
Dans le Morbihan, Lionel Annic a abandonné le labour en 2005. Depuis, il utilise un seul semoir, le Gaspardo Pronta, pour implanter toutes ses cultures : prairies, couverts, méteils, céréales, et même maïs qu’il sème à 18 cm d’écartement entre rangs.
«Simplifier au maximum les chantiers », telle est la devise de Lionel Annic, éleveur installé à Nostang (Morbihan). « Quand j’ai succédé à mon père en 1995, nous utilisions encore la charrue, se souvient-il. Chaque labour était suivi d’un ou deux passages de herse rotative, puis du semis. Une stratégie chronophage, sans parler de la consommation de carburant et de l’usure du matériel ! Petit à petit, j’ai remplacé le labour par plusieurs passages de déchaumeur afin de travailler le sol sur moins de profondeur. En 2005, plutôt que de renouveler mon tracteur de tête pour acheter un modèle plus puissant, j’ai changé de technique en optant pour un semoir adapté au travail simplifié ou au semis direct. »
L’éleveur choisit alors un DP Pronta de la marque Maschio-Gaspardo : un modèle à distribution mécanique de 3 m de largeur. De conception simple, cet équipement dispose d’un élément de semis encore proposé sur les différents modèles de la marque italienne. Il se compose d’un disque ouvreur adossé, d’un côté, à une roue de jauge, de l’autre, à un soc qui dépose la graine dans le sillon. Vient ensuite une roulette de tassement qui se règle de manière indépendante. Les éléments exercent une forte pression pour pénétrer dans le sol non travaillé.
Le semoir est aussi adapté pour passer sur un sol travaillé superficiellement, voire sur un labour. Ce matériel demande une puissance d’environ 30 à 40 ch par mètre de largeur. Quelques années après son premier achat, Lionel Annic remplace son semoir mécanique par une version équivalente à distribution pneumatique et double trémie.
« Je me suis formé au contact des autres »
Une fois équipé, l’agriculteur s’est mis en quête de références techniques. Ne trouvant personne pour le conseiller, il adhère au réseau Base (lire encadré) où il rencontre d’autres exploitants venant d’horizons très variés et tous motivés par le non-labour. « Je me suis formé aux TCS au contact des autres et j’ai aussi réalisé beaucoup d’essais par moi-même, poursuit-il. J’utilise ce semoir en direct pour implanter les céréales, les couverts ou les prairies, la plupart du temps sans aucun travail au préalable. Il me sert aussi pour semer le maïs, sans rien modifier avec un interrang de 18 cm. Jusqu’à présent, cela a toujours bien fonctionné. » La plupart du temps, le maïs est implanté après une prairie de ray-grass. Il préfère donc assurer une destruction mécanique du couvert en passant deux fois un déchaumeur à disques, équipé d’un rouleau lourd qui rappuie le sol. Le travail est superficiel sur seulement 3 ou 4 cm. Le but est de favoriser la reprise du ray-grass par un faux semis pour mieux le détruire. Ensuite, l’éleveur applique soit un passage de glyphosate à 0,8 l/ha entre le semis et la levée, soit le programme de désherbage traditionnel du maïs. « C’est ce que je pratique en théorie, précise-t-il. Dans la réalité, tout ne se passe pas toujours comme je voudrais. Cette année, par exemple, le mauvais temps du mois de mai m’a contraint à réaliser un troisième passage de déchaumeur car le ray-grass était trop vigoureux. J’ai décalé le semis et quand j’ai voulu traiter certaines parcelles au glyphosate, il était trop tard car le maïs était sorti. Cela m’a contraint à faire un rattrapage en post-levée. »
La solution du double couvert
Quant aux couverts, Lionel Annic a également essayé plusieurs mélanges et il continue encore d’en tester. Il s’oriente de plus en plus vers la solution du double couvert avec une première implantation, après moisson, d’un mélange de type Biomax (1) qui est détruit à l’automne. Il sème ensuite un autre mélange de méteils (avoine, triticale, pois, vesce) qu’il récolte en ensilage avant le semis du maïs. « C’est un investissement, mais ces deux couverts jouent chacun leur rôle protecteur à deux périodes différentes, ajoute-t-il. Ils améliorent la structure du sol et l’enrichissent pour la culture suivante. Aujourd’hui, j’ai des sols très portants. Pas question pour autant de récolter dans n’importe quelles conditions. J’attends toujours que le terrain soit correctement ressuyé avant d’ensiler le maïs. J’interdis aussi aux chauffeurs des remorques de circuler en biais dans la parcelle. Ils ont pour consigne d’aller jusqu’au bout et d’emprunter le même chemin en bordure de champ pour ne compacter qu’un seul passage. Désormais, je ne ferai plus machine arrière. Mon objectif est de limiter les intrants et le recours aux engrais chimiques sans aspirer pour autant à devenir bio. Je préfère rester en conventionnel, car pour le moment, je fais encore des erreurs et je veux conserver des solutions de rattrapage. »
(1) Biomax : Biomasse maximale. Mélange complexe de plusieurs espèces complémentaires occupant tout l’espace racinaire et aérien. Lionel utilise une base de légumineuse, souvent de la luzerne accompagnée de moutarde, phacélie, colza… Il choisit des espèces faciles à détruire mécaniquement.
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