Après le vêlage, il est compliqué pour la vache de démarrer une gestation avant 110 à 115 jours. Sauf à contenir son amaigrissement et à modérer un peu son pic de lactation.
Ces trente à quarante dernières années, la holstein a gagné en potentiel laitier, mais malheureusement au détriment de la reproduction. Elle ne peut plus mener les deux de front et privilégie la production. Les éleveurs le savent bien puisqu’ils attendent généralement 110 à 120 jours après le vêlage, c’est-à-dire une fois le pic de lactation passé, pour pratiquer la première insémination. L’expérimentation menée à la station Inra du Pin-au-Haras (Orne) de 2006 à 2015 confirme ce recul : en vêlages très groupés, 53 % des holsteins sont gestantes douze semaines après le lancement de l’insémination contre 69,5 % pour les normandes. Est-ce irrémédiable ? Non, répondent les chercheurs qui planchent sur le sujet un peu partout dans le monde, et que résume l’ingénieur Nicolas Bédère, dans une présentation, en novembre, des résultats de ses trois années de recherche au Pin-au-Haras.
L’importance de l’état corporel en début de lactation
Il est désormais admis qu’après le vêlage, la holstein redémarre son cycle ovarien un peu plus tardivement que les autres races. Au Pin-au-Haras, à 35 jours après le vêlage, le retour en cyclicité des holsteins a lieu six jours après celui des normandes. « En effet, 40 à 45 % d’entre elles souffrent d’anomalies de cyclicité, indique Nicolas Bédère. Soit elles ont une reprise 50 jours après le vêlage, soit le corps jaune se maintient au-delà des 20 jours normaux après l’ovulation (appelée phase lutéale prolongée), ce qui empêche un nouveau cycle et perturbe sa détection. »
Ce que l’on peut faire :
Prévenir les vêlages difficiles. Logiquement, les vaches qui rencontrent des problèmes au vêlage tels que les métrites, la non-délivrance du placenta ou réclamant l’intervention et l’assistance de l’homme, sont en premier lieu concernées. Inutile de rappeler toute l’importance de la préparation au vêlage et d’une intervention humaine minimaliste le jour J.
Viser une note d’état de 2,75 à 3,25 au vêlage pour une vache ni trop maigre ni trop grasse. Sinon, elle puisera plus qu’il ne faut dans ses réserves corporelles pour assurer la production laitière. Une vache trop maigre au vêlage (sous les 2,5 points) réagit de cette manière pour répondre correctement aux besoins en énergie de son début de lactation. Une vache trop grasse (supérieure à 3,25) manque d’appétit et mobilise davantage ses réserves corporelles. « Lors de cet amaigrissement excessif, des acides gras toxiques pour l’ovule sont libérés, avec des répercussions sur la cyclicité. Il faut donc éviter une perte d’état de 1 point et plus dans les trente premiers jours de la lactation. » L’amaigrissement excessif fait également partie des facteurs de risque d’échec de gestation.
Une holstein un peu trop grasse développe un autre phénomène : le piégeage des œstrogènes, hormones sexuelles. « Ils sont piégés par les tissus adipeux, précise le jeune chercheur. Plus elle est grasse, plus elle en retient, ce qui pénalise le retour en cyclicité. » Et si ces vaches réussissent malgré tout un retour en cyclicité à 30-35 jours de lactation, elles ont un risque plus élevé de phase lutéale prolongée. « On n’en connaît pas les raisons. »
Utiliser des outils de pilotage : en amont, apporter une alimentation adaptée pendant le tarissement et la préparation au vêlage pour atteindre les 2,75 à 3,25 de note d’état. Quand elle sera vulgarisée, l’analyse de l’état corporel des animaux en 3D aidera plus facilement à y parvenir. « L’élevage de précision est l’avenir, tout comme l’analyse dans le lait des corps cétoniques qui sont générés au moment de l’amaigrissement. »
Diminuer le pic de lactation
Le niveau de production élevé de la holstein a une incidence sur deux autres étapes de sa reproduction : les chaleurs et la mortalité de l’embryon 40 à 60 jours après l’insémination. L’acceptation du chevauchement, qui reste un signal indéniable de l’œstrus, est cinq fois moins courante qu’il y a trente ans et dure deux fois moins longtemps.
La mortalité embryonnaire, elle, explique 6 à 20 % des problèmes de fertilité de la holstein, selon les situations. Les travaux au Pin-au-Haras vont dans ce sens. Comparées à leurs congénères bridées par une alimentation sévère, les prim’holsteins, qui reçoivent une ration riche permettant de produire 2 500 kg de lait de plus, ont 11 % d’acceptations de chevauchement en moins (38 % contre 49 %). Parallèlement, elles font face à 7 % de mortalité embryonnaire en plus (16 % contre 9 %). « Plus la production laitière est élevée, plus les animaux ont besoin de se nourrir et de boire, ce qui augmente leur flux sanguin, y compris dans le foie. C’est aux dépens des œstrogènes à l’origine des chaleurs et au détriment de la progestérone pour le maintien de la gestation. Le foie en détruit plus qu’il ne faudrait. »
Autre impact sur ces deux étapes de la reproduction : la concurrence entre les fonctions de production et de reproduction pour l’utilisation de l’énergie. Dans le cas des chaleurs, elle a une incidence sur le bon fonctionnement des follicules ovariens qui sécrètent les œstrogènes déclencheurs des chaleurs. Dans le cas de la mortalité embryonnaire, elle touche à la survie de l’embryon.
Ce que l’on peut faire :
Une ration établie à 100 g de PDIE/UFL en début de lactation . Cela passe par un abaissement du pic de lactation de 5 kg. Il sera atteint plus tôt et la lactation sera stable plus longtemps. Une ration au rapport PDIE/UFL à 100 g est le bon curseur. Elle offre un compromis entre l’énergie destinée au lait et celle à la reproduction. Sinon, il faut attendre 110 à 115 jours après le vêlage pour la première IA. Le pic de lactation étant passé, la concurrence sur l’énergie est moins intense. Ce niveau de PDIE/UFL permet aussi de limiter l’amplitude de la perte d’état corporel. « On constate une amélioration du retour en cyclicité de 3 à 4 jours, de l’intervalle vêlage-1re IA de 6 jours et de l’intervalle vêlage-IA fécondante de 8 jours. Bien évidemment, ces jours gagnés ne se cumulent pas puisque ces différentes étapes sont liées. » Attention ! Ne pas descendre sous les 100 g de PDIE/UFL. Sinon, les holsteins mangeront moins et puiseront trop dans leurs réserves corporelles, avec un effet inverse à celui souhaité.
Tarir un mois et non deu x. Comme son tissu sécréteur a moins le temps de se renouveler complètement, la capacité de fabrication de la mamelle est réduite en début de lactation. Le pic de lactation ainsi écrêté limite la concurrence sur l’énergie pour la production et la reproduction.
Aliments riches en oméga 3. Il y a cinq ans, la recherche suspectait qu’une ration enrichie en oméga 3 améliorait la fertilité des vaches laitières. Les résultats contrastés empêchaient une conclusion nette. Depuis, les connaissances se sont affinées. « Nous savons aujourd’hui que l’herbe fraîche et la graine de lin extrudée influencent de façon positive l’activité ovarienne. Les ovaires et l’utérus ont une sécrétion plus importante de prostaglandine, ce qui diminue la mortalité embryonnaire. »
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