« Je valorise l’herbe disponible avec une stalle saturée »

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Pâturage. « Outre le gain de coût alimentaire et le bien-être du troupeau, le maintien du pâturage permet de réduire le travail d’astreinte d’une heure par jour », observe Grégory Moreau. j.p.
Pâturage. « Outre le gain de coût alimentaire et le bien-être du troupeau, le maintien du pâturage permet de réduire le travail d’astreinte d’une heure par jour », observe Grégory Moreau. j.p. (©j.p.)

Seul pour produire 730 000 litres de lait en traite robotisée, Grégory Moreau a mis en place une conduite de pâturage simple pour valoriser 9 ha d’herbe accessibles.

Grégory Moreau a installé un robot de traite Lely A4 en 2012, soit un investissement total de 130 000 €, consenti pour remédier à un manque de main-d’œuvre à la suite du départ à la retraite de ses parents. En effet, il se retrouvait seul pour produire 730 000 litres de lait, avec deux ateliers d’engraissement de taurillons et de porcs charcutiers.

Dans ce contexte et malgré un robot saturé, il a choisi de préserver le pâturage pour trois raisons : « Réduire le coût de la ration et le temps de travail, tout en assurant le bien-être de mes animaux. » Ainsi, au printemps, les 72 vaches du troupeau laitier disposent de 9 ha de prairies permanentes directement accessibles depuis la stabulation, c’est-à-dire 12,5 ares par tête ou la moitié de la surface requise pour envisager de fermer les silos. Grégory a juste stabilisé une vingtaine de mètres de chemins en sortie de bâtiment pour éviter les bourbiers.

Moins d’une demi-ration avec 12,5 ares par vache au printemps

Cette surface de 9 ha est divisée en seulement quatre parcelles. En sortie d’hiver, chacune est d’abord déprimée par un premier passage des animaux de trois ou quatre jours. Une première étape qui permet de faire consommer l’herbe résiduelle de l’hiver, mais aussi de créer un décalage de hauteur d’herbe en vue d’enclencher le pâturage tournant aux cycles suivants, avant la période de pleine pousse. Dès lors, la pratique mise en œuvre consiste à rester sur la même parcelle pendant une semaine avant de changer, laissant ainsi un temps de repousse de 21 jours entre avril et juin. En été, une cinquième parcelle de 3 ha est intégrée à la rotation. La distance maximale que les animaux parcourent entre la pâture et la stabulation est de 500 m. Chaque parcelle dispose d’un abreuvoir. Pour assurer l’homogénéité des repousses, à partir du mois de mai, les refus sont fauchés après chaque passage et enrubannés pour être distribués aux génisses. « Afin d’optimiser la valorisation de l’herbe, j’ai d’abord commencé à gérer ces parcelles au fil avant, mais c’est beaucoup de temps passé, explique Grégory. Plus simple, ce système me permet néanmoins de distribuer seulement 40 % de la ration hivernale à l’auge pendant trois mois (avril, mai et juin) et entre 50 et 60 % en juillet-août. Au quotidien, j’adapte les quantités distribuées en fonction des refus laissés à l’auge, ce qui génère peu de variations de lait dans le tank. »

Pas de correcteur d’avril à juin

Pour assurer la régularité de la traite, Grégory Moreau s’astreint à aller chercher les vaches deux fois par jour et les bloque en bâtiment (voir infographie). C’est aussi l’occasion de réaliser les soins individuels. Il obtient ainsi une fréquentation de 2,3 traites par vache et par jour, contre 2,7 traites en hiver. La ration semi-complète est distribuée une fois par jour, vers 17 heures. « Le bruit de la mélangeuse suffit à ramener en bâtiment l’essentiel des animaux encore en pâture, souligne Grégory. De cette manière, la ration chauffe moins et, le lendemain matin, les vaches sont davantage incitées à sortir pour aller consommer de l’herbe. Malgré une légère baisse de fréquentation, le lait a tendance à augmenter au printemps à une période où je supprime le correcteur azoté de la ration semi-complète. » Pour rappel, la ration semi-complète hivernale se compose de 35 kg de maïs, 9 kg de pulpe surpressée, 10 kg d’ensilage d’herbe et 2 kg de correcteur azoté soja-colza. Au robot, les vaches reçoivent en supplément 2 kg de soja, une moyenne de 1,6 kg de VL 18, et 300 à 400 g de tourteau tanné en début de lactation, soit un coût alimentaire annuel de 101,50 €/1 000 l. Au printemps, pendant trois mois, le pâturage permet de descendre à 70 €/1 000 l.

Jérôme Pezon

© j.pezon - j.pezon

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