Bichonner les jeunes veaux pour des vaches rentables

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Avant sevrage. La carrière d’une vache se détermine en partie pendant les deux premiers mois après sa naissance. Cela suppose des contraintes, mais le retour sur investissement est important. Une nutritionniste danoise insiste sur les points essentiels.

La mortalité et la morbidité des veaux avant sevrage restent un handicap majeur pour nombre d’élevages laitiers. Ce simple critère influence durablement les coûts de production, et pas seulement ceux du renouvellement.

En France, plusieurs enquêtes ont montré que le taux de mortalité des jeunes veaux dépasse souvent les 10  %. Les élevages nord-américains de moins de 100 vaches, régulièrement montrés en exemple, connaissent aussi des taux de mortalité importants, autour de 6 %. Il n’y a guère que les grands troupeaux qui présentent de meilleures statistiques et s’approchent d’un objectif de 2,5 %. L’hypothèse est qu’un salarié dédié à l’élevage des veaux obtiendrait de meilleurs résultats.

L’enjeu de la phase lactée

Les données américaines et européennes vont toutes dans le même sens : 50 % des veaux meurent dans les deux premières semaines de vie. Dans 56 % des cas, ces pertes sont liées à une pathologie digestive (diarrhées) et 22 % des pertes sont liées à une malade respiratoire (source : US Nahms 2007), sachant que ces deux infections sont souvent corrélées. Des mortalités élevées cachent bien d’autres conséquences zootechniques et économiques.

Une étude néerlandaise démontre en premier lieu qu’une génisse qui subit une maladie avant le sevrage coûtera, en moyenne, 95 € supplémentaires. Derrière ce coût direct s’enchaînent d’autres conséquences négatives.

Cela peut être étonnant, mais les chiffres ne sont pas contestables : il existe une corrélation forte entre la croissance avant sevrage et la production de la future laitière. Les statistiques, combinant une série d’études (méta-analyse), aboutissent à 621 kg de lait supplémentaire en première lactation pour 400 g de croissance en plus au sevrage. L’enjeu d’une phase lactée réussie est d’obtenir un vêlage précoce, avant 24 mois et non plus à 30 mois. Ces six mois d’écart, les Néerlandais les chiffrent à 400 €/ génisse uniquement sur le coût d’élevage qui, en moyenne, se situe à 1 567 €/génisse. S’ajoutent au bénéfice d’un vêlage précoce, un niveau de première lactation plus élevé et une longévité de la vache améliorée. Soit une carrière de l’animal beaucoup plus profitable.

Le top 10 des bonnes pratiques danoises

Comment réduire drastiquement la mortalité des jeunes veaux et réussir les premiers vêlages à 22-23 mois ? Rikke Engelbrecht, consultante nutritionniste danoise, spécialiste de la santé des veaux, nous livre son top 10 des pratiques à mettre en place pour y parvenir et qui sont trop souvent négligées.

Une alimentation minérale spécifique pour les vaches taries et les génisses gestantes qui ne fait pas l’impasse sur le sélénium, le zinc, les vitamines E et A, afin d’assurer un colostrum de bonne qualité.

Séparer les génisses des vaches taries de façon à limiter leur stress. Les observations montrent une baisse de mortalité de 15 % sur les jeunes veaux issus de ces génisses. Ce n’est pas toujours facile à organiser dans le bâtiment, mais une simple barrière et un point d’abreuvement supplémentaire suffisent.

Disposer d’un vrai box de vêlage isolé de l’ensemble du troupeau, prendre soin de le nettoyer et de le désinfecter régulièrement, si possible après chaque vêlage. Les éleveurs qui s’astreignent à cette contrainte constatent des résultats positifs sur la mortalité des veaux.

Isoler le plus rapidement possible le nouveau-né de sa mère limite les risques de contamination. Mais il faut prendre soin de le sécher et de le garder au chaud (entre 15 et 25°C) dans un endroit propre. Désinfecter le nombril avec une solution iodée à 7 % minimum est aussi un impératif.

S’assurer de l’ingestion d’au moins quatre litres d’un colostrum de qualité le plus tôt possible après la naissance. L’utilisation d’un réfractomètre permet de contrôler la qualité du colostrum.

Tenir strictement le programme de l’alimentation lactée, de préférence avec deux repas par jour, en contrôlant précisément les quantités de lait distribuées et la température de la buvée.

L’hygiène du matériel servant à la distribution des buvées doit être irréprochable. En moins d’une vingtaine de minutes, la quantité de bactéries pathogènes dans le lait, comme les salmonelles, peut doubler.

L’aliment de démarrage doit être à disposition en permanence pour le jeune veau dès les premiers jours. Il doit être suffisamment riche en sucre (6-7 % de mélasse) et en protéines.

L’eau contenue dans le lait n’est pas suffisante pour couvrir les besoins du jeune veau. Il doit avoir à disposition en permanence quatre à cinq litres d’eau propre.

En cas d’apparition de diarrhées, une solution d’électrolytes doit être administrée d’urgence dès les premiers signes.

Rikke Engelbrecht rappelle aussi que la majorité des infections néonatales du veau sont dues à des bactéries Gram-, essentiellement salmonelles et Escherichia Coli avec une contamination possible dès la naissance. Pour une protection supplémentaire du veau, lorsque toutes les mesures préventives ont été prises, elle conseille l’usage d’acides organiques, distribués dans la buvée dès les premiers jours. Un essai réalisé au Danemark a montré l’efficacité de ce traitement sur la croissance des génisses avant sevrage (voir encadré).

Dominique Grémy
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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