Le porc français est au plus mal : la filière a dénoncé mercredi une « crise historique » traversée par ses éleveurs depuis un an, contraints de vendre à perte leurs bêtes face à la chute du cours du porc et à l'envolée des coûts de production.
Dans un communiqué de presse publié mercredi, l'interprofession porcine Inaporc a appelé à un « soutien urgent de l'État », pour éponger les quelque « 440 millions d'euros de pertes » subies par les éleveurs de la filière en 2021.
En cause, le prix du porc qui dégringole depuis juin 2021, mais surtout le bond des coûts de production, au plus haut depuis huit ans, à cause notamment de la hausse du prix des céréales destinées à l'alimentation des bêtes (blé, maïs, tourteaux de soja et colza). Selon le communiqué, cet « effet ciseau » entraîne actuellement une perte significative de 25 à 30 euros par porc élevé, ce qui pousse nombre d'éleveurs à abandonner leur production, ou à envisager de le faire. « Le prix de base est actuellement de 1,248 ce qui correspond à un prix payé à l'éleveur de 1,40 alors qu'on estime que son coût de revient est de 1,69 en janvier 2022 », précise le communiqué.
À l'échelle européenne, le prix du porc a diminué de 10 % par rapport à l'année dernière. Une situation « critique », souligne l'Inaporc, due premièrement aux perturbations de consommation et d'approvisionnement engendrées par la pandémie de Covid-19.
Autre responsable : un « engorgement du marché européen » suite au ralentissement (voire à l'arrêt) de la demande chinoise de viande, mais aussi aux difficultés de l'Allemagne, touchée par la peste porcine africaine, à exporter sa production. Le climat était nettement plus favorable fin 2019-début 2020, lorsque les cours étaient portés par la frénésie d'achats chinois. Le cheptel local, alors décimé par la peste porcine africaine, a depuis été reconstitué.
Jeudi dernier, 300 agriculteurs ont manifesté à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) pour réclamer une aide financière « d'urgence » de l'État. Récemment, d'autres actions ont aussi été menées en Bretagne, principale région d'élevage en France. La profession, qui redoute « l'arrêt de centaines d'élevages dans les deux ans à venir », sollicite l'État pour « maintenir le potentiel de production » et sauver les emplois de la filière.
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