Intoxication. Comment un foin riche en fougères peut être fatal à un lot de génisses.
Il arrive aussi à nos clients de partir en vacances et c’est alors l’occasion de travailler avec les jeunes du service de remplacement. Celui de cette anecdote n’a pas de chance : il vient d’arriver pour une semaine et déjà une génisse de sept mois est morte, sans symptôme apparent. De plus, parmi les six génisses restantes, une autre semble mal en point.
Une poussée de fièvre réfractaire aux traitements
C’est là que le vétérinaire entre en scène. Nous prenons la température des six génisses : les deux plus maigres sont à 40,6°C, les autres sont normothermes. Le lot est assez hétérogène (mais c’est une autre histoire) et les animaux en moins bon état sont les premiers à tomber malades. À l’examen clinique rapproché, les bruits respiratoires sont modérément augmentés. J’interroge le remplaçant pour connaître la ration : du foin de l’année à volonté, bien consommé depuis les trois jours qu’il est en poste. Nous faisons ensuite des prélèvements de bouse, dont l’aspect est normal, pour s’assurer qu’il n’y a pas de coccidiose qui accentue les problèmes et pour ne pas laisser passer le risque de salmonellose, puis des écouvillons nasaux pour explorer la piste de la pathologie respiratoire qui ne me satisfait que moyennement. Après un traitement antibiotique et anti-inflammatoire, nous finissons par faire une autopsie de la génisse morte : lors de cette opération, aucune anomalie n’est relevée aux niveaux pulmonaire et digestif, mais il faut préciser que l’animal mort depuis trois jours n’est pas dans un bon état de conservation.
Le lendemain, le mercredi, le remplaçant rappelle parce que le lot de génisses ne se porte pas mieux. Cette fois, mon collègue s’y rend. Les deux veaux piqués la veille ont toujours une température de plus de 40°C, comme tout le reste du lot ! Constat : auscultation pulmonaire anormale, rien d’autre. Nous décidons donc de lancer l’analyse des écouvillons. Le résultat arrive le samedi et la PCR apparaît négative pour les sept agents pathogènes classiquement recherchés, c’est-à-dire Mycoplasma bovis, Histophilus somni, Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida, coronavirus, virus respiratoire syncytial bovin, Parainfluenza bovin.
Dès le dimanche, l’éleveur rentré de vacances nous appelle car une autre génisse est morte. Elle suait du sang (photo 1)… C’était donc ça ! Désormais, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent : oui, la fièvre était réfractaire au traitement ; oui, toutes les génisses sont touchées ; oui, maintenant nous pouvons observer des pétéchies et suffusions partout (photo 2) car, oui, l’éleveur confirme que le foin est riche en fougères !
Des cas d’intoxication rares, mais mortels pour les jeunes animaux
On trouve dans notre région beaucoup de fougère aigle (aussi appelée grande fougère, ou fougère commune). Pourtant, les cas d’intoxication sont rares. Les animaux ont d’autres choses à se mettre sous la dent et les éleveurs ne les utilisent pas dans les fourrages. L’ingestion de fougère aigle entraîne, surtout chez les jeunes et après quelques semaines de consommation, un pic d’hyperthermie, puis après quelques jours, des hémorragies cutanées (« sueurs de sang »), diarrhées hémorragiques et urines rouges, suivies de la mort de l’animal. Chez les adultes, l’ingestion chronique de la fougère est à l’origine de tumeurs de la vessie, se traduisant par des urines rouges et des anémies dues au saignement. Un traitement de soutien de l’anémie et le retrait de la fougère permettront de garder les cinq génisses restantes en vie.
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