MESURE DU PH URINAIRE, UNE MÉTHODE À PERFECTIONNER POUR DÉPISTER LES SUBACIDOSES

La mesure du pH urinaire permet effectivement de suspecter un état de d'acidose métabolique. Mais une méthode et des références restent à établir.

LA MESURE DU PH URINAIRE EST DEVENUE UN MUST DES NUTRITIONNISTES PRIVÉS pour détecter un éventuel état d'acidose métabolique avec baisse du pH sanguin… ce moment où l'acidose ruminale dépasse les capacités de régulation de l'organisme. Il est connu, en effet, qu'il existe une bonne corrélation entre le pH urinaire et celui du sang.

Peu coûteuse (compter environ 50 euros pour 100 bandelettes), cette méthode en apparence simple mériterait d'être mieux balisée. Telle est la principale leçon tirée par Julien Homand, technicien au Contrôle laitier de Haute-Marne, à la suite d'une étude qu'il a conduite récemment sur le terrain. Combien de vaches faut-il tester, par exemple ? « Les quatre-vingt résultats répertoriés dans une trentaine de troupeaux, issus de mesures aléatoires réalisées entre avril et décembre, montrent une grande variabilité, autour d'une moyenne de 8 avec des extrêmes allant de 6,8 à 8,5 », constate-t-il. Méfiance donc si un intervenant extérieur se contente, par exemple, pour son diagnostic d'une ou deux mesures sur un troupeau de 50 vaches laitières. Pas de doute a priori sur le lien entre le pH urinaire bas et la suspicion d'état d'acidose. L'analyse d'une cinquantaine de résultats ciblés dans des troupeaux en ration maïs le souligne. « Il semble bien qu'il y ait une corrélation entre pH urinaire bas, quantité de concentrés élevés et TB faible, généralement associés à une acidose. Mais la différence de pH apparaît assez faible », note Julien Homand. À peine 0,2 point sépare les vaches recevant moins de 30 % de concentrés (pH de 7,97) ou plus (pH de 7,81), et celles avec un TB supérieur à 40 (pH de 7,97) ou inférieur (pH de 7,79). « Et il n'est pas toujours évident avec les bandelettes colorimétriques d'apprécier les différences entre deux graduations. »

FORTE VARIABILITÉ DES RÉSULTATS SUR UNE JOURNÉE

Pour le moins, mieux vaut donc acheter des bandelettes permettant les mesures les plus précises. Il en existe sur le marché graduées de 0,2 en 0,2 sur une plage allant de 6,4 à 8,9. Autre question : quand faut il réaliser ces mesures ? Un détail pas si anodin, comme le montrent les observations effectuées dans ce troupeau en début de lactation, avec des vêlages groupés, un niveau de production moyen élevé (32,5 kg par vache laitière) et tous les signes de subacidose : bouses liquides hétérogènes, TB/TP assez bas… La quinzaine de mesures réalisées le matin, avant la distribution de la ration complète mélangée au repas, puis autant vers midi, trois à quatre heures après le repas, apportent des éléments de réponse.

« Comme on pouvait s'y attendre, le pH urinaire varie au cours de la journée. On a observé une baisse de 0,3 unité avant et après la distribution du repas (8,15/7,86) avec, là encore, une forte variabilité. » Les mesures effectuées autour de 7 h 30 variaient de 8,1 à 8,5 avec un cas à 7,4, et celles effectuées à 12 h de 7,7 à 8,1 avec deux résultats à 6,8 et 7,4. Ceci étant dit, mieux vaut à l'évidence faire les mesures après le repas pour détecter un éventuel problème… logique. Le rapprochement entre les résultats de pH et le contrôle laitier des animaux réalisé la veille le confirme. « Il n'y a aucune corrélation entre le pHurinaire mesuré avant le repas et les performances laitières. En revanche, quatre heures après le repas, on constate que les animaux avec un pH inférieur à 8,1 ont un niveau de production laitière corrigée (37,2 /40,5 kg) et un TB (38,76/40,55 g/kg) inférieur à ceux supérieures à 8,1 de pH », résume le technicien du contrôle laitier.

LA NORME D'UNE VACHE EN BONNE SANTÉ À 8,3

D'après la bibliographie, le pH urinaire d'une vache en bonne santé se situerait autour de 8,3. Mais quand faut-il suspecter une subacidose ? Fort des cinquante mesures en ration maïs, Julien Homand propose en première approche le seuil de 7,4 et moins. « C'est le point où la chute du TB est réelle avec six résultats à 37,9 g/kg en moyenne. À 7,7 et 7,9 de pH (onze résultats chacun), le TB moyenest quasi égal, 39,3 et 39,2 g/kg. Pour les vingt-quatre résultats à 8,1 et plus de pH, on tourne en moyenne à 42 g/kg. » Prudence néanmoins de sa part, vu le nombre de mesures et d'élevages concernés. « Des références plus précises restent à établir. » Pour autant, ces bandelettes de mesure du pH urinaire apparaissent, à ses yeux, comme un outil à ajouter à l'observation des bouses, du TB, du TB/TP ou d'une chute du lait, pour débusquer une subacidose. Un outil qu'il considère idéal pour un éleveur qui peut répéter les mesures et qui est là au bon moment. Ce qui n'est pas forcément le cas ou évident pour un technicien de passage. « Car il n'est pas toujours aisé de prendre assez d'échantillons. Les vaches bousent plus qu'elles n'urinent. Et un rien peut les arrêter. » Edwige Bornot, vétérinaire en Côte-d'Or, gérait un troupeau de VHP et utilisait en routine cette mesure du pH. Pour elle, l'idéal est de prendre des échantillons quand on fait lever les vaches et qu'un grand nombre d'entre elles se met à uriner (REL de novembre 2009). Elle estime qu'une valeur de pH inférieur à 7,9 est un signe net d'acidose.

JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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