D’après une enquête conduite en 2017 par les chambres d’agriculture, la marge nette moyenne dégagée par les unités de méthanisation en cogénération s’élève à 48 €/MWh électrique livré. L’étude baptisée PROdige concernait trente installations (voie liquide, infiniment mélangé), dont huit collectives, dans six régions (1). Leur puissance allait de 35 à 900 kW électriques (dont 50 % entre 140 et 300 kW). La marge oscille en réalité entre 0 et 130 €/MWh selon les cas (quatre unités ont un résultat nul, voire négatif). Au final, 83 % des agriculteurs-méthaniseurs se disent quand même « assez » ou « tout à fait » satisfaits de leurs résultats économiques, ainsi que du temps de travail (540 heures par an, en moyenne, pour 100 kWé).
Arrêts de production fréquents
La variabilité de la marge s’explique par le niveau d’investissement, la productivité de l’outil et le coût des substrats. En matière d’investissement, la taille de l’unité a un effet important sur le coût au kilowatt électrique (en moyenne 5 700 €, subventions déduites). Toutefois, les auteurs de l’étude ont observé des différences importantes pour des unités de même puissance : 4 000 à 8 000 €/kWé par exemple pour des équipements de 150 à 250 kWh.
En moyenne, la durée de fonctionnement est de 8 167 h/an, soit 93 % du temps écoulé en une année. Et la productivité moyenne en électricité par rapport à la puissance maximale est de 87 %. Les arrêts de production de biogaz sont assez fréquents, avec 40 % des sites ayant connu douze jours d’arrêt en moyenne. Les raisons sont des problèmes mécaniques de brassage, ou des problèmes liés à l’effet d’un antibiotique ou d’une acidose sur les bactéries. Les soucis techniques au niveau du cogénérateur sont moins fréquents, mais entraînent quand même 4,5 jours d’arrêt par an en moyenne.
Hausse du prix des déchets
Du point de vue de l’alimentation des digesteurs, il s’agit pour 73 % du tonnage d’effluents d’élevage, 6 % de Cive ou résidus de cultures, 4 % de cultures dédiées et 17 % de matières non agricoles. À noter : ces dernières contribuent à 42 % au potentiel méthanogène. Le coût moyen des substrats est très différent selon les unités : de - 30 €/MWh (valeur négative grâce à la perception d’une redevance déchets) à 70 €/MWh. Et la tendance est à la hausse du prix des déchets, notamment pour les unités les plus récentes. Sachant que le remplacement par du végétal agricole est souvent plus coûteux, mais ce coût est sous-évalué sur les charges de structure.
Les unités étudiées ont été mises en service entre 2009 et 2016, le risque de panne et d’augmentation des charges d’entretien ira donc croissant avec les années. Il faut également tenir compte des « investissements oubliés » : capacités de stockage renforcées, création d’ateliers pour valoriser la chaleur, temps passé par l’exploitant avant la mise en service et pour l’autoconstruction.
Nathalie Tiers
(1) Auvergne Rhône-Alpes, Bretagne, Centre, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine.
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