Alimentation. Quand elle n’est pas toujours disponible à volonté

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Reportage 2/3. Dans 70 % des élevages observés, les vaches ne disposent pas d’une ration à volonté. Ce manque de disponibilité a des conséquences sur la production et crée des situations de compétition.

Les vidéos réalisées en élevage montrent que dans la majorité des cas, l’auge est vide à un moment de la journée, le plus souvent au cours de la nuit ou le matin de bonne heure. Les vaches restent donc un certain temps sans accès à la nourriture. Sur les films, on voit très bien qu’elles viennent en différents endroits de l’auge pour chercher avant de repartir. « Normalement, elles mangent de dix à quinze fois par jour avec deux ou trois repas plus conséquents. Ce cycle s’étale sur vingt-quatre heures et se trouve perturbé si l’auge est vide pendant trop longtemps », précise Julien Bellanger­, responsable technique nutrition chez Innoval.

Il avance le chiffre de 70 % d’élevages dans lesquels l’alimentation n’est pas disponible à volonté pour les laitières. Cette évaluation repose sur les vidéos réalisées dans les étables. Elle doit toutefois être nuancée car ceux qui demandent ce service sont souvent ceux qui constatent des dysfonctionnements dans le troupeau. Il n’empêche que ce problème est très fréquent. On le retrouve dans tous les systèmes de production et sur des élevages de toutes tailles.

La surpopulation et le fait de ne pas disposer d’une place par vache à l’auge accentuent naturellement le phénomène. Parfois, c’est la quantité de ration distribuée qui n’est pas suffisante. Très souvent, le fourrage n’est pas repoussé assez fréquemment. Il en reste, mais les vaches ne peuvent pas y accéder.

Le manque de fourrage modifie le comportement des vaches

Ces situations sont à l’origine de plusieurs problèmes. Tout d’abord, les vaches qui ne mangent pas assez ne produisent pas à la hauteur de leur potentiel. Elles circulent moins dans le bâtiment quand l’auge est vide, ce qui nuit à la fréquentation du robot de traite sur les élevages équipés. La reproduction peut aussi en souffrir et cela peut provoquer des boiteries.

De plus, quand les vaches voient le fourrage et qu’elles ne peuvent pas l’attraper, elles vont chercher le plus loin possible en prenant de mauvais appuis sur les membres arrière. Ce qui peut provoquer des lésions.

Ensuite, l’absence régulière d’alimentation modifie le comporteme nt des vaches et engendre des compétitions. Les vidéos le montrent très bien alors que l’éleveur ne le remarque pas forcément. Les dominantes accaparent l’auge et empêchent les autres d’y accéder. Elles consom­ment le meilleur et laissent une ration appauvrie pour les autres. On voit alors que les premières affichent un engraissement excessif, voire des déséquilibres fermentaires du fait de ces gros repas qui modifient le pH ruminal. On mesure des taux de matière utile irréguliers. À l’inverse, d’autres manquent d’état. Les primipares et les fraîches vêlées sont les premières pénalisées. Si leurs productions ne sont pas à la hauteur de leur potentiel, ou si elles restent en retrait au moment de la distribution, il faut s’interroger.

Quand l’éleveur constate ce type de dysfonctionnement, il convient d’abord de vérifier que la quantité distribuée couvre les besoins. Normalement, les refus consommables – à ne pas confondre avec les débris – représentent de 3 à 5 % de la ration. Le fourrage doit être repoussé trois à cinq fois par jour. Il faut être encore plus vigilant sur ce point quand il y a moins de places à l’auge que de vaches. Bien sûr, cet impératif se heurte souvent à la disponibilité des personnes. Les repousse-fourrages apportent une solution.

« J’ai vu quelques éleveurs qui ont modifié leurs pratiques. Ils ne distribuent plus le matin mais en fin de journée. La ration reste ainsi disponible plus longtemps pendant la nuit », raconte Julien Bellanger. D’autres passent repousser le fourrage une dernière fois vers 22 heures Mais tous les éleveurs ne peuvent pas le faire.

Les robots d’alimentation permettent a priori de mieux approcher la disponibilité à volonté puisqu’ils distribuent plusieurs fois par jour. Innoval n’a pas eu l’occasion de réaliser des vidéos dans des élevages équipés et ne peut donc pas confirmer. Et ces robots coûtent très cher.

Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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