
L’aromathérapie et l’homéopathie ne sont pas les plus appropriées pour doper l’immunité. Elles sont surtout curatives. La phytothérapie ouvre des perspectives.
L’objectif de réduire les antibiotiques remet au goût du jour les conduites préventives et le souci de booster la résistance des animaux aux infections. L’homéopathie, l’aromathérapie et la phytothérapie font-elles partie de cet arsenal préventif ? « La question est mal posée », estime Loïc Guiouillier, vétérinaire allopathe et homéopathe en Mayenne. Il est aussi membre du groupe « médecines complémentaires » (NDLR : aux antibiotiques) à la SNGTV. « Le risque est qu’elles soient perçues comme des recettes miracles et qu’elles n’incitent pas à réfléchir aux pratiques d’élevage. » Une démarche qui est pour lui inhérente au métier d’éleveur. Et le vétérinaire de poursuivre : « Qu’est-ce qu’une vache en bonne santé ? Elle ne souffre pas d’affections, fournit la production attendue et se reproduit bien. Pour s’en assurer, il faut être à son écoute et remettre en cause de façon permanente ses pratiques. »
Première condition : une alimentation bien conduite
Des apports en énergie et en azote bien calibrés au besoin de la vache sont évidemment le B.A.-ba de la conduite préventive, particulièrement en début de lactation. « La gestion du début de lactation et l’amaigrissement qui va avec sont déterminants pour la fragilisation ou non de l’animal. » La réduction de huit à cinq semaines de la période de tarissement des fortes productrices, des transitions alimentaires sans à-coups et l’écrêtement du pic de lactation font partie des leviers préventifs (lire aussi p. 34). « Si toutes ces conditions sont bien respectées, envisager de stimuler les fonctions immunitaires de l’animal est tout à fait pertinent », complète son collègue Loïc Jouët, vétérinaire en Ille-et-Vilaine qui a, à son arc, l’aromathérapie et la phytothérapie, en plus de la médecine classique.
Il pense d’abord à des apports en minéraux, oligoéléments et vitamines.
Minéraux, oligoéléments et vitamines pendant le tarissement
« En début de lactation, la vache a tendance à se déminéraliser sous l’effet de l’effort au vêlage et du lancement de la production. La fragilité la plus visible est la fièvre de lait, mais elle est la partie émergée de l’iceberg. Il faut veiller au tonus physique au sens large. Les minéraux, oligoéléments et vitamines sont en tête des leviers pour renforcer le squelette et l’immunité. La phase du tarissement est fondamentale. » Pour les minéraux, un apport en phosphore et calcium qui respecte les préconisations relatives à cette période participe à la prévention musculo-squelettique (contre les fractures, élongations, etc.).
Les oligoéléments, eux, interviennent dans la stimulation immunitaire. Le cuivre, le zinc et le sélénium renforcent l’efficacité des cellules de défense de l’organisme, tout comme le chlorure de magnésium sur lequel Loïc Jouët insiste. Avis partagé par Marie-Agnès Hardy qui en donne 100 g après le vêlage (ci-contre). Côté vitamines, on retient en particulier la E pour son effet antioxydant. Quelle place peuvent prendre l’aromathérapie et la phytothérapie dans toutes ces mesures préventives ? « La bibliographie relate des effets immunostimulants d’huiles essentielles et de plantes comme l’échinacée. Mais peu d’études sérieuses les démontrent en production animale », répond Loïc Jouët. Il milite pour des travaux de recherche qui soient scientifiquement validés. « Je doute souvent des effets de certains compléments lorsque l’on voit la faible concentration en plantes. » S’il le fait avec prudence, cela ne l’empêche pas de conseiller la phytothérapie en préventif. « On trouve dans les plantes les minéraux et les oligoéléments jugés intéressants. » Dans cette prévention phytothérapique, il pense en particulier à la silice qui constitue le squelette des végétaux. « L’ortie et la prêle séchées en sont riches. On en distribue 50 et 20 g/vache/jour au tarissement. »
L’homéopathie trouve sa voie
Il recommande rarement l’aromathérapie en prévention. Faute de validation suffisante, il réserve les huiles essentielles très concentrées en principes actifs aux traitements des maladies « En curatif, elles nécessitent une prescription vétérinaire, souligne-t-il. Attention aussi à la qualité des huiles utilisées. » Pour lui, l’immunostimulation de la vache tarie par des oligoéléments et vitamines est tout aussi valable pour le veau qui a besoin d’être soutenu, le temps de produire ses propres anticorps. « Par exemple, avec de l’huile de foie de morue et de la spiruline. » Quant à l’homéopathie, elle ne renforce pas l’immunité. Elle trouve son chemin entre le curatif et le préventif. Un remède est en effet prescrit après l’apparition de symptômes. « L’organisme est en déséquilibre. L’objectif est de lui donner une information qui lui permette de retrouver son équilibre. La réponse doit être rapide, en 24 heures », explique Loïc Guiouillier. Si le remède est adapté, en cas d’une nouvelle apparition des symptômes, il pourra être réutilisé mais uniquement sur l’animal concerné. L’intérêt est donc de conserver la prescription relative aux symptômes et à l’animal. Cela suppose d’être en constante observation des animaux. Et là, on est dans la prévention.
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