Ancien associé de Gaec et jeune retraité, Jean-Michel Adrian poursuit à 62 ans son activité de médiateur en relations humaines.
Longtemps, la ferme familiale a été gérée sur un mode vertical avec, à sa tête, un patriarche. Dans les Gaec et les collectifs de travail modernes, les agriculteurs ont dû apprendre à cogérer et à décider en commun pour le bien-être de tous. Une expérience pas si simple. Ancien éducateur spécialisé, habitué à fonctionner en équipe, Jean-Michel Adrian pensait connaître le travail à plusieurs. En intégrant à 40 ans un Gaec de cinq associés dans le Rhône (Lait de vaches et de chèvres avec transformation et vente directe), il a réalisé que tel n’était pas le cas.
Fonctionner en collectif s’apprend
« Un Gaec, souligne-t-il, est loin d’être une simple mutualisation de moyens. Dans cette structure au fonctionnement horizontal, les associés, copropriétaires de l’outil, partagent les mêmes outils de production avec des façons d’être, de faire différentes et des attentes diverses. Logiquement, il n’y a ni patron, ni ayant droit. Dans les faits, beaucoup d’agriculteurs souffrent d’un leadership centralisé qui s’impose aux associés plus discrets. » Pour Jean-Michel Adrian, le leadership partagé est une solution. « C’est une délégation implicite des associés avec des comptes à rendre au collectif. Chacun est responsable d’un atelier. Dans un Gaec père-fils, tous deux passionnés de vaches, l’un peut s’occuper davantage de l’alimentation, alors que l’autre prend en charge la génétique du troupeau. Tout en restant polyvalent, chacun a une vraie place et peut faire des essais, des “erreurs” et en tirer des enseignements. L’agriculture est un métier d’expérience, ne l’oublions pas. Chacun doit faire la sienne pour prétendre à une compétence et être reconnu par les autres associés. »
La spécificité des Gaec familiaux
En tant que médiateur, l’agriculteur du Rhône a beaucoup travaillé avec les Gaec familiaux. La plus grande imbrication entre le travail et la vie privée complique souvent les relations et crée des tensions au sein de la famille. Des broutilles peuvent se transformer en frustrations sous l’effet des non-dits. « S’affirmer face à un père qui a fonctionné seul pendant 30,40 ans et qui est extrêmement compétent n’est pas facile. Il faut se créer un espace d’échanges qui apaise les tensions. »
La présence d’associés dits fantômes (frères, sœurs, parents retraités qui ont conçu la ferme ou conjoints non exploitants), peuvent attiser les ressentiments.
Dans certaines situations, pour un éclairage exhaustif, le médiateur s’appuie sur une psychologue compétente en thérapie familiale et de couple. Parler ne suffit pas toujours. Communiquer est mieux, mais pour dire quoi ?


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