Filière laitière Les éleveurs s’impatientent de voir le prix du lait augmenter

En ce début 2013, les collecteurs ne semblent pas pressés de revaloriser le prix du lait payé aux éleveurs.

Si certains producteurs ont vu le prix de base stagner depuis le décrochage de septembre dernier, nombreux sont ceux qui ont constaté une nouvelle diminution significative sur leur facture de lait de décembre 2012. Comme certains éleveurs du Club prix du lait de web-agri, qui ont signalé des baisses de 5, 10 voire 15 €/1.000 l par rapport au mois précédent.

Pourtant, quand Sodiaal annonçait à ses coopérateurs, début septembre 2012, un recul sensible du prix du lait pour le reste de l’année, Baptiste Lelyon, économiste à l’Institut de l’élevage, lui, expliquait que les prix payés aux producteurs repartiraient à la hausse fin 2012 ou début 2013.

Chez les éleveurs, l’impatience aura d’autant plus ses limites que les marchés laitiers mondiaux sont orientés à la hausse depuis plus de six mois. Depuis juin voire mai 2012, les cotations du beurre, de la poudre de lait et de la poudre de lactosérum sont sur une pente croissante.

Et l’effet de ciseau que subissent les éleveurs, expliqué par Baptiste Lelyon lors du Space 2012, ne disparaîtra pas complètement d’un mois à l’autre. Car la remontée des prix sera progressive.

« Il faut 340 €/1.000 l »

Face à ces niveaux élevés de charges et à l’attentisme des laiteries, les syndicats commencent à réagir.

Après avoir revendiqué un prix du lait de 340 €/1.000 l dès janvier, la Fnpl a demandé aux entreprises laitières d’intégrer un indicateur de charges. Ce dernier se base sur le différentiel entre le prix du lait et les charges d’alimentation. Pour la branche laitière de la Fnsea, « il permet de calculer l’incidence de la hausse des charges subie par les éleveurs sur des produits laitiers comme le litre de lait Uht, les 200 g d’emmental râpé, ou sur les quatre pots de yaourts nature. »

Les syndicats minoritaires, de leur côté, réclament eux aussi une prise en compte des coûts de production. Mais la Confédération paysanne veut aller plus loin, et demande la réécriture du décret sur les OP, même si une dizaine d’OP sont désormais agréées par le ministère de l’Agriculture.

Les OP au cœur des enjeux 2013

Les organisations de producteurs, justement, sont au cœur des enjeux de la filière laitière en 2013. Car si certaines d’entre elles ont reçu le tampon du ministère de l’Agriculture, rien ne semble assuré quant à leur capacité à contrebalancer le rapport de force entre éleveurs et industriels.

Les négociations entre Bongrain et les représentants de ses OP semblent en témoigner. Ces derniers ont renvendiqué avoir obtenu une revalorisation de 15 €/1.000 l en janvier et février, puis de 5 €/1.000 l en mars.

Mais il ne s’agit que d’une « avance de trésorerie » qui « sera à rembourser sur la période de juin à novembre prochain ». Or il apparaît difficile de dire si, dans cette période à venir, le rapport entre le prix payé aux producteurs et le niveau de leurs charges d’exploitation sera plus favorable qu’en ce début 2013.

Reste que, si les éleveurs ne doutent pas beaucoup que leurs charges resteront, en 2013, à un niveau élevé, le prix du lait pour cette année fait débat.