Eleveur engraisseur en race blonde d'Aquitaine en Bretagne, Jean-Michel Alory sort 1,5 génisses par hectare à 470 kg de moyenne. La conduite est peu herbagère, avec valorisation au plus juste des surfaces d'herbe et de maïs. Objectif rentabilité. Témoignage de l'éleveur et commentaires de son technicien.
La performance de la conduite d’engraissement est un critère crucial de la rentabilité des engraisseurs spécialisés, même si elle n’arrive qu’en 3ième position. « En effet, en ateliers d’engraissement, la rentabilité des exploitations va dépendre essentiellement du prix du broutard, puis du prix de vente et enfin des performances de l’élevage », présente Thierry Ofredo, technicien spécialisé en production bovine à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor.
Faire tirer à ses animaux le profit maximum de chaque hectare
En valorisant au plus juste ses surfaces d’herbe et de maïs, Jean-Michel Alory, engraisseur à La Ville Halna (22), développe de très bonnes performances d’engraissement sur son atelier génisses labellisées. Il est parvenu à faire tirer à ses animaux le profit maximum de chaque hectare.
« Non seulement il sort 1,5 génisses par hectare quand la moyenne se situe plutôt autour de 1 génisse/ha mais en plus il met beaucoup de kilos par génisse », analyse Thierry Ofredo, également en charge du suivi du réseau fermes de références de l’Institut de l’élevage, dans le département des Côtes d’Armor.
« Je reçois les broutardes sevrées vers 6-7 mois », développe l’éleveur. « Je les revends 2 ans après vers 30 mois à 470 kg de moyenne. Les broutardes de race Blonde d’Aquitaine sont achetées dans des élevages qualifiés, moi-même je respecte un cahier des charges sur un cycle de production alternant la pâture et la stabulation. Les génisses sont ensuite commercialisées dans un réseau de boucheries labellisées en Blond d’Aquitaine », précise Jean-Michel Alory.
Une croissance continue
Pour les conduire à 470 kg sur 2 ans, Jean-Michel Alory doit assurer une croissance continue sur toute la vie de l’animal. « On doit se limiter au niveau du GMQ, que je maintiens autour de 600 à 700 g pour conduire la génisse en état au moment de la vente, sauf pendant la finition où j’augmente à 1 kg. Mais il n’est pas toujours facile d’ajuster tout le lot pour le moment de la vente. Les écarts peuvent être importants entre les animaux. Certaines génisses sont beaucoup plus précoces et arrivent en état d’engraissement avant les 28 mois. »
« A leur arrivée chez moi, les broutardes suivent une phase d’adaptation de trois semaines au foin avec une introduction progressive d’ensilage de maïs. Le premier hiver, elles sont nourries sur une base de maïs (2-3 kg de MS), avec 1 kg de tourteau de soja et du foin à volonté. Vient ensuite le cycle de pâture qui dure jusqu’au mois de novembre. J’ai une douzaine d’hectares de prairies. L’herbe suffit, elles n’ont pas d’apport d’énergie et c’est là qu’on fait les meilleures croissances », souligne l’éleveur. « Le deuxième hiver, je les pousse pendant 4 mois avec une base de 7 kg d’ensilage de maïs, en complémentation avec du blé aplati et toujours du foin. »
30 ares par génisse
« J’estime que la race Blonde d’Aquitaine est parfaitement adaptée à un engraissement de génisses en cycle long, pour produire des carcasses lourdes sans gras », témoigne Jean-Michel Alory.
« La race Blonde d’Aquitaine est plus consommatrice de concentrés et de rations riches que la race Charolaise », ajoute Thierry Ofredo, « mais les animaux, sans déposer de graisse, finissent chez Jean-Michel Alory à des poids de 450-470 kg, ce qui est particulièrement performant. »
« La rentabilité de cet atelier tient à la conduite peu herbagère de l’exploitant », développe Thierry Ofredo. « Pour une surface de 12 à 13 ha de prairie, il engraisse 35 génisses, soit 30 ares par génisse. 80% de cette surface doit obligatoirement rester en herbe. Et sur les surfaces où il est possible de faire une autre culture, il valorise le meilleur compromis qu’il doit faire entre l’ensilage de maïs et l’herbe. Ainsi, s’il vient à manquer un peu de surface, l’éleveur donne soit un peu d’ensilage d’herbe, soit un peu de maïs. »
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