Déplacement de caillette : la prévention se joue au moment du tarissement

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Les symptômessont bien connus des éleveurs : une vache qui ne démarre pas bien sa lactation et des bouses molles contenant  beaucoup de fibres longues.                j.pezon
Les symptômessont bien connus des éleveurs : une vache qui ne démarre pas bien sa lactation et des bouses molles contenant beaucoup de fibres longues. j.pezon (©j.pezon)

Post-vêlage. Malgré une prise en charge à l’issue généralement favorable, le déplacement de caillette est une affection qui doit être appréhendée de manière préventive.

L o rsqu’il se trouve dans un élevage où la prévalence des déplacements de caillette à gauche (DCG) est supérieure à 5 %, le vétérinaire doit accompagner l’éleveur pour l’aider à identifier les facteurs de risque de cette pathologie. En France, les données sont peu nombreuses, mais on peut retenir un ordre de grandeur de 3 à 4 % de prévalence du DCG. Sur le plan économique, la perte est estimée à 557 kg de lait lors des soixante premiers jours de lactation, ce qui, couplé aux frais vétérinaires, aboutit à un impact économique compris entre 450 et 600 €.

Un lien fort supposé avec l’hypocalcémie

Rappelons tout d’abord qu’il existe un effet race, avec une prévalence plus importante chez les holsteins et les jersiaises. Le DCG est la conjonction de deux phénomènes : la dilatation de la caillette et la vacuité relative de l’abdomen après le vêlage, moment où, en effet, l’utérus diminue très vite de volume. Le rumen va plus ou moins rapidement combler cet espace, rendant possible le déplacement de la caillette. Cela dépendra de l’augmentation de l’ingestion de la vache dans les jours qui suivent le vêlage.

La dilatation de la caillette est le fruit d’un déséquilibre entre la motricité de la paroi et la quantité de gaz qu'elle contient. L’origine de l’accumulation de gaz n’est pas clairement identifiée. Les pistes proposées sont : un matelas fibreux ruminal dysfonctionnel, une production excessive d’AGVou la hausse du pH de la caillette. Quant à la diminution de la motricité dans la paroi, elle a été démontrée in vitro chez les vaches atteintes de DCG. Le calcium étant un élément majeur de la contraction des fibres musculaires, on comprend que de nombreuses études fassent un lien fort avec l’hypocalcémie.

Des apports de calcium corrélés à la BACA

La majeure partie de la prévention se situe donc au niveau de la préparation au vêlage, en particulier de la maîtrise de l’hypocalcémie, et de la maximisation de l’ingestion.

Pendant la première phase du tarissement, et jusqu’à trois ou quatre semaines avant vêlage, l’objectif est clair : maintenir l’état corporel, ni plus ni moins. La phase de préparation au vêlage, de trois à quatre semaines, est la plus importante. On préferera apporter une ration proche de celle de lactation pour éviter les perturbations ruminales après la mise bas. À cette période, la ration est celle qui supporte le moins d’imprécisions. Il faut la calculer avec un rationneur, en tenant compte des analyses de fourrage et en respectant les critères suivants.

La gestion du risque d’hypocalcémie sub-clinique : elle repose sur la maîtrise des apports de calcium et de phosphore, la supplémentation en magnésium et la couverture des besoins en vitamine D. La quantité de calcium doit être corrélée à la BACA de la ration, soit de 60 g/vache/jour sans gestion de la BACA à 120 g lorsque l’on acidifie fortement avec des sels anioniques. Cette pratique dépend des objectifs. Au-delà de 30 l de lait/vache, si l’on veut optimiser le démarrage en lactation, la gestion de la BACA est un passage obligé. L’erreur la plus courante est une acidification hétérogène en raison de l’inappétance du chlorure de magnésium : on pense gérer la BACA, alors que certains animaux ont des pH urinaires élevés (> 7,5). L’enjeu est donc d’assurer la régularité de l’ingestion des sels anioniques. Certains éleveurs ont recours au chlorure de calcium, plus appétent (il faut tenir compte de sa teneur en Ca), ou à la fleur de soufre distribuée en moindre quantité du fait de son très fort pouvoir acidifiant. Le suivi passe au minimum par un contrôle des pH urinaires et de la calcémie sanguine de 24 à 48 heures après la mise bas.

Le remplissage du rumen  : celui-ci repose sur la couverture des besoins en énergie et protéines et un apport suffisant de fibres. Pour un accès à l’auge, à l’eau et au couchage non limitant, viser un remplissage du bâtiment de 85  % au maximum pendant la phase de préparation au vêlage.

Il faut éviter d’avoir des vaches trop grasses au vêlage  : Le constat se fait avant le tarissement, car il est très difficile de faire perdre de l’état à une vache tarie compte tenu de ses faibles besoins.

Confort et absence de stress

Afin de limiter le stress de cet isolement, le passage en box de vêlage ne devra pas dépasser 24 à 48 heures. Sans attendre, on veillera à apporter de la ration de lactation à volonté à la vache et de l’eau. Il est aussi utile de drencher après le vêlage. Une fois le vêlage passé, les principaux facteurs de risque se situent au niveau de l’ingestion et de la prévention de l’acidose : cela passe par un accès non limitant à une ration fraîche (22/24 heures), un nettoyage quotidien des refus ou encore une limitation de l’augmentation du concentré : au maximum 2 kg/semaine au DAC au robot.

Jerôme pezon, d’après la conférence de julien clément, vétérinaire, aux journées nationales des gtv
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