L’incidence de la Pac sur les prix, des aides dissociées de la production. Autant de facteurs qui placent les éleveurs dans un contexte économique « de rupture », présente Michel Grasset du pôle herbivores des chambres d’agriculture de Bretagne. Pour vivre du lait demain, «Il faut repenser les investissements en production laitière ! » affirme le spécialiste.
Le contexte de production change. Au niveau économique, mais aussi au niveau du travail et des structures. Ainsi, souligne Michel Grasset, « la main d’œuvre moins nombreuse va devenir le facteur limitant en production laitière ». Le problème de l’astreinte se pose aussi. Les investissements liés aux agrandissements entraînent des risques de fragilité des structures.
« Si on ne veut pas fragiliser plus les exploitations, il faut inverser la tendance sur les charges de structure et poursuivre l’action sur les charges opérationnelles », commente Michel Grasset (© Photo Web-agri)
Deux objectifs doivent devenir prioritaires pour l’éleveur laitier, « assurer le revenu » et « maîtriser le travail ».
Choisir des adaptations moins gourmandes en capitaux
Différentes enquêtes et études terrains, montrent que si les coûts sur les charges opérationnelles (coût alimentaire,..) ont été réduites ces dernières années, il n’en est pas de même pour les charges de structures. Un fort accroissement de ces charges est observé depuis quelques années. « Si on ne veut pas fragiliser plus les exploitations, il faut inverser la tendance sur les charges de structures et poursuivre l’action sur les charges opérationnelles », commente Michel Grasset. Selon le spécialiste, rechercher la meilleure efficacité économique et choisir des adaptations moins gourmandes en capitaux doivent être les enjeux prioritaires des éleveurs.
Une démarche d’analyse autour de trois critères peut permettre à l’éleveur de se situer et d’identifier des marges de progrès. Un équilibre cohérent doit être trouvé entre ces trois critères.
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![]() L’excédent brut d’exploitation (Ebe) avant main d’œuvre est un critère d’efficacité économique du système de production. Il sert à couvrir les dépenses financières, à rémunérer la main d’œuvre, assurer l’autofinancement. Il intègre aussi les marges de sécurité devenues indispensables face aux incertitudes d’évolution de prix du lait. (© Chambres d'agriculture de Bretagne, pôle herbivores) |
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Objectif: Ebe à plus de 200€ et des dépenses financières sous les 60€
L’analyse des résultats de réseaux d’élevage et de données du Cer Bretagne, montrent qu’aujourd’hui, en moyenne, l’Ebe avant main d’œuvre se situe à 200 euros/1.000 l, les dépenses financières à 70 euros/ 1.000 l ce qui laisse un disponible de 130 euros/1.000 l pour rémunérer la main d’œuvre et assurer la sécurité de demain par rapport à la fluctuation des prix. « En moyenne, un disponible insuffisant », souligne Michel Grasset.
Des marges de progrès existent. Sur ces mêmes données, le ¼ des exploitants avec les meilleurs résultats dispose d’un Ebe de 240 euros, de dépenses financières de 45 euros, ce qui donne un disponible de 195 euros !
Pour les prochaines années, Michel Grasset préconise de se fixer un objectif minimum de disponible Travail-autofinancement de 140 euros/1.000 l. C’est « un repère réaliste qui permettrait une bonne rémunération de la main d’œuvre et d’assurer l’autofinancement », remarque Michel Grasset. Pour cela, il faut optimiser l’Ebe avant main d’œuvre. Un Ebe à plus de 200 euros/1.000 l est à envisager en contenant les dépenses financières sous les 60 euros/1.000 l. L’atteinte des objectifs de revenu demain passe par une analyse des besoins, l’évaluation de la possibilité d’optimiser l’Ebe avant main d’œuvre et du montant des dépenses financières à ne pas dépasser.
Source: Intervention de Michel Grasset lors de la journée technique "Vivre du lait demain", organisée par les chambres d'agriculture de Bretagne.
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