
Jérôme Tondeux a choisi la productivité laitière et la mise à la reproduction des génisses dès l’âge de 12 mois pour optimiser la rentabilité de son système d’exploitation.
L’objectif du Gaec Tondeux est clair : produire 710 000 litres avec le moins de vaches possible, pour optimiser la rentabilité d’une stabulation de 63 logettes construite en 2015 et équipée d’une stalle robotisée Lely A2, achetée d’occasion. Dès lors, la stratégie mise en œuvre repose sur l’abandon du pâturage des laitières et la recherche de productivité individuelle (11 300 litres/VL). « J’ai choisi de m’occuper des animaux en bâtiment pour être plus efficace, explique Jérôme Tondeux. Avoir moins de vaches, sans l’astreinte de la traite, c’est plus de temps à consacrer aux soins du troupeau. »
La qualité des soins autour du vêlage et de la conduite des petites génisses a permis cette année de mettre à la reproduction les génisses dès l’âge de 12 mois, pour un vêlage prévu entre 21 et 22 mois.
Tout d’abord, le vêlage a lieu le plus souvent dans le bâtiment des taries ou dans un box dédié en stabulation, tous deux équipés d’une caméra de surveillance.
« Le veau et sa mère sont drenchés après la mise bas »
« Je préfère ne pas changer les vaches de bâtiment au moment du vêlage, car c’est un stress important pour l’animal qui pourrait compliquer la mise bas », souligne l’éleveur. Le veau est immédiatement séparé de la mère, séché avec de la paille et son nombril désinfecté avec un produit à base de teinture d’iode. Quelle que soit l’heure, la mère est traite au robot et le veau reçoit 4 litres de colostrum par drenchage. En sortie de robot, la mère est aussi systématiquement drenchée, avec 1 kg d’un complexe de calcium soluble, vitamines, oligo-éléments et électrolytes (Vitadrench) dilué dans 40 litres d’eau tiède, puis reçoit une injection d’ocytocine. « Depuis que j’ai recours à cette pratique, je n’ai plus de fièvre de lait. » En amont, les vaches taries ont une phase de préparation au vêlage de deux à trois semaines, avec une ration de 15 kg bruts de maïs, 4 kg de paille, 2 kg de colza, 30 g d’urée, 200 g d’un minéral spécial taries de type 5/25/5 (Vitaform), complétée par 2 kg d’un aliment spécifique (Anion Booster) à base de sels anioniques pour faire baisser la baca et 100 g de glycoline (propylène glycol).
« Une buvée plus concentrée en poudre de lait »
Les génisses sont élevées dans une niche extérieure pendant un mois environ. Six heures seulement après la prise de colostrum, un second repas issu de la deuxième traite de la mère leur est proposé. Puis, elles passent au lait reconstitué (Génilac, de Vitalac : 50 % de poudre de lait écrémé et 26 % de protéines, avec un cocktail d’acides organiques pour favoriser le caillage dans la caillette). Pour obtenir une croissance soutenue, le plan d’allaitement repose sur une augmentation de la concentration en poudre de la buvée, soit 160 g de poudre de lait/litre d’eau (voir encadré). Pendant les huit premiers jours, le repas est distribué au biberon, puis à la tétine flottante à 40 °C. Dans un espace carrelé et propre, chaque repas est préparé individuellement pour respecter les quantités. Les seaux sont ensuite lavés, désinfectés avec une pulvérisation de peroxyde et mis à égoutter. Grâce à cette hygiène rigoureuse, le taux de mortalité sur l’exercice s’élève à 5 %, soit trois veaux morts de diarrhées dans les quinze premiers jours . Dès la première semaine, un aliment premier âge (20 % de MAT), de la paille et de l’eau sont mis à disposition. Puis, lorsque les éleveurs peuvent constituer un lot de cinq, elles passent en niche collective placée sous un bâtiment. La buvée reste distribuée en seaux individuels équipés de tétines flottantes. À l’auge, l’aliment concentré est mis à volonté et renouvelé régulièrement dans une auge propre. « Les génisses sont sevrées à plus de 90 kg et consomment environ 2 kg d’aliment. Je contrôle leur poids au ruban et s’il n’est pas atteint, je prolonge d’une semaine l’alimentation lactée », précise Jérôme.
« Passer à Bovins croissance pour contrôler les GMQ »
Après le sevrage, les génisses vont en box collectif. Elles conservent le même aliment concentré jusqu’à 6 mois (environ 3,5 kg/j) et de la paille broyée . « Je ne broie pas la paille avant le sevrage. Sinon, les veaux ne mangent pas assez de concentré. » De 6 à 10 mois, la ration se compose de paille broyée à volonté, 10 kg bruts de maïs, 1,3 kg de colza et 200 g de minéral. Enfin, de 10 mois jusqu’à ce que les génisses soient confirmées gestantes, elles ont le refus des laitières (ration à 28 kg de lait), 1 kg de colza, de la paille à volonté et 200 g de minéral génisse (5/25/5).
Sur la base de ces pratiques, depuis l’été, six génisses ont été mises à la reproduction à partir de 12 mois, pour un résultat de 1,6 IA/génisse. Trois autres n’affichaient pas le poids attendu, c’est-à-dire moins de 380 kg. « Je pèse au ruban systématiquement au sevrage et à l’âge de 10 mois. Avec le contrôle laitier, je vais prochainement passer à un suivi de croissance qui prévoit quatre pesées par génisse afin d’évaluer les GMQ , dont une pesée à 10 mois pour anticiper la date d’insémination. » Jérôme prépare ainsi l’installation de son épouse et une augmentation attendue de la production de 200 000 litres, sans investissements en bâtiments, juste en installant huit logettes supplémentaires et un deuxième robot d’occasion.
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