La vaccination, un outil de prévention sous-utilisé

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Administration. Voie sous-cutanée ou intramusculaire, voire intranasale, il faut impérativement respecter les indications et utiliser l’aiguille adaptée.
Administration. Voie sous-cutanée ou intramusculaire, voire intranasale, il faut impérativement respecter les indications et utiliser l’aiguille adaptée. (©Cédric Faimali/GFA)

L’arsenal vaccinal est assez riche en élevage bovin, mais les éleveurs laitiers français n’en font qu’un usage modéré. En partenariat avec le vétérinaire, la vaccination devrait s’aborder davantage dans une stratégie globale de prévention du risque infectieux.

La vaccination est une stratégie de prévention contre de nombreuses maladies virales et bactériennes. L’objectif est de développer chez les animaux une réaction immunitaire contre un pathogène bien défini, de façon à éviter ou atténuer fortement les conséquences cliniques d’une infection. Les vaccins utilisés sont des médicaments vétérinaires, sous prescription, qui ont obtenu une autorisation de mise sur le marché à la suite d’essais cliniques à grande échelle démontrant leur efficacité et surtout leur innocuité.

Dans quelle situation prend-on la décision de vacciner ?

« L’éleveur et son vétérinaire se placent dans une action préventive. Quand le bilan sanitaire détermine un risque infectieux, la vaccination s’envisage alors dans un protocole de lutte plus large qui inclut l’hygiène, l’ambiance du bâtiment, les mouvements d’animaux, etc. L’éleveur peut aussi considérer la vaccination comme une assurance : les conditions d’hygiène et de logement sont bonnes, mais il préfère investir dans un vaccin plutôt que subir des pertes économiques importantes. Quoi qu’il en soit, la vaccination se raisonne avant l’exposition au risque. Dans quelques cas particuliers, une vaccination d’urgence peut s’envisager, mais ce n’est pas l’objet de ce médicament », explique Gérard Bosquet, praticien et secrétaire général de la SNGTV (Société nationale des groupements techniques vétérinaires).

Les infections respiratoires

Plusieurs agents infectieux, virus ou bactéries, peuvent créer une inflammation respiratoire. D’où l’importance d’identifier le risque et de choisir le vaccin possédant la ou les valences correspondantes. Dans certaines situations complexes, une analyse PCR, par exemple, peut permettre d’identifier les agents. Les jeunes veaux sont les animaux les plus exposés, car dépourvus d’anticorps, mais une maladie respiratoire peut faire des dégâts jusqu’à 18 mois. « Ces infections peuvent être pénalisantes. Une génisse avec un poumon dégradé ne fera jamais carrière et le risque de mortalité est élevé. D’où l’importance de la ­vaccination dès les deux premières semaines de vie du veau. Mais on ne peut pas tout demander à un vaccin. Les conditions de logement, de ventilation sont aussi à prendre en compte », précise Gérard Bosquet.

Les virus : le VRS (virus respiratoire syncytial) est le plus répandu avec des souches qui peuvent être très virulentes. L’inflammation des voies respiratoires peut s’accompagner d’une surinfection bactérienne qui aggrave les signes cliniques. Plusieurs vaccins sont disponibles pour prévenir le VRS. Certains ont aussi une action contre d’autres virus, le PI3 ou la BVD, car la maladie des muqueuses est souvent isolée dans les troubles respiratoires (on parle de co-facteur). La vaccination se pratique à partir de l’automne-hiver, souvent en deux injections espacées de quatre semaines. La durée de la protection est assez courte, trois à quatre mois, et nécessite parfois un rappel au printemps. Il existe un vaccin VRS qui s’administre par voie nasale et qui apporte une immunité locale assez rapide.

Les bactéries : Pasteurella multocida, Mannheimia haemolytica, Histophilus somni, Mycoplasma bovis sont les agents bactériens les plus fréquents. Il est utile de vacciner si le vétérinaire soupçonne une présence dans l’élevage.

