Remplacer le soja par les protéagineux : une réussite alimentaire et 100 % d’autonomie

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Il est possible de développer 100 % d’autonomie alimentaire en élevage allaitant, y compris en source protéique. La production fermière et l’autoconsommation de protéagineux est une alternative favorable à l’utilisation du tourteau de soja.

« Cette substitution ne pose aucun problème au niveau alimentaire, sans baisse des performances », présente Jean Seegers, de l’Institut de l’élevage, lors d’une rencontre technique faisant le bilan de 4 années d’étude en protéagineux (*).

« Par contre, il est évident qu’on ne remplace pas 1 kg de tourteau de soja par 1 kg de pois. Le ratio est de 1 kg de pois ou de féverole en remplacement de 0,35 kg de tourteau de soja. Mais sur un régime de base d’ensilage de maïs, on se doit d’écarter les céréales de la ration. Et c’est plutôt bienvenu », commente Jean Seegers, « étant donné qu’il va falloir convertir certains hectares de céréales à la culture des protéagineux. »

Bien soigner les transitions pour adopter ce type de régime

Le pois ou la féverole sont proposés aux animaux sous forme grossièrement broyée ou aplatie. « Pour le cas précis du lupin, il est possible de distribuer sous la forme graine entière », précise Jean Seegers. « Comme c’est également le cas  chez les veaux en phase d’allaitement ou de post sevrage qui sont capables de bien valoriser les graines entières de protéagineux. »

Il est important de bien soigner les transitions pour adopter ce type de régime. « Je conseille des paliers de 500 à 700 g/jour pour les jeunes bovins à l’engraissement et des paliers un peu plus élevés 800 g/jour pour la finition des adultes. »

Sur le plan de l’organisation du travail, cette production protéagineuse fermière s’intègre bien dans le calendrier car elle intervient à des moments creux de l’année. Elle peut au contraire permettre d’écrêter les pics de travail saisonniers. En effet, la mise en place de ces cultures se fait à l’automne. « Passer de la culture de céréales à celle de protéagineux conduit à mieux répartir la charge du travail de saison tout au long de l’année », développe Jean Seegers.

80 % souhaitent poursuivre voire étendre les surfaces protéagineuse

Si le lupin est le protéagineux dont la teneur protéique se rapproche le plus du tourteau de soja, il est assez exigeant quant au type de sol qu’il requiert. « Ne lui conviennent que les sols acides, le lupin ne pouvant être cultivé sur des sols argilo-calcaires », précise Jean-Luc Verdier, d’Arvalis. « Sur des sols plutôt argilo-calcaires, le choix peut s’orienter sur la féverole qui, au contraire, s’en accommode fort bien », ajoute-t-il.

Lupin et féverole sont quasi exclusivement les deux protéagineux choisis et cultivés par les éleveurs pour un usage alimentaire fermier. Ce constat ressort d’une enquête réalisée auprès de 37 éleveurs (lait, viande) de Midi Pyrénées, producteurs de protéagineux autoconsommés. Selon cette même étude, 80 % d’entre eux souhaitent poursuivre voire étendre les surfaces protéagineuse de la sole, et ce, malgré la forte variabilité des rendements et leur faible niveau ces dernières années.

« La variabilité est surtout corrélée au stress climatique subi pendant la floraison (déficit hydrique, fortes températures). Aussi, pour les agriculteurs de Midi Pyrénées, il est beaucoup plus judicieux de cultiver des variétés d’hiver de protéagineux », conseille Jean-Luc Verdier. « Pour ce qui est des rendements, on peut espérer de 30 à 40 qx/ha autant en lupin qu’en féverole d’hiver, non irrigué, pourvu que l’on maîtrise les ravageurs et les mauvaises herbes. »

Pour tous renseignements complémentaires sur ces cultures, contacter Arvalis.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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