Accident. Certes, avec de longs mois de soins mais sans antibiotique local, la plaie a disparu.
Un éleveur appelle pour examiner une vache laitière qui s’est blessée au parc, probablement sur une clôture amovible en métal. Me rendant sur place, je constate la gravité de la blessure qui intéresse la face interne de la patte avant gauche sur une surface d’environ trois fois la paume de la main. La plaie touche la peau et plusieurs muscles (photo jour 0). Du pus est déjà présent ainsi qu’un important œdème.
Cette vache pourrait être éligible à un abattage pour animal accidenté puisqu’elle tient seule debout et se déplace seule, mais elle présente une hyperthermie (40°C). Deux options sont alors possibles : l’euthanasie ou la cicatrisation par seconde intention (cela consiste à laisser la plaie cicatriser seule sans suturer, mais avec des pansements) car le manque de peau et de muscle est si important qu’aucune suture n’est possible et qu’on ne suture pas une plaie infectée. L’éleveur décide de soigner la vache. Nous lui expliquons les étapes de la cicatrisation par seconde intention et décidons, dans un premier temps, de laver la plaie à l’eau, de mettre la vache sous anti-inflammatoire (pour gérer la douleur et l’inflammation) et sous antibiotique afin de laisser se dérouler la détersion (nettoyage de la plaie par l’organisme de la vache) pour déterminer quels sont les tissus vivants et les tissus morts.
Trois jours plus tard, la vache est revue. Nous pouvons à présent enlever à la main tous les tissus morts, puis effectuer un rinçage à l’eau et mettre alors un pansement favorisant la granulation (comblement du « trou » par de la nouvelle « chair » produite par l’organisme de la vache, photo J + 3).
Pansement tous les lundis et tous les vendredis
À chaque changement de pansement, nous effectuons un rinçage de la plaie à l’eau, sans utiliser aucun désinfectant car la plaie n’est plus infectée.
La vache est ensuite revue tous les lundis et tous les vendredis afin de changer le pansement (ce qui n’est absolument pas douloureux). L’antibiothérapie est poursuivie sur une durée totale de douze jours. La plaie va jusqu’au radius que l’on peut toucher et voir aisément (photo J + 3).
La vache a poursuivi sa lactation sans séquelles
La granulation s’installe rapidement (photo J + 36) et le comblement de la plaie se fait en quelques semaines. Cependant, l’épidermisation (nouvelle peau produite par la vache qui recouvre la plaie) a pris beaucoup plus de temps (environ deux mois), mais au bout de quatre mois, la plaie ne recouvre plus qu’une zone de 5 x 3 cm (photo J + 120). La vache est restée en stabulation et en lactation tout au long du traitement et ne présente absolument aucune séquelle.
Ce cas illustre qu’il ne faut pas vouloir « suturer à tout prix », que l’application d’antibiotique directement sur la plaie n’a pas forcément d’intérêt (aucun antibiotique appliqué localement dans ce cas) et que, comme le dit l’adage : « Patience et longueur de temps font plus que force et que rage. »
Le coût total des soins s’élève à environ 1 100 € HT, ce qui est équivalent à la valeur de 3 800 l de lait, soit environ 40 % de la lactation annuelle de cette vache qui a été ré-inséminée au cours des soins et qui n’a rien perdu de sa valeur laitière et bouchère. Elle pourra faire encore quelques lactations.
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