Les infections du système digestif

Les entérites néonatales peuvent être provoquées par des virus, des bactéries ou des parasites (Cryptosporidium). L’hygiène joue un rôle majeur dans l’apparition de cette pathologie. La première prévention est de protéger le veau naissant des réservoirs de germes : cases désinfectées, éloignement des bovins adultes, etc. Ensuite, la prise colostrale est primordiale. Elle doit se faire en respectant trois règles essentielles : 4 litres avant les 6 heures de vie avec un colostrum de qualité (vérifié au réfractomètre). Cela étant respecté, l’éleveur peut envisager la vaccination. Elle accroît dans le colostrum la quantité d’anticorps dirigés contre les germes concernés. Car ce n’est pas le veau que l’on vaccine, mais sa mère (jusqu’à huit semaines avant le vêlage) pour un transfert de l’immunité vaccinale via le colostrum. Aucun vaccin n’étant actif sur toutes les valences, le vétérinaire devra identifier quelles sont les souches à risque dans l’élevage.

Les virus : rota et corona virus provoquent une diarrhée à l’aspect de mucus, jaunâtre, et une déshydratation progressive. Les symptômes n’apparaissent pas avant cinq jours de vie. La protection vaccinale est assez efficace.

Les bactéries : E. Coli provoque une diarrhée liquide avec une déshydratation rapide, souvent dès le premier jour de vie. La vaccination assure aussi une bonne protection. Plus rare, Salmonella est aussi responsable de diarrhée (au-delà de dix jours de vie), mais la vaccination systématique n’est pas recommandée.

Les parasites : les cryptosporidies provoquent une diarrhée aiguë, souvent avec du sang. Elle peut se déclencher entre sept et quinze jours de vie. Il n’y a pas de vaccin disponible contre les cryptosporidies, ni contre les coccidies. Seules des mesures d’hygiène assurent la prévention nécessaire, en utilisant notamment des désinfectants efficaces en cas d’épisode clinique : l’eau chaude à haute pression ne suffit pas. « La mortalité néonatale s’élève en moyenne à 20 % dans les troupeaux laitiers français. Sans oublier les retards de croissance irréversibles qui handicapent définitivement la carrière de la future vache laitière. Ajoutons le coût des traitements, l’usage d’antibiotiques, le travail supplémentaire et l’effet déprimant d’avoir des veaux diarrhéiques », insiste Gérard Bosquet.

Les maladies de la reproduction

La BVD (diarrhée virale bovine) provoque de la mortalité embryonnaire et des avortements. Il existe des programmes régionaux d’éradication de la maladie. Cela passe par le dépistage et l’élimination des animaux IPI (infectés permanents immunotolérants) sur lesquels la vaccination n’a aucun effet. La recommandation vaccinale dépend du contexte de l’élevage. Elle s’impose si le risque de réinfection est important. C’est une mesure de biosécurité, surtout en cas d’achat d’animaux.

La leptospirose est une infection bactérienne, souvent transmise par les rongeurs, qui provoque des avortements, une baisse de fertilité et des chutes de production. Elle peut être à l’origine d’une zoonose (transmission à l’homme). La vaccination est le principal outil de prévention (avec l’élimination des rongeurs) si le vétérinaire a identifié un risque. Elle permet de prévenir l’installation de l’infection et la diffusion de la bactérie dans l’élevage.

Les mammites

Depuis 2009, il existe un seul vaccin en Europe (Startvac®) utilisable pour la prévention des mammites à E. Coli, Staphylococcus aureus et Staphylococcus coagulase négative. Les mammites à streptocoques ne sont donc pas concernées. « Dans un contexte de prévention de l’antibiorésistance, ce vaccin est un outil de lutte supplémentaire. Il réclame l’identification des germes responsables par des analyses bactériologiques et l’association des mesures d’hygiène indispensables pendant la traite et dans le bâtiment », explique Gérard Bosquet.

Le protocole vaccinal prévoit trois injections :

— 45 jours avant vêlage ;

—10 jours avant vêlage ;

—52 jours après vêlage.

L’efficacité du vaccin Startvac® sur la prévalence des mammites cliniques est beaucoup commentée. Les vétérinaires qui le prescrivent notent une réduction de l’incidence et de la durée des infections, une efficacité sur les cellules et moins de contagions dans le troupeau.

Dominique Grémy

© Stéphane Leitenberger Archives - Stéphane Leitenberger Archives

© © Claudius Thiriet - Sous-utilisation. 31 % des éleveurs de bovins déclarent ne jamais vacciner leurs animaux. La proportion est sans doute plus élevée chez les éleveurs laitiers. © Claudius Thiriet

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