Monitoring. L’intérêt économique de cet investissement ne vaudrait que pour les grands troupeaux de plus de 100 vaches avec un niveau de détection initial faible. Mais les éleveurs apprécient le confort de l’équipement dans l’aide à la décision.
Faut-il oui ou non s’équiper d’un outil d’aide à la détection des chaleurs ? L’augmentation de la taille des troupeaux, la recherche d’une meilleure productivité, associée au manque de main-d’œuvre pour la surveillance, plaident pour cet investissement. Les nouvelles technologies disponibles en matière de capteurs, de puissance de calcul et de capacités de stockage y participent aussi. Dans un questionnaire envoyé en 2015 (Idele), auquel 772 éleveurs laitiers du Grand Ouest ont répondu, 19 % des élevages étaient équipés d’un monitoring des chaleurs. Une enquête qualitative, réalisée dans 32 exploitations de Bretagne et du Doubs, a ensuite permis d’approcher plus précisément les motivations d’achat et le degré de satisfaction des utilisateurs. Bien évidemment, ils recherchent d’abord à améliorer les performances de reproduction et, dans un second temps, à se libérer du temps de travail. Pour autant, ils sont peu nombreux à déléguer entièrement à l’outil la détection des chaleurs. L’observation régulière des animaux reste de mise. D’ailleurs, ils ne perçoivent pas vraiment un temps de travail diminué grâce au détecteur de chaleur. Les éleveurs équipés pointent surtout l’aide à la prise de décision pour l’insémination. L’outil allège la charge mentale (le stress) et améliore le confort de travail. Un soulagement particulièrement apprécié lorsqu’ils utilisent des semences sexuées, plus onéreuses et avec des taux de réussite réputés plus faibles : « Je me sens plus sûr… Ça me rassure… » Quant à la performance technico-économique de ce monitoring, elle est difficilement évaluée : « J’ai l’impression… En fait, je ne sais pas. » Mais au final, 29 éleveurs sur 32 avouent être satisfaits ou très satisfaits de leur détecteur.
La sensibilité moyenne d’un éleveur est de 50 %
Une étude de l’école vétérinaire (Oniris) et de l’Institut de l’élevage (Idele) nous éclaire davantage sur l’intérêt économique d’un système de détection automatisée des chaleurs. Le coût de l’équipement se décompose entre la base réceptive (3 500-4 000 €) et les capteurs sur les vaches (100-115 €/VL). La performance économique de l’outil dépendra de l’amélioration de la détection des chaleurs permise. Pour un élevage moyen de 60 vaches (8 000 kg/VL, vêlages étalés, holsteins), lorsque la sensibilité de la détection (taux de chaleurs détectées) passe de 20 % à 50 %, l’intervalle vêlage-vêlage baisse de 49 jours. Cela se traduit par une marge brute par vache améliorée de 41 €, soit 2 460 €/an. Mais l’effet n’est pas linéaire : passer d’une sensibilité de détection de 50 à 90 % diminue l’IV-V de 20 jours et booste la marge brute de seulement 22 €/VL.
Or, la sensibilité moyenne de détection des chaleurs par la seule surveillance de l’éleveur est évaluée à 50 %. L’usage des outils de monitoring permet d’accéder à des taux de plus de 70 % et jusqu’à 90 %. Une simulation à partir de deux cas types (38 vaches ou 119 vaches) a permis d’approcher la rentabilité économique de l’investissement. Les conclusions sont sans appel : « La pertinence économique de l’investissement n’apparaît réelle que pour les grands troupeaux (plus de 100 vaches) lorsque la détection des chaleurs avant l’équipement n’atteignait pas une sensibilité supérieure à 50 %. Dans tous les autres cas, les calculs ne permettent pas de mettre en évidence un impact économique positif à court terme avec un amortissement de cinq ans. » « Que l’investissement soit rentable ou non, cela se joue sur quelques milliers d’euros, voire centaine, par an. Les conséquences économiques, positives ou négatives, sont donc assez limitées », conclut Clément Allain, d’Idele.
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