Rare. Une infection ombilicale sévère a obligé le vétérinaire à pratiquer un traitement chirurgical impressionnant pour sauver le veau.
Un éleveur appelle la clinique pour un veau présentant une baisse de forme quelques semaines après le vêlage. Ma collègue diagnostique une infection ombilicale avec hyperthermie (« gros nombril »). Un traitement médical est instauré pour une durée de dix jours : antibiotique et anti-inflammatoire. Une amélioration est notée au cours du traitement.
Quelques jours après la fin du traitement, ma collègue m’appelle car le veau présente un gonflement de la zone autour de l’ombilic et à nouveau une baisse de forme. Elle pense qu’une intervention chirurgicale est nécessaire. Le veau, femelle âgée d’environ deux mois, a du pus qui s’écoule de l’ombilic (photo avant chirurgie).
À l’examen, on ne parvient pas à déterminer si seul l’ombilic est atteint ou si cela concerne aussi les vestiges ombilicaux intra-abdominaux. Nous décidons alors de pratiquer l’intervention chirurgicale et d’aviser au cours de l’opération.
Le veau est anesthésié et reçoit une perfusion pendant la chirurgie. La zone gonflée autour de l’ombilic est retirée mais, par l’ombilic à proprement dit, on note que l’infection gagne la cavité abdominale. Une exploration de l’abdomen est donc nécessaire.
On repère immédiatement plusieurs éléments :
absence de liquide, de pus ou de fibrine dans l’abdomen ;
augmentation de taille très importante d’un vestige ombilical se dirigeant vers le foie ;
présence d’adhérencesentre ce vestige, la paroi musculaire et des viscères digestifs.
Tous ces éléments conduisent au diagnostic d’omphalo-phlébite avec existence d’une péritonite chronique très localisée.
Une marsupialisation
Malgré tous nos efforts, il n’est pas possible d’individualiser le vestige ombilical infecté à cause des adhérences et nous ne voulons pas prendre le risque d’atteindre un possible organe adhérent en réalisant une traction trop importante.
Décision est alors prise de réaliser une marsupialisation du vestige infecté sans l’individualiser. Cela consiste à aboucher le vestige à la peau en le laissant ouvert afin que l’infection qu’il contient s’écoule à l’extérieur de l’abdomen. Le trou laissé ouvert permet de passer une seringue de 2,5 ml et de permettre l’écoulement du pus (photo avec seringue).
Après l’opération, le veau reçoit un traitement anti-inflammatoire et antibiotique pendant trois semaines.
Rincer deux fois par jour
Les éleveurs ont pour consigne de réaliser un rinçage de la zone d’où s’écoule l’infection deux fois par jour pendant une semaine en respectant les consignes suivantes :
utilisation d’une solution très diluée de désinfectant ;
injection sous faible pression ;
injection d’une vingtaine de millilitres une ou deux fois lors de chaque rinçage.
Au bout de quelques jours, les rinçages ne ramènent presque plus de pus et il est décidé de les espacer à une fois par jour. Après une dizaine de jours, ceux-ci sont arrêtés et une simple désinfection de la plaie est réalisée. Le veau est en pleine forme et présente une croissance normale deux mois après l’intervention.
Ce cas illustre la gestion médicale et chirurgicale des infections ombilicales. Cependant, l’accent doit être mis sur la prévention de ces infections avec tout d’abord une excellente hygiène au vêlage, un box de vêlage dédié et nettoyé entre chaque vêlage, une désinfection du cordon avec un produit adapté, et une prise colostrale rapide et en bonne quantité.
Une fois l’infection présente, un diagnostic et un traitement adaptés permettent souvent de régler le problème.
Cependant, dans quelques cas, un traitement chirurgical est nécessaire et peut se révéler économiquement intéressant sur une future vache laitière.
FLORIAN SPIESER
vétérinaire en Moselle
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