L'effondrement des prix du lait, à l'origine d'une vive inquiétude en Europe de l'Est mais aussi en Allemagne ou en France, a rouvert la controverse au sein de l'UE sur le bien-fondé du relèvement et de la suppression prévus des quotas de production.
![]() Le conseil européen des ministres de l'Agriculture. (© Terre-net Média) |
Lors de cette discussion, que Paris appelle de ses voeux «très tôt en 2010», il faudra «poser toutes les questions, sans tabous, et même la question principale de savoir s'il faudra effectivement supprimer les quotas laitiers», a prévenu le ministre français Michel Barnier. «Si ça ne tenait qu'à moi, on maintiendrait les quotas laitiers d'une manière ou d'une autre» afin de «maîtriser la production», a-t-il ajouté.
Six autres pays, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et la Lituanie ont demandé, eux, que «l'augmentation graduelle des quotas soit de nouveau réexaminée et, si nécessaire, retardée». Actuellement, la ministre allemande Ilse Aigner, même les grandes exploitations laitières en Allemagne «ne peuvent plus vivre» avec un prix qui descend jusqu'à 20 centimes le litre, alors que les professionnels affirment perdre de l'argent en-dessous de 40 centimes.
Ce n’est pas une nouvelle « restructuration », comme le propose Mme Fischer Boel, qui résoudra la crise. Les 25 dernières années ont montré que la diminution très importante du nombre de producteurs n’a pas diminué la production, mais l’a intensifiée et concentrée dans les régions aux plus bas coûts de production, au détriment de la cohésion européenne et du développement rural. Il est urgent pour l’UE de décourager une production laitière trop intensive dépendante du soja importé . La crise climatique et énergétique impose de donner la priorité aux prairies, qui stockent le carbone, à une alimentation animale locale et à une production laitière mieux répartie sur le territoire européen, pour être plus près des consommateurs. Frédéric Hénin |
La grogne enfle aussi en Europe de l'Est. Environ 8.000 agriculteurs tchèques, slovaques, hongrois, lituaniens et allemands ont manifesté le 12 mars à Prague. Des actions de protestations ont également eu lieu en Grèce, Bulgarie ou Lettonie.
Toutefois, la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a catégoriquement refusé, lundi 23 mars, de remettre en cause la hausse des quotas, maintenant son crédo libéral: les agriculteurs doivent s'adapter à la demande du marché et ne pas compter sur un soutien artificiel des prix. «Je ne vais pas reculer sur ce dossier», a-t-elle averti. L'exécutif européen estime avoir fait suffisamment pour le secteur laitier en prenant plusieurs mesures de soutien ciblées (réintroduction des aides à l'exportation, au stockage privé du beurre, prix d'intervention). Il a ajouté lundi un élément supplémentaire: les gouvernements nationaux pourront utiliser une partie des fonds européens débloqués la semaine dernière pour le monde rural, lors du sommet de l'UE, afin d'aider le secteur laitier.
Pour l'heure, un maintien des quotas paraît peu probable car il faudrait un vote à l'unanimité des 27 Etats de l'UE pour revenir sur leur suppression. Et la Commission a reçu lundi le soutien de plusieurs pays, la très libérale République tchèque, les Pays-Bas, le Danemark, l'Italie ou l'Espagne, qui militent depuis des années pour pouvoir produire plus.
Mais du côté français on se tourne déjà vers 2010. Une autre Commission européenne sera alors en place, avec peut-être en son sein Michel Barnier, donné aujourd'hui comme grand favori pour y représenter la France. «Il faut que la Commission soit pragmatique et réactive à l'évolution du marché,» a dit l'intéressé lundi.
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