Éleveur, mais aussi vétérinaire, vigneron, restaurateur... : Fabio Curto a un certain nombre de casquettes. C'est à Vidor dans la province de Trévise (en Vénétie, au nord de l'Italie) qu'il élève avec son frère Stefano 125 vaches laitières et leur suite. Épaulés par leurs parents, ils sont la quatrième génération sur la ferme familiale Ponte Vecchio qui, on peut le dire, est grandement ouverte sur l'extérieur !
Des Brunes hautes productrices
80 % du troupeau laitier est constitué de Brunes élevées au pâturage la moitié de l'année. Le reste du temps : les animaux sont nourris principalement au foin de prairie et de luzerne avec un peu de maïs (12 à 15 kg d'ensilage max dans la ration + de la paille, du tourteau de soja et 2 sortes de concentrés au robot gérés selon la production et la période de lactation).
Passionnés de génétique, les deux frères ont su faire monter le niveau d'étable qui affiche aujourd'hui 35 kg de lait en moyenne et jusqu'à 40 kg l'été lorsque le nombre de fraîches vêlées est à son comble. Fabio connaît d'ailleurs très bien l'OS Brune français avec qui il collabore.
Robots de traite et robot d'alimentation
Les associés ont opté pour la robotique il y a 7 ans : deux robots de traite A4 de Lely et un robot d'alimentation. « Nous étions la première ferme laitière 100 % robotisée en Italie », annonce fièrement l'éleveur. Ces technologies leur permettent de gérer le troupeau à une personne et demi seulement (Fabio étant à mi-temps puisqu'il est également vétérinaire).
Au-dessus des vaches, des panneaux solaires pour une production de 100 kW autoconsommés sur la ferme. Et pour compléter le tableau : une seconde installation solaire pour la production d'eau chaude.
Diversifier l'exploitation pour plus de revenu
60 % de la production laitière est transformée à la ferme, principalement en fromage. L'objectif est d'arriver à 100 % du lait transformé. « Sur la fin d'année, on est à 0,6 €/l de lait payé par la laiterie, mais avec la valorisation à la ferme, on monte à 1,2-1,5 €/l », détaille Fabio.
Le fromage n'est pas la seule production : la famille exploite aussi 5 ha de vigne, elle croise chaque année une trentaines de vaches avec du Blanc Bleu, de l'Angus ou encore de l'Inra 95 et engraisse les croisés qui seront tués à 14 ou 15 mois. Il y a aussi une cinquantaine de porcs charcutiers. Et toute cette production est valorisée dans les deux magasins de la ferme (un sur place et un autre en alpage) ainsi qu'au restaurant d'altitude.
« La base de l'exploitation, c'est l'atelier laitier : c'est notre cœur de métier. Tout le reste s'est diversifié autour du lait », explique l'éleveur qui garde la tête froide : « Grossir ne veut pas forcément dire augmenter le nombre de vaches ou d'hectares, mais plutôt la production et la qualité de la production. Cela passe par l'efficience et la valorisation des produits. »
Un bail de 30 ans pour 200 ha en alpage
La ferme Ponte Vecchio, c'est en fait deux corps de ferme : celui avec les bâtiments et les robots comprenant 30 ha de cultures autour du corps de ferme, et un second site en alpage à 1500 m d'altitude. « On ne peut pas s'agrandir ici car les terres sont très chères : il faut compter 200 €/m2 ». Alors la famille Curto loue des terres à la région à quelques kilomètres du corps de ferme. Et pas qu'un peu puisqu'il s'agit de 200 ha de prairies en montagne. « On a un bail de 30 ans dessus, la condition pour y accéder était de restaurer l'auberge, ce que vous avons fait. »
Jusqu'à 700 couverts par jour au restaurant d'alpage
Ils ont alors investi près d'un million d'euros pour y développer l'agritourisme avec un restaurant, des hébergements, un magasin et un point de restauration rapide. Et dans un secteur aussi touristique grâce aux randonneurs, ça fonctionne ! À tel point qu'ils font jusqu'à 700 couverts par jour à la belle saison. Ils y passent leurs produits : fromages, viande de bœuf, porc, vin, et y embauchent une vingtaine de salariés tous les étés.
Les vaches passent alors du bâtiment avec les robots de traite et la ration à l'auge aux vertes prairies d'altitude, où elles vêlent (groupement des vêlages d'avril à septembre), avec salle de traite classique pour quasiment 6 mois de l'année. Un pari osé mais gagnant !