Contamination. Une étude de terrain conduite en Isère rappelle le b.a.-ba de l’utilisation des lavettes de traite pour notamment limiter les risques de contamination bactérienne entre les animaux.
La préparation de la traite avec des lavettes a fait ses preuves pour nettoyer les trayons les plus sales. Indispensable pour enlever souillures et bactéries présentes en début de traite, la lavette peut toutefois devenir un contaminant lors des traites suivantes. « Mal nettoyée, elle peut apporter plus de bactéries qu’elle n’en enlève, même si elle paraît propre à l’œil », souligne Samuel Bouchier, conseiller spécialisé en qualité du lait à Isère Conseil Élevage. Pour mesurer le niveau de risques et définir les points de vigilance, une étude a été menée dans une vingtaine d’élevages entre 2017 et 2018 par Isère Conseil élevage, en collaboration avec le service bactériologie alimentaire du laboratoire vétérinaire départemental. Les pratiques des éleveurs ont été observées (mode de lavage des lavettes, réglage de la machine à laver, produits utilisés…) et des lavettes ont été prélevées pour analyses selon un protocole élaboré avec le laboratoire.
Trois protocoles de lavage
Les méthodes de lavage se caractérisaient selon trois types :
à la machine ou à la main, avec désinfectant, à froid (moins de 70°C) ou à chaud (plus de 70°C) ;
à la machine, sans désinfectant, à plus de 70°C ;
à la machine ou à la main, sans désinfectant, à froid à moins de 70°C.
Le premier mode avec désinfectant a affiché de loin les meilleurs résultats.
Le deuxième protocole donne des résultats assez comparables, mais avec des niveaux hétérogènes liés à la diversité des modes d’utilisation des lave-linge et à certains dysfonctionnements des machines (température de l’eau de lavage non fiable : 30°C seulement au lieu des 70°C affichés). Les résultats les plus dégradés (moindre efficacité) sont obtenus avec les lavages sans eau chaude et sans désinfectant (système froid).
« Le travail que nous avons mené dans une vingtaine d’élevages n’a pas de prétention scientifique, prévient Samuel Bouchier, également membre du groupe national qualité du lait France Conseil Élevage et du groupe expert Cniel Mammites J’anticipe. Le nombre d’élevages et de paramètres étudiés est trop limité pour avoir une valeur statistique. »
Un préalable : utiliser une machine à laver bien réglée
Menée avec rigueur (standardisation des tailles de lavette avant analyse assurant une très bonne reproductibilité, chaîne du froid et délais d’analyses courts), l’étude n’en est pas moins intéressante car elle met en exergue des points de vigilance. La forte dispersion des résultats (sur le lavage en machine à plus de 70°C sans désinfectant, en particulier) montre l’importance de la maîtrise de la qualité du lavage : température de l’eau, type et dosage du désinfectant, fréquence de lavage, nature des lavettes. « La lavette sans bactéries n’existe pas, souligne Samuel Bouchier. Mais la lavette qui en contient le moins possible doit devenir la règle pour éviter de contaminer les animaux pendant la traite et réduire les risques d’infections mammaires. L’objectif est de se rapprocher de zéro bactérie par centimètre carré. »
S’assurer que la machine à laver est bien réglée constitue un préalable. Outre la température réelle de l’eau, il faut veiller au bon fonctionnement du programme de rinçage. Si celui-ci est défectueux, des concentrations importantes de désinfectant (javel y compris) peuvent rester sur les lavettes et nuire aux trayons. Mettre les lavettes dans de l’eau très chaude avant la traite permet l’évaporation des résidus de chlore et de se prémunir contre ce risque.
Par ailleurs, pour que la lavette arrive décontaminée sur le trayon, il est essentiel de la laver après chaque utilisation, de faire une machine par jour en disposant de deux jeux de lavettes. Il faut aussi rincer les lavettes manuellement avant leur lavage et privilégier celles sans coton car plus résistantes aux désinfectants à forte dose.
D’autres perspectives émergent : alors que la javel en tant que désinfectant donne de bons résultats à froid en l’absence de résidus de bouse ou de paille, des dérivés de chlore sont à l’étude dans une dizaine d’élevages. Ces nouveaux produits pourraient être utilisés à faible température (entre 30 et 40°C). Ils permettraient une désinfection efficace, même en présence de matière organique, avec un coût très faible (indispensable pour éviter le sous-dosage par économie).
Service d’analyse des lavettes en Isère
D’ores et déjà, les éleveurs isérois peuvent faire analyser leurs lavettes par Isère Conseil Élevage. Les pratiques de lavage et de décontamination des lavettes doivent être adaptées à chaque situation. « Dans certains élevages à risques, il convient de tenir compte non seulement du nombre de bactéries encore présentes après le lavage de la lavette, mais de leur nature, avertit Samuel Bouchier. En effet, on peut avoir une charge bactérienne faible, mais avec un pourcentage significatif de bactéries pathogènes. Et inversement. »
Des baisses importantes de contamination des vaches ont été constatées à la suite d’une amélioration du protocole de lavage des lavettes.
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