Lésions. Parcourue de veines, la mamelle est très sensible aux lésions qui peuvent mettre en cause le pronostic vital de la vache si elles ne sont pas diagnostiquées et prises en charge rapidement.
C’est toujours très embêtant d’avoir une vache à la mamelle abîmée… Ça ne l’empêche pas forcément de vivre mais elle perd malheureusement beaucoup de son intérêt dans le troupeau. Faisons un tour non exhaustif des tracas du quotidien auxquels vous pouvez être confronté.
Compresser, suturer, désinfecter les coupures
Il y a tout d’abord les vrais traumatismes tels que la mamelle accrochée dans un barbelé ou bien encore attrapée par un chien… Ils peuvent aller de la petite coupure à la grosse plaie, en passant par l’hémorragie. Rappelons d’abord que la mamelle est parcourue de nombreux très gros vaisseaux, très superficiels. Le moindre accrochage à ce niveau peut complètement saigner une vache. C’est pourquoi, si vous constatez un écoulement de sang en jet ou ininterrompu, il est urgent de suturer ou de comprimer avec une pince jusqu’à ce qu’il cesse : pince de bricolage avec un chiffon, pince à linge…, tout objet qui peut permettre de maintenir la pression pour arrêter l’hémorragie. Attention, si le saignement s’arrête à la suite de la compression, il peut reprendre lorsque le caillot se délite quelques jours plus tard.
Pour les plaies plus classiques, les soins portent sur la désinfection et la surveillance. Dans ce cas, les produits iodés sont très efficaces. La bombe antibiotique qui assèche la plaie est plutôt à éviter, parce qu’on ne cherche pas à assécher et il y a un risque de résidus d’antibiotiques dans le lait. La cicatrisation de la peau fine de la mamelle est favorisée en milieu gras et on pourra ensuite appliquer un produit à base de lanoline, de glycérine, de vaseline ou de paraffine, par exemple.
Les soins peuvent avoir lieu en salle de traite, deux fois par jour. Les huiles essentielles ne sont pas à utiliser pures et le miel s’avère un bon produit, à la fois très bon cicatrisant et très bon antiseptique.
Des hématomes à ne surtout pas négliger
Les vaches peuvent aussi heurter leurs mamelles. On a alors les mêmes très gros vaisseaux qui saignent et peuvent devenir des hématomes très volumineux. Douloureux, ils peuvent évoluer en abcès et parfois conduire à la mort de l’animal par hémorragie interne.
Les saignements sont difficiles à juguler et le traitement est conservatoire : limiter les mouvements et les interactions, utiliser un jet d’eau froide à basse pression et injecter des anti-inflammatoires. Parfois, on retrouve du sang dans les quartiers. Or, celui-ci est un excellent milieu de culture pour les bactéries. Des mammites sont donc très souvent associées à ces hématomes. C’est pourquoi, il ne faut pas hésiter à appliquer un intramammaire dès que l’on voit du sang dans un quartier. Attention, il ne faut surtout pas percer un hématome, car c’est parfois la pression qu’il exerce qui permet d’arrêter le saignement. Enfin, s’ils apparaissent chez plusieurs vaches, il peut être intéressant d’en chercher la cause (vache à corne, problème de dominance).
Les hématomes, comme d’autres affections (abcès, mammite, infection cutanée), peuvent conduire à des plaies de léchage (voir photo ci-contre). Il s’agit d’une automutilation de la vache qui se lèche frénétiquement. Ce comportement est difficile à juguler. Il est possible de bricoler des sortes de colliers qui empêchent l’animal de tourner le cou et, en même temps, il faut gérer la douleur de la vache avec des anti-inflammatoires et des soins locaux (miel, produits gras, jet d’eau froide).
Abordons aussi le cas des mammites gangréneuses. Assez rares, elles sont importantes à déceler très rapidement car le pronostic vital de l’animal est en jeu. Provoquées par un staphylocoque doré, elles peuvent se développer en quelques heures seulement et se caractérisent par un quartier bleu et froid (voir photo ci-dessous), avec un lait très modifié, malodorant et un animal abattu. L’urgence médicale consiste à administrer sans attendre un traitement antibiotique, associé à de la fluidothérapie (perfusion, drenchage) afin de sauver l’animal. Une fois l’urgence gérée, dans tous les cas le quartier atteint tombe, laissant souvent une plaie béante.
À ce stade, la lactation est fichue et la vache généralement sortie du troupeau. Il ne faut pas toucher cette plaie ou en détacher des morceaux, les gros vaisseaux de la mamelle étant exposés et fragiles. Les saignements sont à surveiller. La plaie finit par cicatriser même si cela demande du temps. La réforme peut intervenir avant la fin de la cicatrisation. Attention aux mouches qui peuvent y pondre. Vous pouvez utiliser un insecticide sur la peau autour de la plaie pour aider.
Dermatite mammaire, ne pas relâcher les soins
La dermatite mammaire présente des similitudes avec la Mortellaro, sans pouvoir lui être reliée et reste mal comprise : une inflammation chronique de la peau avec une suspicion de présence de tréponèmes.
Ce type d’affection malodorante se niche dans les plis de la mamelle et provoque des plaies suintantes. Il n’existe pas de traitement miracle, et il faut beaucoup de persévérance dans les soins : nettoyage doux et désinfection (il existerait une composante bactérienne qui mange les tissus) seront vos alliés. Beaucoup de recettes sont disponibles pour en venir à bout (miel, graisse à traire et Vétédine, talc, bombe à l’oxyde de zinc…), mais c’est surtout le temps et la régularité des soins qui fonctionnent.
Signalons enfin le cas des mamelles très volumineuses, qui touchent quasiment par terre et gênent la vache pour se déplacer. Cette situation est souvent la conséquence d’une rupture du ligament suspenseur, signe d’une réforme à planifier.



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