scrupuleusement maîtrisés (voir encadré). Les éleveurs de génisses sont souvent d’anciens producteurs de lait, choisis sur leurs performances technico-économiques. Ils se retrouvent quatre fois par an autour des thématiques de leur choix : parasitisme, coûts, organisation du travail… L’objectif est de répondre à leurs besoins pour les aider à progresser.
Depuis le lancement de ce service, 360 génisses sont retournées chez leur naisseur, un effectif suffisant pour analyser les chiffres. Ces données concernent majoritairement des animaux holsteins (8 % de races mixtes). On voit clairement que le système pousse à de bonnes performances. L’âge au vêlage est raccourci de plus de cinq mois en moyenne (voir tableau). L’insémination fécondante se produit à 15 mois et demi.
Attention à la trésorerie en phase de transition
Les objectifs de poids sont atteints malgré un certain retard (environ 10 kg) observé chez les naisseurs. Par crainte de diarrhées, ils ont tendance à limiter l’apport de lait, d’où un GMQ en retrait de 400 g par rapport aux objectifs. À six mois, les génisses pèsent, en moyenne, 191 kg pour un objectif à 200 kg. Elles atteignent 401 kg à 15 mois. Et surtout, elles dépassent largement l’objectif (570 kg) 50 jours avant le vêlage puisqu’elles pèsent 615 kg. Les niveaux de production sont augmentés là où la comparaison est possible.
D’autres avantages sont mentionnés par les naisseurs. Les besoins fourragers sont réduits, d’où la possibilité d’augmenter l’autonomie ou de développer des cultures de vente. La pression azotée baisse avec le chargement. Et il y a moins de travail.
Cependant, Cyril Renaudin, en charge de cette activité chez Eilyps, met en garde sur la nécessité d’anticiper une trésorerie tendue en période de transition. « Au début, le naisseur continue de supporter les frais liés à l’élevage des grandes génisses encore à sa charge. Et il doit verser 150 euros par trimestre pour chaque génisse déléguée. »
Les éventuelles surfaces mises en cultures de vente ne génèrent des recettes qu’au bout d’un an. Et les 150 € versés chaque trimestre sont des acomptes comptabilisés en provisions. Ces sommes pèsent sur la trésorerie. « Pour éviter les problèmes financiers, il convient de bien raisonner sa stratégie de renouvellement, et de ne garder que les femelles nécessaires au renouvellement », conclut-il.
Des génisses plus précoces et plus productives | ||||
Effectif(1) | Avant délégation | Après délégation | Écart | |
Âge au vêlage (mois) | 186 | 29,3 | 23,9 | - 5,4 |
Production (kg de lait) | ||||
Premier contrôle | 120 | 24 | 25,9 | 1,9 |
Deuxième contrôle | 120 | 24,1 | 25,1 | 1 |
Troisième contrôle | 120 | 23,4 | 24,4 | 1 |
Leucocytes (x 1 000 cellules) | ||||
Premier contrôle | 120 | 274 | 190 | - 84 |
Deuxième contrôle | 120 | 186 | 143 | - 43 |
Troisième contrôle | 120 | 150 | 183 | 33 |
(1) Les comparaisons ont été réalisées sur les mêmes élevages et donc avec des conduites identiques. Source : Eilyps |
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