
La conduite du tarissement sans antibiotiques doit être appréciée au regard des comptages cellulaires et ne peut être envisagée que sur des vaches saines.
LE TARISSEMENT EST UNE ÉTAPE CLÉ DE LA GESTION des infections mammaires. C'est une période propice à de nouvelles infections, mais aussi au traitement des mammites subcliniques contractées pendant la lactation. « Les traitements curatifs au tarissement sont les plus efficaces, d'autant que l'on peut se permettre à cette période d'appliquer des molécules à longue durée d'action, explique Bertrand Faroult, vétérinaire d'élevage à Boos (Seine- Maritime). On observe, par exemple, des taux de guérison inférieurs à 60 % sur Streptococcus uberis avec les traitements en lactation, alors que les taux de guérison hors lactation sont de 80 % avec la même molécule. » L'application d'un antibiotique intramammaire au tarissement est le traitement curatif de la dernière chance. « S'il ne permet pas de soigner une infection, l'acharnement thérapeutique est inutile au redémarrage de la lactation. La réforme apparaît alors comme la seule issue pour ces vaches qui doivent être considérées comme incurables. »
PRÉVENIR LES NOUVELLES INFECTIONS
Le risque de nouvelles infections est élevé au tarissement. Aussi l'aspect préventif est incontournable et vaut pour tous les animaux. Ce risque est plus important lorsque l'arrêt brutal de la traite est pratiqué sur des vaches produisant plus de 15 l de lait par jour, la fermeture du canal de leurs trayons étant retardée. En outre, les pertes de lait occasionnées représentent une source de contamination qui doit conduire à séparer rapidement l'animal du reste du troupeau. « À de tels niveaux de production, il serait intéressant de passer à une traite quotidienne pendant huit jours, tout en réduisant la concentration énergétique et azotée de la ration », explique le vétérinaire. Par ailleurs, les pertes de lait potentiellement accrues à l'approche du vêlage doivent conduire à retarder au maximum la réintroduction des taries dans le troupeau en production, ce qui dans la pratique est difficile à mettre en oeuvre.
En règle générale, les conditions d'hygiène et d'ambiance doivent être respectées afin de prévenir le risque de contamination de la peau des trayons par des germes d'environnement. « La probabilité d'une contamination de la peau des trayons par Streptococcus uberis est présente tout au long de la période sèche avec, à la clé, un risque d'infection de la mamelle. Le risque d'infection par des colibacilles est plus prégnant en fin de période sèche, car les sécrétions de la mamelle et notamment de lactoferrine sont favorables à la multiplication de ces germes. Ces infections au cours de la période sèche ne sont pas détectables par l'éleveur et ne se révéleront qu'en début de lactation. On estime ainsi que 50 % des mammites colibacillaires qui surviennent pendant les cent premiers jours de lactation seraient contractées à cette période », déclare-t-il.
En général, l'application d'un antibiotique à longue durée d'action est privilégiée pour son rôle curatif et préventif. Or, le besoin de ce traitement hors lactation ne se justifie pas pour toutes les vaches : « Si les conditions d'hygiène sont réunies, nous avons aujourd'hui le recul suffisant pour affirmer que l'efficacité de l'obturateur de trayons en matière de prévention est supérieure à toutes les préparations antibiotiques. »
L'OBTURATEUR, UNE SÉCURITÉ AU TARISSEMENT
La mise en oeuvre d'une stratégie de gestion des infections mammaires au tarissement est décidée au regard du dernier comptage cellulaire avant l'arrêt de la traite. « Les vaches infectées devront faire l'objet d'un traitement curatif ciblé. En revanche, il n'y a aucune raison de considérer qu'une vache sans problèmes au cours de sa lactation est infectée. Si l'animal arrive au tarissement avec des comptages inférieurs à 200 000 cellules/ml, répétés lors des trois derniers mois qui précèdent le tarissement, l'application d'un obturateur seul est une barrière physique suffisante pour prévenir les risques d'infection. Dans les autres cas, il faudra associer l'obturateur et un traitement antibiotique », explique Bertrand Faroult
L'association de ces deux applications intramammaires, sur des vaches à risques, double le prix du programme de tarissement (24 euros par vache). Il s'agit néanmoins d'un investissement sécurisant et dérisoire au regard de l'impact économique d'une mammite, estimé selon les sources à 230 euros par vache et par an.
DES TRAITEMENTS CIBLÉS
L'obturateur s'élimine tout seul avec les premières traites. Son administration doit être réalisée avec une bonne hygiène : désinfection de l'extrémité du trayon à l'alcool à 70°. En l'absence d'obturateur, le traitement antibiotique repose sur l'application de molécules à large spectre dans un objectif préventif et curatif. Si l'on associe obturateur et traitement antibiotique, l'obturateur préserve des infections par les germes d'environnement parmi lesquels les bactéries Gram – sont largement représentées (colibacilles surtout). Le traitement antibiotique associé visera exclusivement les germes gram+, c'est-à-dire les germes de réservoir déjà présents dans la mamelle, en particulier Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis (un germe d'environnement qui persiste dans la mamelle).
« Des analyses bactériologiques permettront de cibler plus précisément la molécule. Cette gestion différenciée des traitements hors lactation est néanmoins contraignante à mettre en place dans les grands troupeaux. »
JÉRÔME PEZON
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